Comment soutenir et réengager les étudiants durant leurs parcours universitaires ?

Un nombre significatif d’étudiants subissent des obstacles dans leur parcours universitaire. Ces problèmes ont été exacerbés par la crise sanitaire en raison des nombreux confinements qui leur ont été imposés. Pour pallier ces difficultés, les universités ont pour mission de continuer à soutenir et à réengager les étudiants. Telle était la thématique du webinaire organisé le 17 octobre par Campus Matin et son partenaire Ready Education.

Cycle : Campus Matin

Pression académique, isolement social, décrochage scolaire, santé mentale, les étudiants sont soumis à rude épreuve dans leur scolarité universitaire, a fortiori au sortir de la crise sanitaire. 

« Le Covid 19 a accentué le phénomène, mais les problématiques de difficultés sociales des étudiants remontent à une dizaine d’années environ. Ces sujets n’étaient guère évoqués dans le débat public », précise Louis Schweblin, responsable commercial de Ready Education, leader mondial des plateformes mobiles d’engagement étudiant.

Selon Laurent Bordet, vice-président, vie des campus de l’Université d’Angers, les phénomènes de précarité étudiante (matérielle, mentale) avaient déjà été mis en lumière en novembre 2019 lorsqu’un étudiant s’immola par le feu devant un bâtiment du Crous à Lyon afin de dénoncer la précarité étudiante.

« Outre la précarité alimentaire et l’extrême difficulté à se loger dans les grandes métropoles, la crise Covid a souligné également une forme de précarité numérique que l’on ne soupçonnait pas. En avril 2020, pendant le premier confinement, notre université avait adressé un SMS à l’ensemble des étudiants pour prendre de leurs nouvelles. Sur les 6 000 réponses reçues, 800 déploraient un moral défaillant », souligne-t-il. 

L'épicerie solidaire

Fanny Lucien Duhart est directrice de l’expérience étudiante du Pôle Léonard de Vinci. - © D.R.
Fanny Lucien Duhart est directrice de l’expérience étudiante du Pôle Léonard de Vinci. - © D.R.

Sur le campus de l’Institut Léonard de Vinci, en région parisienne, le phénomène de la précarité étudiante a éclaté de manière spectaculaire pendant la crise sanitaire.

« Nous avons été contraints de créer une épicerie solidaire sur le campus à destination de nos étudiants », rappelle Fanny Lucien Duhart, directrice de l’expérience étudiante du Pôle Léonard de Vinci.

Vice-président stratégie numérique et pilotage à l’Université Claude Bernard de Lyon, Philippe Malbos souligne, de son côté, la pertinence du projet « Include » que son organisation de 47 000 étudiants déploie depuis quelques années. L’objectif : favoriser l’égalité des chances en offrant des cursus personnalisés, mieux adaptés à la diversité des publics d’apprenants en « transcendant les barrières spatiales, temporelles et cognitives ».

« Avec Include, nous avons pu expérimenter, notamment pendant la crise sanitaire, des dispositifs pertinents à l’attention de nos étudiants dans le besoin, sur des sujets comme l’accessibilité ou encore la santé mentale des étudiants. Notre objectif est de fonder une université de plus en plus inclusive », affirme-t-il.

La contribution à la vie étudiante et de campus

Laurent Bordet est vice-président vie des campus de l’Université d’Angers. - © Université d’Angers
Laurent Bordet est vice-président vie des campus de l’Université d’Angers. - © Université d’Angers

Créée par la loi ORE relative à l’orientation et la réussite des étudiants en 2018, la Contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) est une somme dont les étudiants doivent s’acquitter en début d’année universitaire afin de « favoriser l’accueil et l’accompagnement social, sanitaire, culturel et sportif des étudiants ». À la rentrée 2023, son montant s'élevait à 100 euros.

De quelle manière les universités utilisent-elles cette ressource financière destinée à améliorer la prise en charge des étudiants ?

« Le dispositif est très utile pour responsabiliser les établissements d’enseignement supérieur à ces enjeux de vie étudiante. L’enjeu est de faire participer les étudiants et les organisations qui les représentent à la répartition et à la gestion de cette somme qui a pour objectif d’améliorer leur bien-être », pointe Laurent Bordet.

Philipe Malbos est vice-président stratégie numérique et pilotage de l’Université Claude Bernard Lyon 1. - © Université Lyon 1
Philipe Malbos est vice-président stratégie numérique et pilotage de l’Université Claude Bernard Lyon 1. - © Université Lyon 1

L'équilibre entre présentiel et distanciel

Comment se connecter, dialoguer et échanger au mieux avec les étudiants ? Utiliser des outils numériques, se réapproprier des temps présentiels, mixer les deux approches ? « À l’issue du Covid, nous nous sommes tous réjouis de revoir les étudiants sur les campus et voir ainsi renaître la vie étudiante. Il est impératif d’adopter des stratégies hybrides - formats présentiels et distanciels - sur le plan pédagogique », assure Laurent Bordet.

De son côté, Philippe Malbos avertit : « Attention de ne pas négliger les problématiques géographiques et d’éloignement. Une étude récente a montré qu’un lycéen sur deux s’autocensurait dans son projet d’entamer des études supérieures en raison de l’éloignement géographique. »

Être à l'écoute des étudiants

Les universités doivent se montrer, plus que jamais, à l’écoute de leurs étudiants et de leurs préoccupations. « Dans notre institut, nous avons mis en place une plateforme d’écoute psychologique disponible 24/24h animée par un prestataire extérieur. Les étudiants peuvent également signaler des agressions sexuelles sur le campus. Les 60 associations que compte le campus sont autant de relais pour nous signaler les étudiants isolés ou en détresse », note Fanny Lucien Duhart.

 Louis Schweblin est responsable commercial de l’entreprise edtech Ready Education. - © D.R.
Louis Schweblin est responsable commercial de l’entreprise edtech Ready Education. - © D.R.

Un élément souligné par Louis Schweblin. « Plus un étudiant sera impliqué dans la vie associative, comme le sport ou la culture, plus il pourra s’exprimer et éventuellement signaler ses difficultés. » Afin que les dispositifs à destination des étudiants les plus nécessiteux soient les plus efficaces possibles, il convient de mieux connaître ces derniers, à travers , par exemple, des questionnaires.

« Difficile de déterminer précisément les taux de précarité parmi les étudiants. Ce public est souvent invisibilisé et difficile à atteindre en termes de communication », regrette Laurent Bordet.

« Il est important de recueillir des données sur les étudiants, notamment sur un plan médical, sur le plan de la santé mentale, afin de délivrer les réponses les plus appropriées », conclut Fanny Lucien Duhart.