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Les conseils de doctorants pour bien démarrer votre thèse dès la rentrée

Par Marine Dessaux | Le | Doctorat

Le doctorat est un marathon d’au moins trois ans… Et pour mettre toutes les chances de votre côté, mieux vaut bien préparer son démarrage ! Une doctorante et un docteur partagent leurs conseils pour ne pas négliger votre bien-être, gérer votre temps et trouver les bonnes ressources.

Cérémonie de remise des diplômes de doctorat Université Paris Cité, promotion 2021. - © Université Paris Cité
Cérémonie de remise des diplômes de doctorat Université Paris Cité, promotion 2021. - © Université Paris Cité

Prendre des temps de respiration, se tourner vers les bonnes personnes, commencer à rédiger le plus tôt possible…  Voici quelques-uns des conseils de Juliette Lemoine, doctorante en troisième année de biologie en pleine phase de rédaction et Yann-Maël Lahrer, docteur en droit et co-fondateur de la start-up qui vise à connecter l’entreprise et la recherche, OkayDoc, et qui édite France Doctorat, une plateforme pour valoriser le doctorat en France.

1. Ne pas négliger son bien-être

Prendre des temps de respiration

Juliette Lemoine se spécialise dans la thérapie génique au sein d’un des laboratoires du Téléthon. - © Jean-Yves Seguy, AFM-Téléthon Future
Juliette Lemoine se spécialise dans la thérapie génique au sein d’un des laboratoires du Téléthon. - © Jean-Yves Seguy, AFM-Téléthon Future

Un bon départ commence avant même le début du doctorat, d’après Juliette Lemoine, et cela nécessite donc de se reposer en amont. En cours d’année, il n’y a pas de formule toute faite qui corresponde à chaque profil, mais couper le week-end ou le soir est indispensable. « Mon sujet de recherche nécessite de venir au laboratoire tous les jours, donc je profite de mes soirées pour faire une activité, voir des amis », explique la jeune femme.

Il est également souhaitable de prendre quelques semaines de vacances. « Ce n’est pas très bien vu de prendre des vacances quand on est doctorant, mais comme dans tout métier, le cerveau a besoin de temps où on fait autre chose, rapporte Yann-Maël Lahrer. Qu’on avance bien ou qu’on soit bloqué, dans les deux cas, on peut s’accorder un week-end ou prendre des congés. » Juliette Lemoine suggère de prendre trois semaines en été et deux en hiver, si cela est possible.

Ne pas négliger les activités personnelles

Continuez à voir vos proches ou à faire du sport tout au long de la thèse. Vous culpabilisez de faire autre chose ? La diffusion scientifique peut être une piste ! « Je suis bénévole pour le Téléthon et dans ce cadre je fais de la vulgarisation en lien avec le sujet de ma thèse auprès de publics différents. Et cela peut être valorisé ! Ma directrice de thèse m’a encouragé à y dédier un chapitre de ma thèse », indique Juliette Lemoine.

Se défaire du syndrome de l’imposteur

« Si vous êtes ici, c’est que vous avez votre place, alors foncez ! », encourage la doctorante. Même si dans les faits cela n’est pas simple, ne laissez pas le sentiment de ne pas être à la hauteur vous empêcher d’exprimer vos idées face à des gens plus expérimentés.

2. Apprendre à gérer son temps

Commencer à rédiger le plus tôt possible

« Souvent, on dit qu’il faut principalement lire la première année, mais je pense qu’il faut écrire tôt dans le doctorat », suggère Yann-Maël Lahrer. Pour cela, plusieurs pistes : écrire des articles scientifiques, qui pourront être valorisés par la suite, ou faire de la vulgarisation dans la presse. « Cela peut-être via des posts sur LinkedIn ou sur le média en ligne The Conversation qui est rédigé par des chercheurs accompagnés de journalistes. L’avantage de ce genre d’articles, c’est qu’ils permettent de se rendre plus visible dans les moteurs de recherche. »

Prévoir un plan B

Lorsque le doctorat tourne autour d’une expérience scientifique, il peut arriver que cela ne fonctionne pas. « On peut passer deux ans et demi sur une hypothèse, se rendre compte que la méthode n’est pas applicable et devoir recommencer depuis le début pendant un an ! », explique Juliette Lemoine. Pour devancer une telle situation, on développe un projet annexe moins important - sorte de roue de secours à définir avec son superviseur.

3. Se tourner vers les personnes-ressources et les bons outils

Des logiciels pour réaliser la bibliographie

Les bibliographies de thèse comptent plusieurs centaines de références… plus de 300 dans le cas de Juliette Lemoine ! Plus rapides et sûrs pour éviter les erreurs, il existe des logiciels de référencement gratuits tels que Zotero ou Mendeley et d’autres payants, qui peuvent être fournis par l'établissement. « Je me sers d'EndNote utilisé au sein de mon labo », dit la doctorante qui conseille de ne pas tarder à s’y mettre, à hauteur de deux heures par semaine.

Des outils pour la veille

Pour lire les publications en lien avec son sujet de thèse, tous les moyens sont bons ! Juliette Lemoine utilise Stork, disponible sur smartphone et qui peut donc être lu dans les transports, ou encore PubMed qui permet de créer des alertes par mots clefs. « Lire ce qui se fait ailleurs peut aider, voire débloquer le travail de thèse », souligne-t-elle.

De son côté, Yann-Maël Lahrer cite Google Alert pour sonder de façon plus généraliste ce qui se rattache de près ou de loin à un sujet, ou encore Feedly qui agrège différents flux RSS.

La relation avec le directeur de thèse

 Yann-Maël Lahrer est co-fondateur d’OkayDoc et France Doctorat. - © D.R.
Yann-Maël Lahrer est co-fondateur d’OkayDoc et France Doctorat. - © D.R.

Souvent un éminent professeur dans le domaine de prédilection du doctorant, le directeur de thèse peut parfois être une figure impressionnante. Sensation qui peut créer un déséquilibre. « C’est pourquoi il est important de fixer un cadre de travail en début de thèse », rappelle le fondateur de France doctorat.

En cas de relation compliquée, voire abusive, les représentants élus des doctorants sont là pour prêter une oreille attentive et accompagner. « Il ne faut pas rester isolé », insiste Yann-Maël Lahrer.

Une solution pour avancer malgré un directeur de thèse peu disponible ? « Désignez avec votre directeur une personne qui peut discuter de vos idées, relire vos manuscrits, etc. Cela peut être un autre chercheur au sein de l'équipe », dit Juliette Lemoine.

4. Ne pas oublier les à-côtés

Se former 

« Faites des formations, allez voir ailleurs », incite Juliette Lemoine. La doctorante conseille d’aller au-delà des heures de formations obligatoires si d’autres sujets parmi le catalogue Adum vous tentent. Attention cependant, vos demandes peuvent être refusées : pour éviter cela, une bonne lettre de motivation peut faire la différence. Des sujets tels que la médiation scientifique, les langues ou encore l’enseignement peuvent intéresser un grand nombre de profils. Une démarche à faire valider par le directeur de thèse, bien sûr !

Présenter son travail et se forger un réseau

Ce n’est pas un secret : plus vous vous entrainerez à présenter votre travail, plus l’exercice de soutenance sera aisé. Une démarche qui aide également à clarifier la structure de la thèse. Tout est bon pour s’entraîner : congrès, workshop, événement, présentation de son travail devant l'équipe du laboratoire, etc.

Twitter, où Juliette Lemoine est particulièrement active, est également un endroit pour vulgariser son travail et se forger un réseau. « Pendant mes pauses de rédaction, j’aime parler de mes travaux, de mon expérience du doctorat. Il y a beaucoup de soutien et une grande communauté de doctorants particulièrement bienveillante », se réjouit-elle.

Enfin, pour agrandir son réseau, Yann-Maël Lahrer résume : « On se le crée au sein de notre laboratoire, lors de la pause café ou pendant des présentations de travaux de recherche, auprès des gens que l’on croise en congrès, etc. »