BiodiVTT : pédaler pour apprendre, découvrir et se rencontrer à l’université
Ils ne se seraient peut-être jamais croisés dans un cours magistral, mais ils se retrouvent chaque mercredi sur deux roues. Grâce à BiodiVTT, des étudiants, enseignants et alumni de toutes disciplines (re) découvrent la nature autour du campus de Neuville (Val-d’Oise) et tissent un lien différent en pédalant.

Faire découvrir la biodiversité autour du campus de Neuville de CY Cergy Paris Université tout en pratiquant une activité physique : c’est avec cet objectif en tête qu’Olivier Gallet, professeur des universités et directeur de la chaire biodiversité, et Arthur Reynes, enseignant en activités physiques et sportives au service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps), ont lancé les sorties BiodiVTT.
Chaque mercredi de 17 h à 20 h, de mars à mai, étudiants, doctorants et chercheurs issus de toutes les disciplines sont invités à enfourcher leur vélo depuis le campus de Neuville pour explorer les écosystèmes locaux.
Mêler sensibilisation à la biodiversité et sport
À l’origine de BiodiVTT, la chaire de biodiversité de CY Fondation dont l’un des objectifs est de sensibiliser à la biodiversité. « Grâce à cette approche, nous touchons des étudiants qui ne seraient pas spontanément attirés par l’activité physique », apprécie Arthur Reynes.

Le projet a été subventionné par la contribution vie étudiante et de campus (CVEC), à la rentrée 2023, à hauteur de 8 000 euros, ce qui a permis de financer 20 vélos et le matériel associé (gourdes, casques). Les sorties ont démarré en février 2024, à partir du campus de Neuville qui « ne proposait jusqu’alors pas d’activité physique », souligne l’enseignant d’EPS.
L’initiative permet ainsi d’instaurer une sortie sportive pour les étudiants en sciences et techniques, à quelques kilomètres du campus principal de Cergy-Pontoise. « L’idée était de proposer une activité en totale liberté, sans obligation d’assiduité ni crédits ECTS à la clé », explique Olivier Gallet. L’activité est également proposée aux étudiants du bachelor ACT, réalisé en partenariat avec l’Essec.
Faire connaître la richesse écologique du territoire
BiodiVTT propose de rejoindre des sites d’intérêt où les participants s’arrêtent le temps d’un petit cours sur la biodiversité. « Certains sont très proches de l’université, à cinq ou dix minutes : ces sorties permettent de montrer aux étudiants que leur campus ne se cantonne pas à une dalle de béton », explique Arthur Reynes.
Parmi les lieux d’intérêt : la forêt de l’Hautil, les arbres remarquables de l’ancien campus Veolia, les zones humides au bord de l’Oise… « Dans ce dernier endroit, nous comparons la biodiversité de l’époque de Van Gogh et celle qui existe maintenant, rapporte Olivier Gallet. Enfin, nous poussons jusqu’à la forêt de Saint-Germain-en-Laye : nous avons compris au fil des séances que nous pouvions aller assez loin. »
Une activité ouverte à tous qui encourage les échanges
BiodiVTT est ouvert à tous, même aux alumni et aux mécènes de la chaire biodiversité — qui n’ont pas pu participer jusqu’à présent en raison des horaires. « Comme dans toute activité sportive, ces sorties permettent de créer du lien et d’établir des relations différentes. C’est le seul moment où les étudiants sont autorisés à nous mettre la pâtée », sourit Olivier Gallet.
Arthur Reynes ajoute : « Cela permet de voir les enseignants sous un autre angle, d’oser leur demander de l’aide pour trouver un stage par exemple. »
Les freins : un manque de visibilité…
Bien que des étudiants de différents cursus participent aux sorties, les organisateurs espèrent plus de brassage. « Nous aurions aimé avoir davantage d’étudiants venant du campus de Cergy, notamment en sciences humaines et sociales », indique Olivier Gallet.
Arthur Reynes regrette un problème autour de la communication du Suaps en général. « Le service communication de l’université centralise les informations, mais nous n’arrivons pas à faire en sorte que les étudiants perçoivent bien ce qui est proposé au Suaps. 90 % des personnes présentes dans les activités ponctuelles sont celles qui viennent toute l’année. Cela freine la pratique sportive. »
… et de possibilités pour intégrer une activité sportive dans les cursus
Arthur Reynes remarque que, lorsqu’il y a des crédits à la clé, les étudiants sont plus à même de se rendre sur un site universitaire plus excentré.

Les unités d’enseignement (UE) libres, qui permettent de choisir une activité physique, pourraient alors constituer une motivation. Mais « en sciences et techniques, nous n’avons plus d’UE libre. Dans la prochaine maquette, il faudra retirer 200 heures. On ne permet pas à l’étudiant de construire un cursus avec une activité à la fois physique et intellectuelle », déplore Olivier Gallet.
Il poursuit : « Pour répondre aux enjeux de massification, il est impossible de permettre à l’étudiant de construire son parcours. Certaines universités s’en sortent mieux, comme l’Université Pierre et Marie Curie (Besançon) : il y a moins d’étudiants ce qui permet de personnaliser les parcours. »
Une intégration en licence professionnelle
À la rentrée 2025, BiodiVTT sera intégré à la maquette de la nouvelle licence professionnelle Productions végétales. « Les étudiants apprendront à concevoir une activité de plein air afin de proposer ce type de projet sur leurs futurs domaines agricoles, diversifiant ainsi leurs activités, projette Olivier Gallet. L’objectif est de développer la connaissance du territoire, de comprendre comment on met en place une randonnée. Il ne s’agit pas seulement d’observer la nature, mais aussi de réfléchir à la gestion d’un groupe hétérogène. »
Arthur Reynes précise : « Cela inclut aussi la sécurité : savoir changer une chambre à air, régler un dérailleur… »
Sur les projets futurs, le maître mot reste la consolidation. « L’objectif est de pérenniser ce que nous proposons. C’est déjà compliqué », constate Olivier Gallet. Mais il ne veut pas abandonner ce projet qui lui semble indispensable dans le supérieur : « Quand on parle d’université inclusive, cela passe aussi par le sport et les activités de plein air. »