Vie des campus

L’Université de Nîmes ouvre à tous sa boîte à outils pour le bien-être étudiant

Par Isabelle Cormaty | Le | Expérience étudiante

Des enseignants-chercheurs de l’Université de Nîmes ont créé deux dispositifs à destination des étudiants. L’un pour favoriser le bien-être et les apprentissages, l’autre pour promouvoir l’activité physique. Tous les établissements du supérieur peuvent utiliser gratuitement ces ressources issues d’un projet de recherche.

Les dispositifs ont été créés par une équipe pluridisciplinaire d’enseignants-chercheurs de l’Unîmes - © Université de Nîmes
Les dispositifs ont été créés par une équipe pluridisciplinaire d’enseignants-chercheurs de l’Unîmes - © Université de Nîmes

Comment favoriser les apprentissages des étudiants et leur bien-être ? C’est la question que s’est posée une équipe de chercheurs de l'Université de Nîmes durant la crise sanitaire. « Lors du premier confinement, nous avons constaté, comme beaucoup d’universitaires ou de personnes en contact avec les étudiants, que les enseignements à distance et le confinement au sens large du terme étaient des situations particulièrement difficiles. Au-delà de le constater, il nous a semblé important de pouvoir le mesurer », raconte Élodie Charbonnier, responsable de la filière psychologie de l’université située dans le Gard.

À partir de leurs travaux, les chercheurs ont conçu de dispositifs visant à améliorer la santé mentale et physique des étudiants. Testées (et approuvées) par les étudiants de l’Université de Nîmes, ces ressources sont maintenant à disposition de tous les établissements du supérieur.

La crise sanitaire, point de départ du projet

L'équipe d’enseignants-chercheurs a conçu deux dispositifs :

  • Etu’Zen, orienté sur la gestion des émotions et des apprentissages ;
  • Univ’ en forme, centré sur la promotion de l’activité physique.

« L’enjeu est de leur donner des ressources pour qu’ils arrivent à mieux faire face aux potentielles difficultés qu’ils pourraient rencontrer dans leur vie étudiante. Nous leur disons bien que le dispositif ne s’adresse pas aux étudiants qui vont mal - pour qui il y a un service de santé universitaire - mais aux étudiants qui n’ont pas de problématique particulière », rappelle Élodie Charbonnier, maîtresse en conférences HDR à l’Université de Nîmes.

Les parcours sur huit semaines se composent de courtes vidéos de 9 à 13 minutes, de ressources complémentaires et d’exercices. Ils peuvent être suivis seuls en ligne ou lors de séances de groupe en présentiel avec des temps d'échanges entre les étudiants. Des outils d’abord proposés « en version bêta » à la rentrée 2020 aux étudiants de l'établissement.

Un projet de recherche financé par l’ANR

Elodie Charbonnier est maître de conférences HDR à l’Université de Nîmes. - © D.R.
Elodie Charbonnier est maître de conférences HDR à l’Université de Nîmes. - © D.R.

« À partir des retours des étudiants, nous avons amélioré le dispositif à la rentrée 2021 pour en proposer un nouveau, intégré dans le cadre d’un projet de recherche », poursuit Élodie Charbonnier, également directrice de l'Unité propre de recherche spécialisée sur les activités physiques et sportives, les processus psychologiques et la recherche sur les vulnérabilités.

L'équipe de chercheurs a bénéficié d’un financement de l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre de l’appel à projets Résilience Covid-19. Elle a ainsi conçu une nouvelle version des dispositifs proposés aux étudiants de l’Université de Nîmes à la rentrée 2021. Puis analysé les résultats et produit des livrets. 

« L’ambition était de tester l’efficacité de ces dispositifs auprès de nos étudiants, et une fois l’efficacité démontrée, de pouvoir les mettre à disposition des universités qui le souhaitent », ajoute la maîtresse de conférences.

Les deux dispositifs, pensés comme un service offert aux étudiants, sont conçus pour être suivis une seule fois durant la scolarité. Mais les étudiants ont toujours accès aux supports et exercices et peuvent se faire des piqûres de rappel s’ils en ressentent le besoin.

Diffuser les dispositifs auprès des établissements

Les chercheurs à l’origine du projet entendent maintenant diffuser ces dispositifs gratuitement auprès des établissements ou d’autres partenaires. L’Université de Nîmes a notamment présenté ses ressources lors d’un séminaire de l'Association des villes universitaires de France (Avuf) les 12 et 13 octobre derniers à Montpellier. 

Les collectivités territoriales n'étaient pas une cible à laquelle nous avions pensé

« Les collectivités territoriales n'étaient pas une cible à laquelle nous avions pensé en première intention, mais cette rencontre était très intéressante. Nous leur avons présenté le dispositif et avons eu des retours très positifs. Les élus étaient désireux de le mettre en place, mais aussi des personnes de Campus France et des Crous, intéressés notamment pour former leurs étudiants référents dans les résidences universitaires », note Élodie Charbonnier.

Des dispositifs conçus avec les étudiants pour les étudiants

Huit enseignants-chercheurs en psychologie et en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) ont participé à ce projet pluridisciplinaire. Pour aborder les questions de santé mentale et physique avec de jeunes étudiants, les chercheurs ont adapté leur discours et leurs outils. Ils ont notamment recruté en stage deux étudiants pour les aider à concevoir les dispositifs. 

« Nous avons enfin fait appel à des enseignants-chercheurs en design de l’Université de Nîmes spécialisés sur l’innovation sociale par le design, qui portent cette méthode de partir de l’usager pour créer des dispositifs sur la base des besoins des usagers », précise la coordinatrice du projet.

Des résultats positifs après avoir suivi les dispositifs

Les chercheurs ont mesuré plusieurs variables avant et après le suivi des parcours afin de déterminer l’efficacité des dispositifs suivis en présentiel ou en distanciel par les étudiants. Ils ont notamment constaté une diminution de l’intolérance à l’incertitude et de l'impuissance apprise avec le parcours Etu’Zen.

L’Université de Nîmes fournit aux établissements du supérieur ces deux dispositifs. - © photo Verpillot
L’Université de Nîmes fournit aux établissements du supérieur ces deux dispositifs. - © photo Verpillot

« Les étudiants avaient l’impression d’avoir plus de contrôle sur leurs études et avaient une meilleure tolérance à l’incertitude, donc une plus grande capacité à faire face à des situations imprévues. Même si nous n’observons pas vraiment d’effet sur la détresse en elle-même, nous constatons des effets sur des processus identifiés comme favorisant la détresse », salue Élodie Charbonnier.

« Nous avons aussi constaté une amélioration des stratégies d’apprentissage qui étaient plus marquées chez les étudiants en présentiel. Le rapport aux erreurs s'était modifié, les stratégies d’apprentissage étaient jugées comme plus efficaces, et ils étaient davantage capables de demander de l’aide pour chercher des solutions face aux difficultés, de partager, etc. », souligne-t-elle. 

Concernant le dispositif Univ’en forme, les chercheurs de l’Université de Nîmes ont observé une amélioration de l’image corporelle des étudiants. « Il n’y a pas de modification de l’IMC, ce qui paraît normal sur un programme de huit semaines, mais le rapport des étudiants à leur poids a été modifié. Nous avons vu une modification de leur motivation à pratiquer une activité physique. Ils avaient plus de plaisir et d’intérêt à la maintenir par la suite », conclut la coordonnatrice du projet.

Comment accéder aux ressources ?

Pour suivre les dispositifs Etu’ Zen et Univ’ en forme, rendez-vous sur le site internet dédié. Le téléchargement des livrets est gratuit. Il est nécessaire de renseigner ses coordonnées et le nom de son établissement, pour permettre à l'équipe de chercheurs d’avoir une visibilité sur la diffusion des dispositifs.