Former aux compétences de santé de demain : l’exemple de l’école d’e-santé de Lyon
Quelles sont les nouvelles approches pour former aux compétences de demain en santé ? Réponse au travers de l’exemple de l’école d’e-santé de Lyon, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt Compétences et métiers d’avenir, partagée lors du dernier webinaire de Campus Matin. Une initiative qui vise à rendre la formation en santé accessible à tous grâce au numérique.
Cycle : Campus Matin
« L’École d’e-santé de Lyon est le onzième projet Compétences et métiers d’avenir porté par l’Université Claude Bernard Lyon 1, très active dans le domaine de la transformation des parcours de formations afin d’être plus en prise avec les besoins des territoires et le développement du numérique, introduit Philippe Malbos, directeur scientifique du Demoes Include porté par l’Université Lyon 1, doté de sept millions d’euros en octobre 2021. L’école est structurée en laboratoires d’innovation pédagogique pour une offre de formation - initiale comme continue - et des dispositifs avec un large éventail : paramédical, médico-social et santé. »
Autre innovation, l’école d’e-santé intègre une cellule grand public pour informer les citoyens qui peuvent ainsi échanger avec les professionnels.
Surfer sur le tsunami technologique

« Cette école arrive à point nommé, avec un champ des possibles important à défricher, estime Delphine Maucort-Boulch, professeure d’université-praticienne hospitalière et responsable de l’école d’e-santé de l’Université Lyon 1. Elle vise à permettre à tous les professionnels impliqués dans la e-formation d’accompagner la transformation que nous connaissons aujourd’hui. » Le défi est de préparer aux nouveaux environnements de travail, aux changements de pratiques, mais aussi à la prise en charge des patients.
Des référentiels se mettent en place au niveau national autour des écoles lauréates pour se préparer aux nouveaux enjeux dans les disciplines de santé. Il semble dès lors indispensable de basculer vers le numérique, car « nous sommes dans un tsunami technologique », insiste Philippe Paparel, doyen de la faculté de médecine et de maïeutique Lyon Sud de l’Université Claude Bernard Lyon 1.
Et pour cela, il est fondamental de faire avancer tous les acteurs simultanément. « Il n’est pas possible d’avoir des soignants maîtrisant l’IA, les datas, les outils connectés ou le digital, à côté de patients qui ne comprennent pas tout. D’où l’intérêt d’avoir ouvert cette école d’e-santé au grand public de manière transdisciplinaire. »
Les évolutions concernent plusieurs niveaux de la pratique. « Désormais, on essaie de prévenir les problèmes et de soigner à domicile avec des outils connectés, des dispositifs de surveillance, car dans les années à venir, la médecine ne se fera plus à l’hôpital sur beaucoup d’aspects. La ville et le centre hospitalier doivent s’organiser autour du lieu de résidence. Il s’agit donc de faire en sorte que les patients restent en lien avec les soignants grâce à la technologie. » Dans ce domaine, les participants ont noté l’explosion du nombre de start-up qui adressent ces nouveaux enjeux liés aux outils connectés et aux nouvelles relations entre professionnels et malades.
Le numérique s’impose aujourd’hui au cœur de la chaîne de valeur de la santé, depuis la collecte de données auprès des patients jusqu’à leur traitement, afin de les rendre intelligibles. « Il y a un enjeu lié à l’évolution globale des parties prenantes par rapport au numérique et à la donnée », ajoute Delphine Maucort-Boulch.
Des outils numériques en appui, derrière le praticien

Le praticien reste pour autant le chef d’orchestre et ne doit surtout pas se retrancher derrière la technologie. « Le numérique est une aide pour redonner du temps aux soignants, du temps d’échange ou de discussion. Prenons l’exemple des logiciels qui permettent d’enregistrer et de restituer les discussions avec les patients. Les soignants ne sont plus le nez sur l’ordinateur à écouter d’une oreille leur patient », explique Philippe Paparel.
Ces outils ne sont pas une fin en soi, mais doivent être envisagés comme des leviers. Les professionnels doivent en être les pilotes. « Prenons l’exemple de l’IA : il n’y a pas d’intelligence, mais des capacités incroyables à traiter des données massives, donc un gain de temps important au service des professionnels », commente Delphine Maucort-Boulch.
Tous ces changements impactent les pratiques, la formation, et nécessitent de repenser l’organisation avant même de déployer de nouvelles solutions, que ce soit pour les structures ou les parcours de soins. L’enjeu final ? La montée en compétences des professionnels autour de la donnée.
Souveraineté des données

« La problématique de souveraineté fait notre spécificité, puisque nous adressons de nouveaux métiers autour de la donnée en santé, avec des acteurs reconnus dans ce domaine. Nous contribuons à construire une nouvelle chaîne de valeur, avec de nouveaux métiers, en utilisant des données recyclées ou synthétiques, qui permettent par exemple de simuler des cohortes », analyse Philippe Malbos.
Il ajoute : « Dans un monde en pleine mutation, où se posent ces questions, notre capacité à répondre aux nouvelles crises est fondamentale. »
À cet égard, les enseignements doivent eux aussi évoluer. « Les formations, quelles qu’elles soient, se feront désormais via le numérique », conclut Philippe Paparel.