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Les dircab pour la première fois sur les bancs de l’IH2EF

Par Marine Dessaux | Le | Personnels et statuts

Fonction apparue il y a une quinzaine d’années mais qui s’est lentement structurée, les directrices et directeurs de cabinet viennent pour la première fois rejoindre sept autres catégories de cadres de l’enseignement supérieur en formation initiale à l’IH2EF. En quoi consiste cette première expérience et qu’en pensent-ils ? Reportage.

Les dircabs échangent sur leurs problématiques en groupe. - © Marine Dessaux
Les dircabs échangent sur leurs problématiques en groupe. - © Marine Dessaux

En ce début octobre, la formation initiale des cadres de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) se déroulait à l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (IH2EF) à Poitiers. Un nouveau corps de métier y a fait son entrée : les directeurs de cabinet !

Nous les rejoignons au cours de leur deuxième jour de formation. Alors que la veille, ils suivaient des conférences intermétiers, ce 4 octobre au matin, la vingtaine de dircabs se retrouve pour un atelier.

Ces proches collaborateurs des présidents d’université échangent en groupe, listent leurs problématiques sur différents thèmes. Puis la salle échange. Faut-il démissionner si on n’est plus d’accord avec la politique du président ? Dans les appels à projets, quel est le rôle du dircab, notamment dans la rédaction des dossiers ? Comment s’assurer de faire un entretien annuel avec un président dont l’agenda déborde ? 

Les réponses fusent, les bonnes pratiques sont listées. Avec une constante : la diversité des pratiques dans les établissements.

Une première formation, suite logique de la création d’un référentiel

Participer à la formation initiale proposée jusqu’alors à sept catégories de cadres administratifs de l’ESR (directeurs des ressources humaines, des systèmes d’information, des affaires financières, etc.) est une première pour les dircabs.

Un signe de la professionnalisation de cette fonction apparue il y a une quinzaine d’années qui s’est généralisée dans les universités. « En 2021, nous avons créé avec l’association DircabESR, le ministère et France Universités notre référentiel métier, ce qui nous qualifie pour la formation à l’IH2EF. C’est la marche d’après », explique Sandra Vié, présidente de l’association et dircab à l’Université Gustave Eiffel.

Pour cette occasion spéciale, tous les directeurs de cabinet sont conviés à suivre la formation, quelle que soit leur ancienneté dans la fonction. 

Séance post-it sur la thématique du positionnement du dircab. - © Marine Dessaux
Séance post-it sur la thématique du positionnement du dircab. - © Marine Dessaux

Continuer à se définir

« Nous passons beaucoup de temps à nous définir ! », sourit Eugénie Binet-Tiessen, dircab à l'Université Jean-Monnet Saint-Étienne. Cela reste une question centrale : qui sont les dircabs et comment sont-ils perçus ?

« Nous sommes des facilitateurs », commence Agnès Gahigi, en poste à l'ENS Lyon. « Nous avons une fonction centrale, mais agissons dans la discrétion », ajoute Catherine Descours, de l'Université Paris-Saclay. Un équilibre entre lumière et ombre qui demande beaucoup de compétences socio-comportementales.

Bien que les fonctionnements et les stratégies diffèrent, au dire des participants, une formation entre homologues permet d’avancer sur de nombreuses problématiques communes.

 Et sortir de l’isolement

Autre objectif poursuivi par les stagiaires : se créer un réseau et sortir de leur solitude. « Dircab est une fonction très isolée, témoigne Catherine Descours. La formation est l’occasion de partager, d'échanger de bonnes pratiques. »

Elle permet aussi, lors des temps informels, de discuter avec des professionnels d’autres métiers. « Cela permet de confronter son regard », apprécie Sandra Vié. Un moment « ressourçant et renforçant », pour Anne-Lise Rosier, en fonctions à l'Université d’Avignon.

Dans ces deux aspects, la formation de l’IH2EF est une prolongation des activités de DircabESR. « Le réseau et la formation constituent un tout », dit Agnès Gahigi.

Parmi les « stagiaires », on ne compte que des membres de DircabESR qui accompagne et anime une partie des modules.

Une dimension politique à intégrer

Malgré une expérience sur l’ensemble positive, les dircabs souhaitent une intégration plus complète de leurs enjeux lors des conférences partagées avec les autres cadres de l’ESR. « Elles ne sont pas encore totalement dans notre scope. Nous ne sommes pas purement sur de l’administration, il y a une dimension politique de la fonction qui à prendre en compte », souligne Sandra Vié. 

Un aspect politique propre aux dircabs. Pour parler à tous, « on pourrait peut-être parler de politiques publiques », suggère Eugénie Binet-Tiessen. Ou alors imaginer des conférences ou ateliers en commun avec les directeurs généraux des services, corps de métier avec lequel les dircabs ont des enjeux liés.

Une première pour les agents comptables adjoints également

Les dircabs ne sont pas les seuls à suivre leur première formation initiale à l’IH2EF, les agents comptables sont cette année rejoints par leurs adjoints. « La nouveauté est que nous avons élargi la formation aux adjoints qui sont nos proches collaborateurs. Nous observons un équilibre entre les deux fonctions, qui représentent chacune la moitié des effectifs », dit José Morales, président de l’association des Agents comptables des universités et établissements du supérieur.

Les directeurs de cabinet eux n’en sont pas (encore) là : leur association n’est pas ouverte aux chefs de cabinet, autre collaborateurs essentiels au sein des équipes présidentielles.