Vie des campus

Université, vie étudiante, orientation… les mesures des finalistes à la présidentielle pour l’ESR

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

À quelques jours du second tour de la présidentielle, Campus Matin a épluché les programmes des deux finalistes à l'élection et vous propose une synthèse de leurs propositions de campagne sur l’enseignement supérieur et la vie étudiante.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont les finalistes du second tour de la présidentielle. - © D.R.
Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont les finalistes du second tour de la présidentielle. - © D.R.

Macron contre Le Pen. Si l’affiche du second tour de la présidentielle est identique à celle de 2017, les mesures que défendent les finalistes à l'élection sont bien différentes. Les deux candidats proposent des programmes moins étoffés qu’il y a cinq ans sur le volet de l’enseignement supérieur. Université, apprentissage, formation professionnelle, Parcoursup, pouvoir d’achat des jeunes ou encore logement étudiant… Quelles sont leurs propositions sur ces sujets ? Synthèse.

Le programme d’Emmanuel Macron

Le candidat à sa réélection Emmanuel Macron, qui a récolté 27,85 % des voix au premier tour, propose de nombreuses mesures sur l'école, de la maternelle au lycée, avec notamment le retour des mathématiques pour les lycéens jusqu’en terminale. Ses propositions pour l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) sont en revanche plus restreintes.

Transparence sur Parcoursup, des places supplémentaires à l’université

Alors que plusieurs candidats à gauche voulaient supprimer Parcoursup, le candidat d’En Marche qui a mis en place cette réforme durant son quinquennat propose de publier les statistiques précises de la plateforme des années précédentes « pour la rendre plus prévisible et mieux accompagner les familles ». Cette mesure sera couplée à une réforme de l’orientation qui commencera dès la classe de cinquième.

Par ailleurs, en réponse aux syndicats étudiants qui réclament davantage de places dans certaines filières, Emmanuel Macron s’est dit favorable à l’ouverture de places supplémentaires « dans les filières du supérieur qui correspondent aux besoins de la nation, à commencer par les BTS, BUT, licences pro ». Il veut aussi réguler les formations qui ne mènent pas assez à l’emploi et développer des filières courtes et professionnalisantes qui correspondent à des besoins.

Renforcer l’autonomie des universités

Emmanuel Macron avait esquissé son programme sur l’ESR devant France Universités le 13 janvier. - © D.R.
Emmanuel Macron avait esquissé son programme sur l’ESR devant France Universités le 13 janvier. - © D.R.

Comme annoncé en janvier dernier lors du congrès des 50 ans de France Universités, Emmanuel Macron souhaite renforcer l’autonomie des universités pour en faire des opérateurs de recherche à part entière.

Dans la lignée du plan France 2030, un plan d’investissement ayant pour but « de permettre à la France de retrouver le chemin de son indépendance environnementale, industrielle, technologique, sanitaire et culturelle », le président candidat à sa réélection dit vouloir anticiper les besoins en termes de compétences de la nation, en les territorialisant et en adaptant l’offre de formation en conséquence.

En s’inspirant du modèle de l’apprentissage qui s’est développé ces dernières années, Emmanuel Macron envisage de mener une réforme de la formation professionnelle, sans pour autant en préciser les détails.

Le programme de Marine Le Pen

Finaliste pour la seconde fois à l'élection présidentielle, Marine Le Pen a obtenu 23,15 % des suffrages lors du premier tour. Comme Emmanuel Macron, la députée et candidate du Rassemblement national dispose dans son programme d’un important volet sur l'école… mais ne propose que de très rares mesures pour l’enseignement supérieur !

De rares propositions pour l’enseignement supérieur

Marine Le Pen propose de créer un chèque apprentissage. - © D.R.
Marine Le Pen propose de créer un chèque apprentissage. - © D.R.

Outre l’abrogation de la réforme Blanquer sur le baccalauréat, Marine Le Pen souhaite revenir sur la réforme des études de santé. Dans son programme pour l’ESR figure également la création d’un chèque apprentissage, accessible à tous les jeunes de 16 à 25 ans et versé par l’État. Ce chèque partagé équitablement entre le jeune et son entreprise d’accueil s'établira à 5500 € pour un apprenti de 16 ans, et de 8000€ pour les majeurs.

« Cela signifie une hausse de 230 € de la rémunération mensuelle de tous les moins de 18 ans (et de 330 € pour les 18-25) qui feront le choix de l’apprentissage, de l’alternance ou de la formation professionnelle », estime la députée du Pas-de-Calais qui veut instaurer un complément de revenu pour les étudiants salariés français. 

Des mesures pour le logement et le pouvoir d’achat des jeunes

Marine Le Pen veut construire 100 000 logements étudiants publics en cinq ans. - © France Universités - Université de Haute-Alsace
Marine Le Pen veut construire 100 000 logements étudiants publics en cinq ans. - © France Universités - Université de Haute-Alsace

Faisant le lien avec l’un de ses axes de campagne sur l’immigration, Marine Le Pen souhaite instaurer une priorité nationale pour l’accès aux résidences Crous. Elle veut aussi interdire le voile à l’université et dans tous les lieux publics.

La candidate du Rassemblement national veut par ailleurs construire 100 000 nouveaux logements étudiants publics durant le prochain quinquennat. Pour ce faire, elle envisage de doter les préfets de compétences spécifiques en matière de construction et mettre à disposition le foncier dont l'État est propriétaire, afin de faciliter la construction de résidences étudiantes par des dérogations.

À ces propositions sur le logement, s’ajoutent des mesures pour augmenter le pouvoir d’achat des jeunes, qu’ils soient étudiants, salariés, diplômés ou non. Dans son livret thématique sur la jeunesse, la députée du Pas-de-Calais explique vouloir :

  • exonérer d’impôt sur le revenu tous les jeunes de moins de 30 ans et exonérer d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans les entreprises créées par des moins de trente ans ;
  • faciliter l’accès des jeunes couples à la propriété en leur octroyant un prêt public, transformé en don dès le troisième enfant ;
  • rendre gratuits les transports ferroviaires aux heures creuses pour les jeunes de 18 à 25 ans sur les lignes régionales ou nationales grâce à une convention entre l’État et les opérateurs ferroviaires ;
  • ou encore mettre à disposition des internats des lycées dans les zones touristiques durant les vacances contre une somme modique pour favoriser le travail des jeunes.

Plusieurs appels de la communauté universitaire à faire barrage à l’extrême-droite

Avant le second tour de la présidentielle prévu le 24 avril, de nombreux syndicats, associations et membres de la communauté universitaire ont lancé des appels à faire barrage à l’extrême-droite. France Universités, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) ont ainsi appelé à voter pour Emmanuel Macron.

Dans une tribune publiée dans le JDD le 15 avril, plus de 150 universitaires appellent aussi à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Une seconde tribune publiée dans Le Monde le 18 avril invitait les Français à faire de même. 41 présidents d’université, 13 dirigeants d’organisme de recherche et six directeurs d’école figurent notamment parmi les signataires.

La CGT ou la FSU, l’Unef, l’Alternative et le Snesup appellent à faire barrage à l’extrême-droite, tout comme la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) qui indique : « L’exercice à venir de nos missions nécessite un État dont les valeurs reposent sur [une] vision humaniste de la société, mais aussi sur des principes non négociables tels que la liberté inconditionnelle d’enseigner, de chercher et d'étudier. Tous ces sujets fondamentaux sont irrémédiablement incompatibles avec tout projet présidentiel construit sur des fondements extrémistes. »