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Parce que la rentrée va être rude : le « Guide de survie de l’enseignant-chercheur » à la rescousse !

Par Théo Haberbusch | Le | Management

225 conseils pour les enseignants-chercheurs, jeunes ou moins jeunes. C’est ce que partage l’universitaire Emmanuel Caillaud dans son « Petit guide de survie », disponible sur Amazon depuis l’an dernier. 

Fort d’une expérience de chercheur, de pédagogue, de directeur d’école et de vice-président d’université, celui qui est aussi blogueur à ses heures perdues a voulu diffuser de manière très accessible ce qui lui semble essentiel pour s’épanouir dans l’enseignement supérieur et la recherche. 

Campus Matin lui donne la parole à l’heure d’une rentrée universitaire inédite.

« De nombreux collègues sont dans une situation difficile », observe Emmanuel Caillaud. - © Photo by Ben White on Unsplash
« De nombreux collègues sont dans une situation difficile », observe Emmanuel Caillaud. - © Photo by Ben White on Unsplash

« L’équilibre ne peut être trouvé que par une gestion efficace du temps », selon l’auteur. - © D.R.
« L’équilibre ne peut être trouvé que par une gestion efficace du temps », selon l’auteur. - © D.R.

C’est depuis l’ambassade de France à Pékin, où il est désormais conseiller pour la science et la technologie, qu'Emmanuel Caillaud répond à Campus Matin.

Cet enseignant-chercheur en poste à l’Université de Strasbourg de 2004 à 2019 est un touche-à-tout. Professeur en ingénierie, il a dirigé un campus de l’Ensam, à Metz, et été deux fois vice-président de l’Université de Strasbourg. Également blogueur, il se passionne pour le « métier » d’enseignant-chercheur ce qui l’a conduit à écrire en 2019 un excellent « guide de survie » à destination de ses collègues.

Concret, précis et rapide à lire, cet ouvrage disponible au format ebook gagne à être connu en cette période de rentrée universitaire. Entretien avec l’auteur. 

Une volonté de transmettre son expérience d’enseignant-chercheur

Pourquoi avoir écrit ce guide et à qui s’adresse-t-il ?

« Transmettre ce que j’avais compris de l’exercice de mon métier » : c’était l’objectif d’Emmanuel Caillaud avec cet ouvrage. - © D.R.
« Transmettre ce que j’avais compris de l’exercice de mon métier » : c’était l’objectif d’Emmanuel Caillaud avec cet ouvrage. - © D.R.

Si j’ai écrit ce livre l’année dernière, c’est parce que j’avais de plus en plus de collègues en difficulté dans l’exercice de leur métier. Les évolutions de l’enseignement supérieur, l’augmentation du nombre d’étudiants, la diminution du nombre enseignants-chercheurs titulaires, l’exigence croissante en recherche mettent de nombreux collègues dans une situation difficile.

À titre personnel, j’envisageais de donner un nouvel élan à mon activité professionnelle et cela me semblait le bon moment pour essayer de transmettre ce que j’avais compris de l’exercice de mon métier.

Ce livre est donc orienté vers les jeunes enseignants-chercheurs, mais aussi vers celles et ceux qui ont du mal à trouver un équilibre entre les différentes facettes de ce métier et leur vie personnelle.

Vous avez été blogueur sur les thématiques d’enseignement supérieur en général et sur les carrières en particulier. Pourquoi cette démarche ? Qu’en retenez-vous ?

J’étais toujours surpris par le nombre de visites de mon blog

J’ai eu la chance de pouvoir faire un enseignement sur l’initiation à la recherche dès les années 1990. Pour répondre à la demande des étudiants, j’ai mis des ressources en ligne. Le nombre de consultations des salaires et primes m’a conduit à proposer un blog sur la dimension ressources humaines dans l’enseignement supérieur.

J’étais toujours surpris par le nombre de visites et par les retours positifs des collègues. En complément de la gestion trop administrative des RH, il y a un réel besoin de gestion des compétences. Il faut aussi aider tous les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche à devenir des acteurs de leur carrière. 

Une cassure entre équipes de direction et personnels

Vous vous intéressez beaucoup à l’écosystème et avez été vice-président d’université, à Strasbourg. Les personnels universitaires sont-ils assez informés ou s’informent-ils assez sur leur environnement ?

Progressivement, et surtout depuis la loi LRU (en 2007), il se crée une cassure entre les équipes de direction des universités et les acteurs de base.

La technicité et les sigles nouveaux ne doivent pas être un obstacle à une stratégie partagée. Une discussion collective permanente sur les valeurs partagées sous-tendant la vision de l’université de demain est nécessaire .

Si vous ne deviez retenir que quelques conseils parmi les 225 du livre, quels seraient-ils ?  

Donner confiance aux étudiants et aller vers ses collègues quels que soient leurs statuts

L’objectif n’est pas que chacun suive tous les conseils, mais picore ceux qui sont utiles aujourd’hui.

Si je devais en retenir quelques-uns, je conseillerais de donner confiance aux étudiants, d’aller vers ses collègues, quels que soient leurs statuts pour échanger, de se préserver des demi-journées pour la recherche et d’apprendre à dire non.

Surtout, il est indispensable de se préserver du temps pour soi et ceux que l’on aime.

Quel conseil vous a manqué quand vous avez démarré votre carrière ?

J’ai eu la chance d’avoir des collègues expérimentés qui ont su m’apporter chacun de manière exemplaire les bases qui m’ont permis de m’épanouir dans ce métier : la rigueur de mon directeur de thèse Daniel Noyes, l’excellence scientifique universitaire avec Maurice Touratier et Bernard Grabot, la qualité en enseignement avec Patrick Garnier et l’équilibre entre les différentes facettes de la vie avec Germain Lacoste.

Bonne humeur et exemplarité

Vous rappelez des choses qui sont relatives à la bonne collaboration avec d’autres personnels (techniques ou administratifs) : les collectifs de travail ont-ils du mal à exister ?

Quels que soient les statuts et les fonctions, chacun doit contribuer à la stratégie partagée. Si les objectifs sont clairs et les moyens sont adaptés, la bonne humeur et l’exemplarité permettent d’aller très loin ensemble.

Je regrette que l’ESR ne soit pas plus ouvert

J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à travailler avec chacun, car j’aime partager et j’apprends chaque jour à écouter.

On a tellement à apprendre des différences. Je regrette que l’ESR ne soit pas plus ouvert vers d’autres ministères, d’autres versants de la fonction publique, voire de personnalités du secteur privé si elles adhèrent aux valeurs de la fonction publique. 

Le livre distingue activités d’enseignement et de recherche. Est-il possible de concilier ces deux volets qui se font parfois concurrence ? 

L’augmentation du nombre d’étudiants et la diminution du nombre d’enseignants-chercheurs ont conduit à une augmentation de la charge d’enseignement de chacun. La part du temps consacré à la recherche diminue.

L’équilibre ne peut être trouvé que par une gestion efficace du temps pour éviter les deux écueils qui sont l’abandon de l’activité de recherche et la surcharge de travail au détriment de la vie personnelle.

Le guide a été écrit avant le confinement et le passage des cours en tout à distance. Ce changement majeur vous inspire-t-il de nouveaux conseils ?

Les solutions les plus efficaces ont souvent été apportées par les étudiants

Le confinement a permis de développer l’enseignement à distance. Le caractère subit et contraint a conduit à une adaptation rapide et non planifiée et à une surcharge de travail supplémentaire pour l’enseignement. Les solutions les plus efficaces ont souvent été apportées par les étudiants, comme l’utilisation d’outils comme Discord.

La complémentarité entre échanges audio, supports vidéo et texte est très intéressante et prometteuse d’échanges de qualité facilitant l’apprentissage. J’espère que l’administration des établissements saura faire confiance aux enseignants comme les enseignants ont dû le faire avec les étudiants, tant sur les outils que sur le travail personnel réalisé.

L’enseignement à distance ne peut pas se substituer à l’enseignement présentiel tout comme les Mooc ou les bibliothèques ne se sont pas substitués à l’enseignement présentiel.

En cette rentrée, il sera nécessaire de veiller encore plus à la qualité de l’apprentissage par les étudiants et à ce que les enseignants-chercheurs ne subissent pas une charge d’enseignement excessive.

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