[Replay] Motivation et engagement : comment stimuler l’autonomie des étudiants ?

Alors que le distanciel nécessite une grande autonomie des étudiants, comment maintenir éveillé leur intérêt ? Comment leur donner envie de passer des heures à approfondir certaines notions ?

C’est notamment pour répondre à ces questions que Campus Matin et son partenaire Wooflash, ont organisé un webinaire le 18 mars dernier. En voici les principaux enseignements.

Cycle : Campus Matin

Au cœur de la crise, le sup’ se questionne sur l’efficacité de la pédagogie

Avec la crise sanitaire et le passage au distanciel, les établissements sont montés en puissance dans leur maîtrise du numérique et se sont dotés d’outils. Mais « au-delà des outils à proprement parler, on voit un retour à des considérations d’ordre plus pédagogique », remarque Arlène Botokro, responsable grands comptes chez Wooflash.

Arlène Botokro est responsable grands comptes  chez Wooflash - © D.R.
Arlène Botokro est responsable grands comptes chez Wooflash - © D.R.

On note notamment des recrutements d’ordre pédagogique et une préoccupation grandissante de l’état des étudiants. 

« Où ils en sont aujourd’hui ? Comment fait-on pour que les étudiants soient autonomes, mais pas livrés à eux-mêmes ? », telles sont les questions des établissements de l’enseignement supérieur, soulevées par Arlène Botokro.

« On n’a jamais autant pris au sérieux les conditions d’apprentissage des étudiants, on ne fera plus jamais cours comme avant, de manière magistrale. Désormais, l’enseignant se met à la place de l’apprenant, il conçoit des parcours d’apprentissage », acquiesce Eloïse Capet, directrice adjointe innovations et transformations pédagogiques à l’Université Paris Dauphine.

Un apprentissage perturbé par le distanciel

Pablo Ortega Deballon, professeur de médecine à l’Université de Bourgogne a observé trois effets de la crise sur l’apprentissage.

  • Les messages de l’enseignant sont davantage noyés dans la masse : « L’étudiant n’a pas les armes pour hiérarchiser les informations, il faut l’aider à faire cette digestion des messages. »

    Pablo Ortega Deballon est professeur de médecine à l’Université de Bourgogne - © D.R.
    Pablo Ortega Deballon est professeur de médecine à l’Université de Bourgogne - © D.R.

  • L’articulation des matières entre elles peut être problématique avec le distanciel : « Il faut se préoccuper de l’étudiant après 8 heures de cours dans la journée. »
  • Faire la synthèse des acquis dans chaque matière devient plus complexe : « Il est important d’aider l’étudiant dans la mise en ordre de toutes les informations qu’il reçoit », identifie le professeur qui propose de courts tests, via la plateforme pédagogique Wooflash, de façon à pointer l’essentiel des notions enseignées.

Pour y remédier, il s’agit notamment de continuer à stimuler l’étudiant. « Wooflash vient comme un maillon supplémentaire entre les cours et les examens », explique Arlène Botokro. En effet, cette plateforme de révision intelligente, fondée sur les sciences cognitives, permet de créer des parcours de révision personnalisés (vous pouvez la tester).

Stimuler l’autonomie par la motivation d’une récompense

Pour favoriser l’apprentissage, « l’autonomie peut rester le maître-mot, mais il faut la maitriser : c’est une autonomie qui doit être guidée et appâtée », estime Pablo Ortega Deballon.

« Les seuls facteurs qui poussent l’étudiant à se mettre au travail en distanciel sont un haut sens des responsabilités ou le stress de l’examen », observe-t-il.

C’est pourquoi l’enseignant recommande de développer la motivation par un système de récompense. À cet effet, il dédie 25 % de sa note finale à la participation. Pour obtenir des points bonus, l’étudiant devra remplir des questionnaires, participer à des défis. « J’ai également utilisé mes quelques crédits pédagogiques pour acheter un livre spécialisé que j’ai fait gagner, ajoute-t-il. Il faut stimuler l’autonomie par quelque chose de positif ! »

L’engagement : une notion « pratique » quand « l’autonomie seule ne suffit plus » 

Eloise Capet est directrice adjointe innovations et transformations pédagogiques à l’Université Paris Dauphine - © D.R.
Eloise Capet est directrice adjointe innovations et transformations pédagogiques à l’Université Paris Dauphine - © D.R.

 « La notion d’autonomie seule ne suffit plus, défend Eloise Capet. Il faut s’intéresser à la notion d’engagement, pour ne plus avoir des étudiants qui décrochent et qui souffrent. »

Un avis que partage Caroline O’Neill, ingénieure pédagogique à Excelia  : « La notion d’engagement qui est une notion pratique. Les sciences de l’éducation sont principalement basées sur les théories de la motivation, et il est compliqué de s’y retrouver. L’avantage de parler de l’engagement, c’est qu’il s’agit d’une notion assez pratique et praticable. On peut donner aux enseignants des clés faciles à évaluer : présence, recherche d’aide, etc. ».

Pour engendrer l’engagement, il s’agit « de créer de l’intérêt, un but, définit Caroline O’Neill. L’idée c’est qu’on ne peut pas avoir envie de faire quelque chose si nous n’avons pas été décideurs que c’était important pour nous ».

Ainsi, elle recommande de créer un alignement entre ce qui est proposé aux étudiants, en termes de contenu d’apprentissage, et ce que cela va leur apporter au long terme, pendant leur carrière. « Il faut qu’on ait leur adhésion, explique l’ingénieure pédagogique. Pour cela, on va avoir une discussion ensemble. »

Avant tout, proposer un environnement « capacitant »

Caroline O’Neill est ingénieure pédagogique à Excelia - © D.R.
Caroline O’Neill est ingénieure pédagogique à Excelia - © D.R.

Malgré ces possibilités pour attiser l’intérêt des étudiants, Caroline O’Neill est ferme : « Si on pense qu’on peut rendre les étudiants autonomes, on se trompe. »

« Rendre l’étudiant autonome c’est un peu antinomique, explicite-t-elle. L’autonomie consiste en des ressources internes. »

En revanche, l’établissement doit chercher à proposer « des environnements capacitants », qui laissent la place à l’étudiant d’être autonomes.

« Il y a malentendu entre ce que perçoivent les enseignants et les étudiants : quels sont les outils que l’enseignant doit mettre en place ? et les étudiants comment comprennent-ils qu’ils sont dans une posture d’autonomie ? Il faut réussir à faire une balance entre ces deux choses », résume Caroline O’Neill.