Une nouvelle association pour porter la voix des assistants sociaux des personnels de l’ESR
C’est une profession de l’ombre dans les établissements d’enseignement supérieur dont la mission est souvent confondue avec l’action sociale. Les assistants des services sociaux des personnels et du travail ont créé en juillet 2024 leur association métier. Un moyen de faire reconnaître leur expertise et de se professionnaliser.

Quelle place pour les assistants sociaux des personnels dans les établissements de l’ESR avec le passage d’une politique du service des personnels à une politique des ressources humaines ? Pour faire entendre leur voix, ils ont créé en juillet 2024 leur association métier, Renassup.
Elle prend la suite d’un réseau d’une soixantaine de membres rattaché à la Fédération responsabilité sociétale et conseil en action sociale pour l’enseignement supérieur et la recherche (FNCAS) depuis 2010.
« Nous devions aller plus loin dans nos missions. Créer une association, c’est reconnaître l’expertise que nous pouvons apporter aux établissements, tout en continuant les missions que nous avions précédemment au sein de la FNCAS, comme le partage d’informations et de bonnes pratiques », raconte Laurence Martin, présidente de Renassup.
Un métier en mal de reconnaissance
Historiquement, les assistantes sociales des personnels ont succédé aux surintendantes d’usine, considérées comme les pionnières de la gestion du risque en entreprise. La direction des services départementaux de l’éducation nationale intervenait dans les universités pour assurer ces missions.
Puis, avec le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE), « il y a eu une vague de recrutements d’assistants de service social dans les établissements, mais il n’existe pas de cadrage de nos missions », constate Laurence Martin, présidente de l’association Renassup, à News Tank (abonnés).
« De nouveaux métiers ont émergé dans les établissements : psychologue du travail, conseiller mobilité carrière… Cela vient questionner le périmètre et les missions de chacun pour un travail collaboratif et pluridisciplinaire. Les assistants sociaux interviennent sur un champ caractérisé par une porosité des frontières entre vie privée et professionnelle, il y a parfois un manque de compréhension de nos missions par les différents services. »

Cette profession est présente dans les établissements avec une grande variété de statuts : des titulaires et des contractuels, des CDD et des CDI voire des prestataires externes. Les services sociaux des personnels sont rattachés généralement à la direction générale des services (DGS) ou la DRH. Mais il arrive aussi qu’ils fassent partie des services de santé, avec un médecin du travail comme référent.
« Nous avons aussi des collègues assistantes sociales pour les étudiants et pour les personnels, alors que ces missions sont différentes », illustre Laurence Martin, responsable du service social du personnel et du travail de l’Université Claude Bernard Lyon 1.
Un travail sur une circulaire des missions
Comme pour leurs collègues des Crous ou de l’éducation nationale, Renassup a demandé au ministère de l’enseignement supérieur la rédaction d’une circulaire des missions des assistants sociaux des personnels. Un travail mené au printemps 2024 auprès du cabinet de la ministre de l’ESR d’alors, Sylvie Retailleau.
« Cela a été accepté, la circulaire a été transmise à la DGRH, puis la dissolution de l’Assemblée nationale a suspendu ce travail. Nous attendons donc qu’il puisse reprendre, afin de nous apporter le cadre souhaité, indispensable à notre pratique. »
Les services sociaux complémentaires de l’action sociale
Pour Laurence Martin, « l’action sociale est complémentaire au travail des services sociaux des personnels et du travail, car nous remontons des problématiques qui alimentent l’action sociale. Mais nos missions sont différentes. »
Ces services s’occupent notamment de problématiques en lien avec :
• la sphère personnelle : la famille, le changement de vie, le logement, les difficultés financières, l’accès au droit, la santé…
• ou le professionnel : les conditions de travail, la prévention des risques psychosociaux, les violences sexistes et sexuelles…
D’autres projets à moyen terme
Au-delà du travail sur la reconnaissance des missions des assistants sociaux du personnel et du travail, figurent parmi les projets de l’association :
- L’organisation de séances de codéveloppement en septembre 2025 pour permettre à ses adhérents de se former, monter en compétences et trouver leur place au sein des établissements.
- La création d’un observatoire des services sociaux des personnels au sein des établissements d’ici quatre à cinq ans.
- L’aide et le conseil aux gouvernances et aux autres associations métiers.
« Nous voyons des sujets émerger concernant les aidants familiaux, les violences intrafamiliales, la santé mentale des personnels ou encore l’accès au logement dans les grandes métropoles. L’activité des services sociaux des personnels constitue un baromètre social », souligne Laurence Martin.
« Nous pourrions donc alimenter à long terme des réflexions au niveau national sur le mieux-être des personnels au sein des établissements », avance-t-elle.