Mobilité internationale : la France attire plus d’étudiants mais moins de doctorants
Où en est l’objectif d’accueillir un demi-million d’étudiants étrangers en 2027 fixé par le président Emmanuel Macron dans le cadre de la stratégie Bienvenue en France ? En bonne voie, avec une augmentation du nombre d’étudiants étrangers accueillis en 2023-2024 (+ 4 %), principalement grâce aux arrivées d’Afrique subsaharienne (+ 34 % en cinq ans). Pour autant, la France ne se maintient pas dans le classement des pays accueillant le plus d’étudiants et perd un rang (7e). Du côté des doctorants, c’est l’inverse : le rang se maintient (4e), mais l’accueil est en perte de vitesse depuis 2018 (-12 %).

Le chiffre : + 4 % d’étudiants étrangers
En 2023-2024, le nombre d’étudiants étrangers en France a augmenté de 4,5 % par rapport à l’année universitaire précédente. Au total, 430 000 étudiants étrangers sont accueillis en France, « un nombre cohérent avec l’objectif de la stratégie Bienvenue en France (qui vise 500 000 étudiants accueillis en 2027) », d’après Campus France dans ses chiffres clés sur la mobilité étudiante dans le monde, publiés le 20 mai 2025.
Le pourcentage d’étudiants étrangers reste stable, représentant 14 % de la population étudiante en France. Pour autant, dans un contexte international concurrentiel, la France passe du 6e au 7e rang des pays d’accueil, entre le Canada et la Turquie, la Russie étant repassée au 5e rang. L’Allemagne qui était au 5e rang est désormais 3e.
-12 % de doctorants accueillis
L’accueil des doctorants étrangers en France enregistre une baisse de 12 % en cinq ans. Ils étaient 20 100 en 2023-2024, soit 37 % des doctorants en France. L’Hexagone reste cependant le quatrième pays d’accueil mondial des doctorants en mobilité.
En moyenne, 9 % des étudiants en mobilité internationale sont des doctorants, dans les 38 pays de l’OCDE et les cinq pays associés participant à la collecte de données UOE3 (Brésil, Bulgarie, Croatie, Pérou et Roumanie).

L’accueil reste concentré sur un petit nombre de pays de tradition scientifique ancienne : les États-Unis se trouvent largement en tête (31 % du total des doctorants mobiles en 2022), suivis par le Royaume-Uni (11 %), l’Allemagne (7 %) et la France (6 %). L’Union européenne, avec 152 500 doctorants accueillis, devance les États-Unis et connaît une augmentation de 28 % du nombre de doctorants internationaux sur cinq ans.
La croissance du nombre de doctorants internationaux est, parmi les dix principaux pays d’accueil, la plus forte en Corée du Sud (+ 131 % en cinq ans), un pays disposant d’un très fort taux d’investissement en R&D. Elle est également notable en Espagne (+ 53 %), une destination recherchée notamment par les doctorants sud-américains.
La stratégie Bienvenue en France fragilisée par l’instabilité géopolitique
Le contexte mondial et français a beaucoup évolué depuis l’instauration de la stratégie Bienvenue en France. « Fixé dans un monde où l’attractivité relevait de l’évidence, cet objectif sera atteint dans un environnement marqué par l’instabilité géopolitique, où les questions d’immigration prennent bien souvent le pas sur les enjeux d’attractivité », expose Donatienne Hissard, directrice générale de Campus France.
L’Europe peut constituer un point d’ancrage : « Première région d’accueil des étudiants mobiles dans le monde, mais aussi première zone où sont réalisés des doctorats dans le monde, nous pouvons nous appuyer sur l’interconnexion et la convergence de nos systèmes, issue du processus de Bologne ainsi que sur les universités européennes, pour défendre une vision commune de l’éducation et de la science et de leur rôle central dans nos sociétés ».
Les principaux pays d’accueil des étudiants et doctorants étrangers
Les principaux pays d’origine des étudiants étrangers en France en 2023-2024 sont inchangés : Maroc, Algérie, Chine, Italie et Sénégal. Côté doctorants internationaux, le top 5 est différent mais quatre pays sont identiques : la Chine est suivie de l’Italie, du Liban, du Maroc et de l’Algérie.
Ce sont avant tout les étudiants d’origine subsaharienne (+ 34 % en cinq ans) et européenne (+ 21 %) qui permettent de rester en ligne avec l’objectif de Campus France.
« Mais dans un certain nombre de pays francophones, dont la mobilité est pour une large part tournée vers la France, celle-ci se trouve en concurrence forte avec des pays comme le Canada et l’Allemagne, notamment pour les sciences fondamentales », note l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur.
Les écoles commencent à concurrencer les universités

Les universités accueillent la majorité des étudiants étrangers en France (63 % en 2023-2024, -1 point) mais cette part s’érode tandis que les écoles de commerce gagnent du terrain (15 %, + 1 point), suivies des écoles d’ingénieurs (8 %, + 1 point).
Les doctorants internationaux sont très majoritairement inscrits dans les universités (79 %), mais 10 % d’entre eux suivent une formation doctorale dans une école d’ingénieur, 7 % dans les autres établissements (incluant instituts d’études politiques, écoles normales supérieures, Inalco et quelques grands établissements), 2 % dans les écoles d’art et d’architecture et 1 % dans les écoles de commerce.
Seules les écoles d’ingénieurs voient le nombre de doctorants étrangers progresser légèrement entre 2018 et 2023 (+ 1 %).
Moins de visas délivrés en 2024
Campus France note qu’en 2024, le nombre de visas délivrés pour études a légèrement diminué par rapport à l’année précédente (-2 %), après deux années de croissance consécutives à la crise sanitaire.
« Celui-ci décline pour les étudiants originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (-10 %), tandis qu’il est relativement stable pour les autres régions du monde. L’Afrique du Nord Moyen-Orient connaît ainsi une deuxième baisse consécutive du nombre de visas délivrés depuis la région, après une première diminution de 7 % entre 2022 et 2023. »
Le nombre de visas délivrés pour les pays d’Asie et d’Océanie, qui avait connu la croissance interannuelle la plus importante entre 2022 et 2023 (+ 21 %), en reprise après la crise sanitaire, continue de croître entre 2023 et 2024 de 3 %, avec la Chine et l’Inde, premiers contingents.
La France, septième pays avec le plus de mobilité sortante
Près de 114 000 étudiants français se sont rendus à l’étranger dans le cadre d’une mobilité diplômante en 2022. La France est ainsi le 7e pays d’origine des étudiants mobiles dans le monde.
Les trois premières destinations des étudiants français sont la Belgique, le Canada et la Suisse, et plus largement une présence importante de pays francophones ou limitrophes. « La mobilité dans le cadre européen est par ailleurs notable, les pays de l’Union européenne accueillant 53 % des étudiants français en mobilité », note Campus France.