« Que le terme “edtech” soit connu de tous ! » : le voeu de… Anne-Charlotte Monneret
Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs
Durant tout le mois de janvier, Campus Matin recueille les vœux de personnalités de l’enseignement supérieur pour 2022, une année marquée notamment par l’élection présidentielle. Cette semaine, micro-tendu à la déléguée générale d’EdTech France, Anne-Charlotte Monneret.
En ce début d’année, quel vœu formulez-vous pour la edtech en 2022 ?
Anne-Charlotte Monneret : Je formule le vœu que la edtech soit un sujet réellement présent dans la campagne présidentielle. J’aimerais que le terme “edtech” soit connu de tous les maires de France, tous les responsables de collectivités, tous les directeurs d’établissements publics et privés et de tous les étudiants. Et que tous les outils numériques soient mis en place, de la manière la plus intelligente et rationnelle possible, c’est-à-dire pour faciliter le travail des enseignants, accentuer le bien-être des étudiants et rapprocher le monde de l’entreprise de celui de l’enseignement supérieur grâce à la technologie.
Qu’attendez-vous de la présidentielle ?
Je souhaite que le sujet du numérique dans les universités et dans les écoles soit traité dans sa globalité. Cela implique aussi de repenser l’équipement des établissements pour qu’il y ait le plus d’équité possible sur le territoire et que cela soit pensé en termes de pédagogie, de formation et d’accompagnement au changement.
Que chaque établissement du supérieur dispose de budget dédié pour repenser sa pédagogie grâce au numérique. Que l’on investisse sur la formation au numérique des enseignants et des chercheurs. Que l’on facilite aussi la création d’outils numériques au sein des universités et des laboratoires de recherche.
Durant cette crise sanitaire, nous avons trop été dans le réactif
Durant cette crise sanitaire, nous avons trop été dans le réactif. L’enjeu de cette présidentielle est de parvenir à se projeter : Quelle sera l’université de demain avec le numérique ? Quelle sera la recherche de demain avec le numérique ? Comment pense-t-on la posture de l’enseignant demain, le bien-être des étudiants et surtout la capacité du supérieur français à rayonner dans le monde ?
Quels sont les projets que vous aimeriez voir aboutir cette année avec EdTech France ?
J’aimerais favoriser les points de rencontre entre les membres d’EdTech France et les acteurs du supérieur publics et privés, sous forme d’échanges informels et de grands temps forts pour tout écosystème. Nous avons d’ailleurs un groupe de travail très actif qui organise des sessions thématiques entre des établissements du supérieur et nos membres de manière informelle.
Nous organisons en avril une journée avec la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM) pour faciliter la collaboration entre les edtechs et les écoles de commerce.
J’aimerais aussi mettre en place des cycles d’acculturation et de discussion autour du numérique avec la Conférence des présidents d’université (CPU). Un projet que nous avions commencé à ébaucher avant la crise avec la Banque des Territoires sous forme de demies-journées pour que les présidents d’université et les vice-présidents numériques rencontrent les entreprises edtechs sur le terrain.
À l’automne prochain, nous aimerions monter avec l’European EdTech Alliance un grand événement européen qui aurait lieu en Allemagne. L’objectif : que tous les acteurs européens de l’éducation, les entreprises edtechs européennes, les enseignants et les décideurs du supérieur et de la formation professionnelle se rencontrent.
Avec qui aimeriez-vous collaborer ou créer du lien professionnel cette année ?
Nous avons déjà des échanges, formels ou informels, avec les associations du supérieur : la CPU, la Conférence des grandes écoles (CGE), la CFEDM, la Fédération internationale des universités catholiques et l’association des VP Num. J’aimerais renforcer ces liens et les rendre concrets.
C’est la première élection présidentielle d’EdTech France
Depuis la création d’EdTech France en mai 2018, nous avons développé des liens forts avec les acteurs publics, notamment avec les conseillers numériques de l’Éducation nationale, du ministère de l’enseignement supérieur et du Haut-Commissariat aux compétences… L’enjeu pour 2022 est de se rapprocher des responsables qui vont être élus en mai et d’assurer la continuité de ces liens, car c’est la première élection présidentielle d’EdTech France, et donc un vrai enjeu pour nous aussi !
Enfin, j’aimerais favoriser les liens entre EdTech France et les autres associations européennes avec comme objectif d’organiser des learning expeditions. Nos membres intéressés par la edtech suédoise pourraient par exemple s’y rendre lors d’un déplacement coordonné avec EdTech Sweden.
La tendance qui va marquer l’année ?
Nous allons arriver à une hybridation fonctionnelle et pérenne
Je ne pense pas que cela soit une tendance tech mais plutôt une tendance au niveau des usages. 2022 est l’année où la poussière est retombée. Nous allons arriver à une hybridation fonctionnelle et pérenne au sein des établissements, des entreprises et des organismes de formation.
La tendance sera pour moi un réel équilibre choisi entre présentiel et distanciel, synchrone et asynchrone. En 2021, il y a eu encore beaucoup de tâtonnements et l’hybridation réussie ne concernait que les établissements du supérieur déjà en avance sur le sujet. J’espère que 2022 sera le temps d’une hybridation, non subie et diffuse sur le territoire.
Un projet personnel que vous aimeriez voir aboutir en 2022 ?
Passer un peu moins de temps à Paris et un peu plus de temps dans la nature, en profitant du télétravail !
Quelles sont vos bonnes résolutions professionnelles ?
Je ne prends jamais de bonnes résolutions pour éviter de ne pas les tenir ! Ceci dit, j’aimerais avoir un rythme de travail avec des horaires qui ressemblent davantage au monde d’avant le télétravail, je ne suis pas la seule je pense ! Et puis, rester flexible, enthousiaste, optimiste, et essayer de répondre à toutes les sollicitations, ce que j’ai essayé de faire au mieux en 2021.
Une lecture inspirante à conseiller pour bien commencer l’année ?
L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Ce roman raconte l’histoire d’une femme, parisienne, qui revient sur le passé de son grand-père, harki algérien. Une histoire de non-dits et de temps qui passe.
En ce début d’année, je trouve important de se recentrer sur ce qui compte, sa famille, les origines, avec une lecture qui fait voyager.
Ce livre fait réfléchir à l’importance de l’héritage familial pour devenir la personne que l’on est. Ma famille étant pied-noir, ce genre de romans me parle toujours beaucoup, et je ne saurais que vous en recommander la lecture.