Le carnet de Campus Matin : les cinq prises de postes d’octobre 2025 à retenir
Un professeur de musicologie à la tête d’une grande école publique de cinéma, une nouvelle directrice pour le Campus Cyber, le premier Français à la tête de l’association internationale des écoles de journalisme, un mathématicien rejoint une edtech comme directeur scientifique… Autant de prises de fonctions décryptées dans votre rendez-vous mensuel.
Mathieu Schneider, Farida Poulain, Pascal Guénée, Julien Randon-Furling et Maria Leptin : ces personnalités ont été appelées à de nouvelles fonctions ou un renouvellement de leurs missions dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche en octobre 2025. Découvrez leur parcours et leurs enjeux !
1. Mathieu Schneider, directeur de l’ENS Louis Lumière
Mathieu Schneider a pris le poste de directeur de l’École nationale supérieure Louis Lumière le 3 novembre 2025.
Un parcours universitaire ancré à Strasbourg
Titulaire d’un doctorat obtenu à l’Université de Strasbourg, Mathieu Schneider y commence sa carrière en 2005 et crée en 2009, avec le Conservatoire de Strasbourg, le premier pôle supérieur d’enseignement de la musique français. Professeur de musicologie, il a ensuite dirigé le département de musique et le service universitaire d’action culturelle, avant de devenir vice-président culture, sciences en société et actions solidaires en 2015, dans l’équipe de Michel Deneken.
Président du réseau Mens (migrants dans l’enseignement supérieur) de 2017 à octobre 2025, il s’était présenté à la présidence de l’université en février 2025, s’inclinant au premier tour face à Frédérique Berrod, alors vice-présidente finances.
Relancer le projet et clarifier le rattachement
À l’ENS Louis Lumière, installée depuis 2012 à la Cité du cinéma à Saint-Denis (93), Mathieu Schneider succède à Vincent Lowy, parti en février 2025, après une période d’administration provisoire assurée par Frédéric Fleury. Selon l’avis de vacance du poste, il aura pour mission de piloter la transformation institutionnelle de l’école et de négocier son rattachement à une université francilienne.
Le Hcéres, dans son rapport d’évaluation du 28 juillet 2025, soulignait « des faiblesses stratégiques » de l’établissement, liées à un manque de positionnement, à la nécessité d’un pilotage renforcé de la recherche et à des tensions internes persistantes. L’école, ancien membre de la Comue Université Paris Lumières dissoute en 2024, attend toujours une décision de sa tutelle quant à son futur rattachement. Une hypothèse, évoquée par le Hcéres et « privilégiée par la direction », serait un rattachement à l’Université Gustave Eiffel, mais d’autres options restent ouvertes.
Dans un contexte de reconstruction du dialogue interne et de redéfinition du projet académique, la mission de Mathieu Schneider consistera à stabiliser la gouvernance et à redonner un cap clair à l’école.
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2. Farida Poulain directrice générale du Campus Cyber
Farida Poulain est devenue directrice générale du Campus Cyber le 29 septembre 2025, succédant à Yann Bonnet, en poste depuis 2021.
Une spécialiste de l’innovation et de la fintech
Diplômée de l’Idrac Business School, elle commence sa carrière en 2005 à BNP Paribas Personal Finance, avant de passer par PayPlug, Sodexo et la création de la société Depopass. En 2018, elle rejoint l’agence d’innovation territoriale Paris & Co où elle prend la tête de la plateforme d’incubation LeSwave dédiée à la fintech, tout en occupant des fonctions chez Younited Credit, spécialiste du crédit à la consommation. Elle devient ensuite associée chez MGT Partners en 2020. En 2023, elle rejoint le Campus Cyber où elle est directrice des programmes de l’incubateur Cyber Booster, hébergé au sein du Campus.
Consolider le rôle du Campus et attirer les talents
Projet lancé par l’État et inauguré en février 2022 sur le site de la Défense (Puteaux), le Campus Cyber est le lieu totem de la cybersécurité en France qui accueille sur un même site des entreprises (grands groupes, PME), des services de l’État, des organismes de formation, des acteurs de la recherche et des associations, et propose notamment des activités de formation et recherche.
Selon le Campus Cyber, Farida Poulain « a présenté une vision claire et ambitieuse », alignée sur le cadre stratégique 2026-2028. Son objectif consiste notamment à « renforcer les synergies entre acteurs au sein du lieu totem qu’est le Campus ».
Parallèlement, le Campus Cyber poursuit ses actions en faveur du développement des compétences et de la diversité des talents, notamment féminins, dans un secteur où les femmes ne représentent que 11 % des effectifs.
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3. Pascal Guénée président du World Journalism Education Council
Pascal Guénée, directeur de l’IPJ Dauphine-PSL, a été élu président du World Journalism Education Council (WJEC) pour la période 2025-2028 à San Francisco en août. Son mandat a démarré au 1er octobre.
Un acteur clé de la formation au journalisme
À la tête de l’IPJ depuis 2001, Pascal Guénée a également présidé la Conférence des écoles de journalisme (CEJ) de 2020 à 2025, dont il est désormais vice-président international. Ancien président du Réseau mondial des écoles de journalisme francophones, il a contribué à l’organisation du 5e congrès mondial des écoles de journalisme (WJEC 2019) à Paris. Chercheur, il s’intéresse à l’impact du trauma sur les journalistes et est membre du Journalism Education and Trauma Research Group.
Vers une formation mondiale plus inclusive et responsable
C’est la première fois qu’un Français prend la tête de cette organisation internationale, qui fédère les associations et réseaux d’écoles de journalisme à travers le monde.
Le WJEC s’appuie sur une charte fondatrice affirmant l’indépendance de la formation au journalisme, incarnée par la Déclaration de Paris sur la liberté de formation au journalisme, dont Pascal Guénée avait porté la reconnaissance par l’Unesco en 2020.
Son élection intervient dans un contexte de coopération renforcée entre écoles de journalisme à l’échelle mondiale. Le WJEC souhaite « construire ensemble une formation au journalisme plus inclusive et plus responsable », en favorisant le partage d’expériences et d’innovations pédagogiques entre établissements du monde entier.
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4. Julien Randon-Furling, directeur scientifique d’Edumapper
Julien Randon-Furling, professeur en sciences mathématiques au Centre Borelli de l’ENS Paris-Saclay, devient directeur scientifique et expert en modélisation chez Edumapper, edtech spécialisée dans l’orientation, a annoncé l’entreprise le 27 octobre 2025.
Un chercheur international spécialiste des systèmes complexes
Diplômé du MMath de l’Université de Cambridge (2006) et docteur en physique théorique de l’Université Paris-Saclay (2009), il a été chercheur postdoctoral à l’Université de Sarre (Allemagne) au sein du cluster d’excellence en physique statistique. Il devient ensuite maître de conférences en probabilités et statistiques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2010, avant de rejoindre Columbia University (New York) en 2020 comme professeur invité dans le cadre du programme Alliance.
Il enseigne également à l’Université Mohammed VI Polytechnique (Maroc). Chercheur invité au Laboratoire Tchebychev et à l’Institut Steklov de Saint-Pétersbourg en 2021, il intègre l’ENS Paris-Saclay en 2022. Il a récemment participé au TML Programme de l’Alan Turing Institute (Londres) et au SSD Programme de l’Isaac Newton Institute (Cambridge) en 2024. Les travaux de Julien Randon-Furling portent sur la modélisation du hasard et des systèmes complexes, et leurs applications aux sciences humaines et sociales.
Garantir la rigueur scientifique de l’orientation par la donnée
Créée en 2025, Edumapper propose une plateforme d’orientation s’appuyant sur les données publiques et ministérielles pour aider lycéens et étudiants à mieux définir leurs parcours. La start-up a levé 5 M€ en amorçage en février 2025. Julien Randon-Furling aura pour mission de garantir la robustesse scientifique des modèles développés et de construire un observatoire inédit des trajectoires étudiantes. Il devra aussi créer un environnement propice à la recherche appliquée en orientation.
« L’orientation de chacun et chacune devrait pouvoir être éclairée par les données et par une démarche scientifique d’aide à la décision. Grâce à la modélisation mathématique et à l’analyse statistique des parcours, nous pouvons offrir une vision fiable et objective, au service d’une décision profondément personnelle », souligne-t-il.
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5. Maria Leptin présidente du Conseil européen de la recherche
La Commission européenne a reconduit Maria Leptin dans ses fonctions de présidente du Conseil européen de la recherche (ERC) jusqu’au 30 septembre 2027, a annoncé l’ERC le 1er octobre 2025.
Une biologiste de renommée internationale à la tête de l’ERC
Titulaire d’un doctorat en immunologie obtenu à Bâle en 1983, Maria Leptin effectue un post-doctorat au Laboratoire de biologie moléculaire de Cambridge, où elle est recrutée en 1988. Un an plus tard, elle dirige un groupe de recherche à l’Institut Max Planck de biologie du développement en Allemagne. Depuis 1994, professeure à l’Université de Cologne, elle a également été professeure invitée à l’ENS Paris-Saclay (2001) et chercheuse invitée au Wellcome Trust Sanger Institute (2004-2005). De 2010 à 2021, elle dirige l’Embo (European Molecular Biology Organization) avant d’être nommée à la tête de l’ERC en 2021.
Une reconduction saluée comme un signal fort pour la recherche européenne
Alors que les institutions bruxelloises sont en pleine négociation autour des prochains programmes-cadres (2028-2034), notamment pour le financement de la recherche et de l’innovation, cette reconduction d’une scientifique reconnue et ardente défenseure de la recherche européenne est largement saluée.
Jan Palmowski, secrétaire général de The Guild, un réseau d’universités européennes de recherche, y voit « une excellente nouvelle pour la communauté de la recherche et de l’innovation en Europe ». Selon lui, Maria Leptin a su affirmer la place de l’ERC « au cœur des débats politiques européens » et démontrer que l’organisme « est indispensable à la compétitivité et à la capacité d’innovation de l’Europe ».
Alors que la proposition de la Commission pour le futur programme-cadre de R&I prévoit de réduire le mandat du président de l’ERC à deux ans renouvelables une fois, il estime que cette reconduction « envoie un signal de force » et illustre « la nécessité de conserver un mandat long (4 + 4 ans) pour garantir la continuité et la crédibilité du pilotage scientifique européen ».
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