Vie des campus

Phobie administrative, non-recours aux aides : Klaro veut guider vos étudiants

Par Isabelle Cormaty | Le | Expérience étudiante

Permettre à chacun de connaître en quelques clics les aides auxquelles il peut prétendre et lui détailler les démarches administratives. Voici le défi de la société à mission Klaro. Une vingtaine d’établissements du supérieur fournissent cette plateforme à leurs étudiants pour lutter contre le non-recours aux aides. Explications.

Une vingtaine d’établissements du supérieur utilisent la plateforme Klaro. - © Tim Gouw (Unsplash)
Une vingtaine d’établissements du supérieur utilisent la plateforme Klaro. - © Tim Gouw (Unsplash)

Près de 25 % des jeunes ne demandent pas les aides sociales auxquelles ils ont pourtant droit, d’après une étude de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, publiée en 2022. Et ce, alors même que la précarité touche de plus en plus d’étudiants depuis la crise sanitaire et l’inflation. 

Les causes du non-recours aux aides sont nombreuses. « Les étudiants connaissent les bourses du Crous, mais ils ne savent pas toujours qu’ils ont droit à des aides de leur région ou de leur ville pour financer un déménagement, l’achat d’un vélo ou leur abonnement de transport. Et certains étudiants savent qu’ils sont éligibles à des aides, mais ne les demandent pas, car ils pensent que les démarches sont trop compliquées », analyse Cyprien Boutard-Geze, le cofondateur de la société à mission Klaro.  

« La population étudiante est à la fois très précaire et particulièrement sujette à la phobie administrative », résume le chef d’entreprise qui a créé en 2019 la plateforme alors baptisée Toutes mes aides. 

Après une levée de fonds de 3 millions d’euros en septembre 2022, la start-up change de nom et devient Klaro. Son but : identifier pour chaque utilisateur les aides auxquelles il peut prétendre et l’accompagner dans les formalités administratives pour lui simplifier les démarches.  

Lutter contre le non-recours aux aides 

D’abord intitulée Toutes mes aides à sa création, la plateforme a changé de nom en 2022. - © Klaro
D’abord intitulée Toutes mes aides à sa création, la plateforme a changé de nom en 2022. - © Klaro

Une vingtaine d’établissements du supérieur proposent ce service à leurs étudiants, comme l’Université Paris-Saclay depuis 2021. « En sortie de crise sanitaire, nous réfléchissions aux moyens de lutter contre le non-recours aux aides. Nos étudiants connaissent mal l’offre de services de l’université, les aides auxquelles ils peuvent prétendre en fonction de leur situation : le logement, les bourses, la culture, les aides sociales… », retrace Hervé Rivières, directeur de la direction vie étudiante et égalité des chances de l’établissement. 

« Nous avons été confrontés à cette méconnaissance des étudiants et à la difficulté de les orienter sur toutes aides en fonction de leur situation », poursuit-il. L’université se rapproche alors de Klaro et participe à l’adaptation de l’outil pour les établissements du supérieur.

Elle finance cela via les dotations ministérielles de l’appel à projets « Intégration et développement des Idex et des I-site », remporté en 2020. 

Comment fonctionne l’outil ? 

Sur Klaro, chaque utilisateur renseigne ses informations personnelles et fait un choix des aides par domaine. Puis, la plateforme lui indique les aides auxquelles il a droit.  

« Nous détaillons étape par étape comment remplir les formulaires, où trouver les documents justificatifs. Nous gardons à jour la situation des utilisateurs pour les aider à renouveler leurs demandes et les informer si une nouvelle aide est disponible », précise le cofondateur de l’entreprise d’une trentaine de salariés.

Plus de 1 500 aides locales ou nationales sont référencées sur Klaro. Les aides des établissements composantes de l’Université Paris-Saclay figurent également sur la plateforme.

Un service gratuit pour les utilisateurs 

Cyprien Boutard Geze est le cofondateur de la société à mission Klaro. - © Klaro
Cyprien Boutard Geze est le cofondateur de la société à mission Klaro. - © Klaro

Pour les utilisateurs de la plateforme, le service est gratuit. « Toutes leurs données sont confidentielles. Pour financer Klaro, nous vendons des abonnements à des établissements du supérieur, des bailleurs sociaux et des entreprises. Nous visons tous les organismes qui accompagnent leur population sur les sujets de pouvoir d’achat », détaille Cyprien Boutard-Geze.  

Société à mission, l’entreprise a mis en place des abonnements différenciés pour ses clients. Les entreprises paient donc plus cher que les universités.

« Nous avons le plus d’impact en ciblant les étudiants. Nous ajustons nos tarifs pour que les établissements du supérieur puissent aux aussi proposer Klaro à leurs étudiants », ajoute-t-il.

Une plateforme complémentaire aux actions des établissements 

Magalie Bara est directrice de l’administration pédagogique, QSE et vie étudiante du campus Sciences-U Lyon, une branche du réseau GES. Pour elle, la plateforme Klaro vient compléter les différents dispositifs dédiés à la vie étudiante déjà proposés par l’établissement. « Nous informons les étudiants sur les aides au permis, nous avons mis en place un frigo solidaire et des partenariats pour l’aide alimentaire… Klaro est un outil en plus. Plus nous multiplions les faisceaux, plus les étudiants ont la possibilité d’être aidés », explique-t-elle. 

Hervé Rivières est à la tête de la direction vie étudiante et égalité des chances de l’Université Paris-Saclay. - © Christophe Peus
Hervé Rivières est à la tête de la direction vie étudiante et égalité des chances de l’Université Paris-Saclay. - © Christophe Peus

L’an dernier, les étudiants de son établissement ont obtenu en moyenne 200 euros d’aides identifiées par la plateforme. Si les données des utilisateurs sont confidentielles, Klaro envoie une synthèse anonymisée à ses clients pour leur présenter les plus demandées et les étapes pour obtenir les aides.

« Cela nous permet d’identifier les sujets de préoccupation des étudiants et d’ajuster notre offre de service en conséquence », réagit Hervé Rivières. 

À Saclay, « sur les quatre aides qui ressortent le plus des simulations, deux ne sont pas connues des étudiants. L’outil ne s’adresse pas seulement aux étudiants précaires, mais à tous les profils d’étudiants, car la plateforme identifie tous types d’aides, que ce soit pour le sport, les loisirs, les aides tremplins, le handicap… », poursuit-il. 

Au campus Sciences-U Lyon, le bonus écologique, le passe culture et le chèque énergie font partie des aides dont ont le plus bénéficié les étudiants. 

La communication, clé d’un déploiement réussi 

Comme pour le recours aux aides, la communication est déterminante dans le déploiement de la plateforme auprès des étudiants de ses établissements clients. « Nous nous adaptons à la structure de chaque école pour atteindre le plus d’étudiants possible. Nous pouvons ajouter un lien vers la plateforme sur l’intranet des établissements, faire des campagnes par mail, de l’affichage sur les campus. Nous travaillons avec les services vie étudiante et parfois avec les associations étudiantes », détaille Cyprien Boutard-Geze. 

Magalie Bara est directrice de l’administration pédagogique et de la vie étudiante du campus Sciences-U de Lyon. - © D.R.
Magalie Bara est directrice de l’administration pédagogique et de la vie étudiante du campus Sciences-U de Lyon. - © D.R.

À Sciences-U Lyon, « les enquêtes de satisfaction montrent que les étudiants connaissent et utilisent la plateforme, précise Magalie Bara. Nous arrivons à les atteindre par la répétition. Nous présentons Klaro lors de la rentrée, par mail, sur les réseaux sociaux… » 

Même stratégie à l’Université Paris-Saclay qui va également proposer des webinaires communs avec Klaro pour mettre en avant certaines aides spécifiques, notamment les aides de rentrée. « Dès qu’un étudiant est en contact avec un service d’accueil au sein de l’université, il lui est conseillé de créer son compte sur Klaro », souligne Hervé Rivières.  

En forte croissance, Klaro compte à ce jour 120 organisations abonnées (toutes institutions confondues) et 140 000 utilisateurs. « Nous multiplions la taille de l’entreprise par deux tous les ans », note le fondateur de la plateforme.