[Replay] Faire de la vidéo le complément de vos séquences pédagogiques

Ces dernières années, les établissements d’enseignement supérieur ont considérablement enrichi et diversifié leur offre de contenus de formation multimédias. Quelles sont les bonnes pratiques pour accompagner au mieux les enseignants et mettre en œuvre une stratégie de production audiovisuelle ?

Cycle : Campus Matin

Dans un contexte d’hybridation croissante des enseignements, la boîte à outils des établissements du supérieur s’est considérablement enrichie, en particulier depuis le début de la décennie 2020. Au sein de la palette des contenus multimédias, on compte principalement les vidéos simples, où l’enseignant, face caméra, délivre son cours, en totale autonomie.

« Un format qui marche bien, car ne nécessitant aucune technique ou production vidéo », commente Solaine Reynaud, responsable de l’équipe vidéo en charge des formations à l’Université Claude Bernard Lyon 1, lors du webinaire organisé par Campus Matin et son partenaire Ubicast, le 4 avril.

Un modèle de plus en plus concurrencé par les vidéos enrichies (montage, animations, chapitres, mais aussi contenus interactifs avec les quiz, commentaires, pièces jointes temporalisées…). « Celles-ci recouvrent des contenus de tous types : jeux de rôles, interviews d’experts, réalité immersive, etc., précise Solaine Reynaud. Mais elles nécessitent une réalisation de type audiovisuel. » Et l’accompagnement d’une équipe d’ingénieurs pédagogiques.

Autre type de ressources, qui connaît actuellement un vif regain de popularité : le podcast. « Celui-ci ne s’écoute pas sur les mêmes temps que la vidéo, mais en déambulation associée à d’autres activités, indique Solaine Reynaud. De ce fait, on peut prévoir des formats moyens beaucoup plus longs, jusqu’à 60 minutes. »

Des outils qui cumulent les atouts pour les étudiants

« Les études montrent que les vidéos sont plébiscitées par 80 à 90 % des étudiants », indique Jean-Marie Cognet, CEO et co-fondateur d’Ubicast. Ces supports présentent en effet de nombreux atouts. 

Facilitation de la restitution des connaissances

 Haithem Marzouki est directeur de la pédagogie et de l’innovation de Neoma business school. - © Neoma
Haithem Marzouki est directeur de la pédagogie et de l’innovation de Neoma business school. - © Neoma

La vidéo ou le podcast sont aujourd’hui le complément idéal à toutes les séquences pédagogiques. Ces outils renforcent l’engagement, la compréhension et la restitution des connaissances, dans des temps d’apprentissage généralement asynchrones.

« La période Covid a fait émerger le besoin, pour les étudiants isolés, de voir et revoir les cours. On peut aussi utiliser ces ressources pour recueillir des paroles d’experts ou interroger des professeurs internationaux pas nécessairement sur place », pointe Haithem Marzouki, directeur de la pédagogie et de l’innovation de Neoma business school

Souplesse des modalités d’utilisation

La vidéo peut s’inscrire dans tous les types d’enseignement et dans toutes les disciplines. « Elle peut aider les étudiants à suivre une manipulation de travaux pratiques longue, pour arriver plus vite au résultat. Mais aussi les familiariser avec un lieu ou des matériels, via une immersion préalable. Elle permet des études de cas, par exemple dans le domaine de la santé, sur les relations médecin-patients. Elle peut aussi être utilisée pour vérifier les acquis ou transmettre des consignes », énumère Nora Van Reeth, cheffe de projets pédagogiques innovants à l’Université Claude Bernard Lyon 1.

Mattias Mano dirige le centre d’innovation pédagogique de l’Université PSL. - © D.R.
Mattias Mano dirige le centre d’innovation pédagogique de l’Université PSL. - © D.R.

Adaptabilité, accessibilité et inclusivité

L’outil numérique permet à chacun d’apprendre à son rythme. « Il a aussi un impact inédit en matière d’accessibilité, évoque Mattias Mano, directeur du centre d’innovation pédagogique de l’Université PSL. Ce, tant pour les étudiants en situation de handicap (via des extractions de vidéos vers un script, par exemple) que pour les publics non francophones (traductions automatiques…). » 

Apprentissages collaboratifs

Ces contenus hybrides installent l’enseignant dans un rôle de mentor, en lieu et place d’une transmission des connaissances strictement descendante. « Les étudiants apprennent mieux du fait qu’ils doivent être proactifs », souligne Mattias Mano.

Les bonnes pratiques à adopter

Plusieurs bonnes pratiques ont été abordées par les intervenants du webinaire.

Garder la stratégie pédagogique en ligne de mire

Nora Van Reeth est cheffe de projets pédagogiques innovants à l’Université Claude Bernard Lyon 1. - © D.R.
Nora Van Reeth est cheffe de projets pédagogiques innovants à l’Université Claude Bernard Lyon 1. - © D.R.

Cette nouvelle approche doit toutefois laisser les enseignants au centre. « Il faut garder à l’esprit que la vidéo reste un support d’enseignement », rappelle Nora Van Reeth. Les ressources sont toujours intégrées dans un scénario pédagogique et construites avec les équipes chargées du multimédia. « Les enseignants sont les auteurs et nous, les réalisateurs », appuie Solaine Reynaud.

S’inspirer des standards télévisuels pour une meilleure scénarisation

« Il est important de se pencher en profondeur sur la scénarisation des cours, qui va devenir un élément clé, quitte à s’inspirer de certains standards des grands studios américains », conseille Haithem Marzouki.

Découper les vidéos pour une efficacité maximale

« La science cognitive nous apprend qu’à partir de six minutes le cerveau commence à décrocher. C’est pourquoi le plus court est le mieux, avec un seul concept par vidéo », recommande Mattias Mano. Pour optimiser l’attention du spectateur, il est préférable de granulariser : c’est-à-dire découper la vidéo en plusieurs séquences.

Des stratégies pour résoudre les problématiques persistantes

Comment surmonter les réticences de certains enseignants ?

 Jean-Marie Cognet est CEO d’Ubicast et vice-président en charge de l’ESR à EdTech France. - © D.R.
Jean-Marie Cognet est CEO d’Ubicast et vice-président en charge de l’ESR à EdTech France. - © D.R.

Certains professeurs restent réticents face à la vidéo, car ils n’aiment pas se voir, mais surtout parce qu’ils considèrent le processus comme chronophage. « En sus de leur formation, nous adaptons le contenu si besoin, avec des avatars par exemple », informe Haitem Marzouki.

Jean-Marie Cognet, également vice-président en charge de l’ESR d’EdTech France, ajoute : « Il faut que leur première rencontre avec l’outil soit simple et agréable, une mauvaise expérience pouvant être rédhibitoire. » Il préconise de privilégier les plateformes auxquelles les enseignants sont déjà acculturés.

Comment limiter les coûts ?

L’adjonction de ces ressources rime avec investissements conséquents en équipes et en matériels. Une problématique à ajuster, de surcroît, à la taille de chaque établissement. À Lyon 1 (près de 50 000 étudiants), « on essaie de rendre chaque support le plus essaimable possible », indique Nora Van Reeth.

Dans les petites structures, il s’agit majoritairement d’« accompagner les enseignants sur la production de supports courts et simples, de type capsule », relève-t-elle. Jean-Marie Cognet tempère : « Quand on ramène le coût au nombre d’étudiants touchés, celui-ci est moindre qu’une licence de logiciel. Par ailleurs, la réduction du temps en cours magistral va limiter le coût du bâtiment au mètre carré. »

Comment mesurer l’audience et l’efficacité des contenus ?

En matière d’audience, il faut s’appuyer sur des indicateurs ciblés, ou learning analytics  : pourcentage de la vidéo visionnée, analyse des interactions générées par les étudiants : participation aux quizz, commentaires… Côté évaluation, « à la fin du cours, on analyse la qualité tant du contenu que du matériel, et on discute avec les enseignants sur les éventuelles pistes d’amélioration à apporter », ajoute Haitem Marzouki.

Comment aborder la question environnementale ?

Pas d’indicateurs simples pour évaluer la consommation énergétique.

« C’est un sujet que nous n’arrivons pas encore à traiter, faute d’indicateurs simples pour évaluer la consommation énergétique de ces outils », reconnaît Mattias Mano. À chaque structure d’imaginer des pratiques plus écoresponsables : mutualisation et réutilisation au long cours des ressources à PSL, sensibilisation des enseignants sur la limitation de la bande passante à Lyon 1, hébergement des vidéos sur un espace unique à Neoma…

Aux éditeurs de montrer l’exemple. Ubicast veille à la performance énergétique de ses data centers, a mis en place un calculateur d’équivalent CO2, plantation d’arbres à l’appui, et accompagne ses clients sur la suppression des contenus.

Comment assurer la protection des données personnelles ?

« La signature de contrats types pourrait être souhaitable, surtout quand la diffusion est à grande échelle. L’équipe juridique peut lancer une action en cas d’outrepassement du strict cadre éducatif », évoque Haitem Marzouki.

Jean-Marie Cognet conseille : « Choisir un éditeur qui a fait ses preuves est essentiel pour bien accompagner l’essor de ces ressources et leur diffusion. »

  • Retrouvez le lien du replay enrichi par UbiCast ici.