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L’Université de Toulouse cherche à recruter et à garder ses talents

Par Isabelle Cormaty | Le | Management

En pleine construction depuis sa création en janvier, la Comue Université de Toulouse cherche à travailler son image pour conserver ses talents, en recruter de nouveaux et donner du sens au travail de ses 400 personnels dans un contexte de transformation du site.

La Comue expérimentale Université de Toulouse a été créée le 1er janvier 2023. - © Université de Toulouse
La Comue expérimentale Université de Toulouse a été créée le 1er janvier 2023. - © Université de Toulouse

Le panneau de signalisation « Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées » gît encore à quelques pas de l’entrée de l’imposant bâtiment en briques. Depuis le 1er janvier, la Communauté d’universités et d’établissements expérimentale Université de Toulouse s’est substituée à l’ancienne Comue. 

La nouvelle structure regroupe sept établissements fondateurs du site : les trois universités toulousaines, Toulouse INP, l’Insa Toulouse, l’Isae-Supaero et l’INU Champollion. Elle compte 400 personnels et affiche une structure d’emploi singulière. Car l’établissement n’a presque aucun étudiant et aucun enseignant-chercheur dans ses effectifs propres. Comment gérer ces ressources humaines et donner du sens à leur travail dans une Comue en pleine construction ? 

Des postes dans l’accompagnement de projet

Sur ses 400 personnels, l’Université de Toulouse compte très peu de titulaires (80) et recrute des profils qui diffèrent des autres établissements du supérieur. « Ce sont essentiellement des postes d’accompagnement à la construction de stratégie, de portage de projets structurants, de mise en œuvre des projets. Nous n’employons pas d’enseignants-chercheurs, mais accueillons des personnels mis à disposition par leur établissement pour être porteurs scientifiques de projet, ou membres de la gouvernance », commence Odile Jankowiak-Gratton, la directrice générale des services (DGS).

« On a peu de projets types donc à chaque fois il faut chercher à mobiliser des ressources qui sauront écrire un projet qui correspond au cahier des charges et au site. Et une fois que ce projet est validé et lauréat, il faut les ressources pour le porter et le décliner sur le site, en lien avec les établissements. Il s’agit donc de besoins RH très spécifiques, y compris dans les services supports », complète-t-elle.

Des premières actions de « marque employeur »

Odile Jankowiak-Gratton est directrice générale des services de l’Université de Toulouse.  - © D.R.
Odile Jankowiak-Gratton est directrice générale des services de l’Université de Toulouse. - © D.R.

Pour piloter ses nouveaux projets, l’Université de Toulouse cherche à recruter et aussi à garder ses talents. Sans jouer sur la rémunération, en raison des contraintes budgétaires et pour éviter de créer une concurrence entre les acteurs du site universitaire toulousain. L’établissement a donc réfléchi à une stratégie et engagé un travail sur l’image de la Comue.

« Cela passe par le fait d’aller dans les salons d’emploi, d’accueillir des apprentis pour constituer un vivier, de s’appuyer sur les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn et Twitter. Nous travaillons aussi avec un cabinet spécialisé sur la gestion du recrutement. Autrement dit, nous voulons nous professionnaliser, et ce d’autant qu’avec des recrutements très variés, cela génère de la complexité pour le service RH », explique la directrice générale des services. 

« Nous avons organisé un séminaire des personnels en mars où nous avons travaillé sur une analyse Swot (forces, faiblesses, opportunités et menaces). Sont remontés des éléments liés au sentiment d’appartenance, à l’action sociale, ou encore l’accompagnement à la mobilité. Tout cela nous donne de premiers éléments pour construire une feuille de route afin de travailler sur ce sentiment d’appartenance et d’apporter un intérêt à travailler à la Comue, en plus de celui de la mission en elle-même », poursuit-elle. 

Informer les personnels de l’avancée du projet

Autre enjeu pour l’Université de Toulouse : donner de la perspective et de la visibilité aux personnels de la Comue expérimentale. « Nous sommes un établissement qui se transforme, ce qui est à la fois insécurisant et porteur d’espoir. Tout le monde a envie que l’Université de Toulouse se construise et soit porteuse d’une stratégie pour le site. Cela crée de l’attente et une forme d’impatience », ajoute Odile Jankowiak-Gratton. 

Éviter l’effet tunnel.

Pour cela, la DGS souhaite « éviter l’effet tunnel et faire en sorte que les personnels soient associés et informés régulièrement de l’avancée de cette transformation. Un gros travail a donc été réalisé en termes de conduite du changement, avec des visioconférences à chaque grande étape et un travail conjoint avec les représentants du personnel qui ont identifié et fait remonter les questions des collègues et ont accompagné la diffusion de l’information ».

Un travail également mené durant l’administration provisoire

Patrick Lévy a été missionné par les collectivités locales pour fédérer le site toulousain.  - © Yanis Ourabah
Patrick Lévy a été missionné par les collectivités locales pour fédérer le site toulousain. - © Yanis Ourabah

Cette attention aux personnels précède la création de la Comue expérimentale en janvier 2023. Elle était déjà présente lors de l’administration provisoire de la Comue Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées par Marc Renner, à partir de septembre 2022, et durant la mission de Patrick Lévy, chargé par les collectivités locales de structurer le site toulousain en janvier 2021. 

« Pendant l’administration provisoire, nous avons par exemple organisé un séminaire où les personnels ont réalisé des fresques pour matérialiser leur perception des choses, s’approprier le projet », se souvient la DGS, en poste depuis juin 2020.

« L’établissement n’a pas arrêté de fonctionner pendant l’administration provisoire, et le déploiement de l’université de Toulouse se poursuit : les statuts sont adoptés, les instances en cours d’installation. Mais la feuille de route, on ne l’a pas encore, ce qui crée de l’attente. Cela met une certaine pression sur la gouvernance, mais cela montre aussi l’attachement des personnels à la structure et à sa mission », témoigne-t-elle.