Vie des campus

Étudiants 2025, génération 2050 : quelle transformation pour l’enseignement supérieur ?


Quelles sont les caractéristiques de la génération étudiante de 2025 et à quoi ressemblera celle de 2050 ? Comment s’adapter aux attentes présentes et futures ? Delphine Manceau, directrice générale de Neoma, Laurent Champaney, directeur général d’Arts et métiers, et Franck Durand, ancien directeur de l’Ipag de Reims, partagent leurs réponses.

Découvrez la deuxième série de vidéos de l’émission « En route pour la génération 2050 » qui fait écho au thème et aux intervenants de Think Éducation et Recherche 2025. Une série réalisée en partenariat avec l’agence de communication Madame Monsieur.

Delphine Manceau, directrice générale de Neoma

Avant d’aborder la génération étudiante 2050, Delphine Manceau (voir vidéo en Une) décrit celle d’aujourd’hui « un peu anxieuse et en même temps très curieuse, ouverte, à l’aise avec les technologiques » mais aussi au fait des enjeux de la transition écologique.

Delphine Manceau est DG de Neoma. - © David Morganti
Delphine Manceau est DG de Neoma. - © David Morganti

Comment avoir de l’impact sur les étudiants de 2025 ? Neoma a choisi d’adapter ses contenus et sa pédagogie, car les apprenants ont « plus de mal à se concentrer longtemps ». Enfin, pour répondre aux enjeux de santé mentale, l’école de commerce a créé un « service wellness avec psychologue, infirmière et coach, un nouveau métier pour les établissements d’enseignement supérieur ».

Elle imagine la génération 2050 : « Elle sera née après ChatGPT, l’intelligence artificielle fera donc partie de son quotidien. » Pour autant, certains fondamentaux resteront les mêmes et prendront même en importance : « apprendre, le poids d’un enseignement humain, d’un professeur qui donne envie ». Et de nouveaux besoins émergeront comme « aider à bien s’approprier les relations humaines ».

Delphine Manceau poursuit : « Il faut être très agile, nous sommes en train de construire un nouveau campus à Reims […], nous devons bâtir des locaux qui seront encore pertinents dans 20 ans. » Neoma porte donc une attention particulière aux lieux qui permettent de développer du lien humain : autour du sport, de la vie associative, etc.

Malgré ces défis, la directrice générale de Neoma conclut : « Nous avons un métier passionnant, travailler dans l’enseignement supérieur à une époque où autant de choses changent […], c’est une grande chance, nous sommes à l’avant-poste du futur et je suis très optimiste. »

Laurent Champaney, directeur général d’Arts et métiers

Laurent Champaney porte un regard interrogatif sur la génération actuelle qui possède « de nouvelles compétences, maîtrise de l’IA » mais pour qui les « relations humaines sont de plus en plus difficiles », notamment pour accepter la contradiction. Une réflexion au cœur du projet Evolutive learning factories qui vise à transformer les ateliers de production en des usines écoles afin de favoriser les travaux en groupe.

Si la situation géopolitique actuelle peut être source d’inquiétude sur ce que connaîtra la génération 2050, Laurent Champaney veut s’appuyer sur du concret. « Le monde qui nous entoure restera le même, il y aura de plus en plus de virtuel mais nous vivons dans un monde physique qui ne va pas changer, revenir au réel permet de revenir à des vérités établies. »

Sur la transformation numérique et la perspective de plus de distanciel dans l’ESR, il déclare : « Je pense que pour la génération 2050, il faut forcer le trait de tout ce qui est physique, tout ce qui est humain. »

Il reste optimiste pour l’avenir : « L’homme a toujours su se sortir de situations complexes, je crois beaucoup à la résilience humaine. »

Franck Durand, enseignant-chercheur en droit public à l’Urca et ancien directeur de l’Ipag de Reims

Franck Durand prête trois traits fondamentaux à la génération 2025 : la résilience, la détermination et la quête de professionnalisation.

Pour répondre aux nouveaux enjeux, l’Université Reims Champagne Ardennes (Urca) a développé ses dispositifs d’accompagnement (le tutorat notamment), utilise les nouvelles technologies en complément des enseignements en présentiel, et se préoccupe des étudiants au-delà du cadre de l’université (avec la création de congés menstruels par exemple).

Quant à la génération 2050, il lui prête deux sujets fondamentaux : l’IA et la transition écologique. Pour lui, l’ESR doit accompagner l’utilisation de l’IA qui va mobiliser l’ensemble des disciplines universitaires et maîtriser les enjeux de la transition écologique qui s’apprêtent à « transformer la vie des étudiants ». « Il ne faut pas avoir peur du lendemain, il faut le préparer », souligne-t-il.

Il conclut : « Je suis réaliste et pragmatique comme le sont nos étudiants, les évolutions sont en grande partie inéluctables, nous ne devons pas avoir peur ni subir ces changements. »