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Sommet IA : la filière edtech et les lauréats Demoes veulent apporter leur pierre à l’édifice

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Le Sommet international sur l’intelligence artificielle organisé à Paris en février comportera un volet sur l’IA au service de la réussite éducative, porté par EdTech France et les établissements lauréats des Demoes. Leurs objectifs : élaborer une charte des usages des IA génératives pour l’ESR, construire un référentiel de mesure de l’impact des solutions IA pour l’apprentissage et initier des collaborations entre les acteurs de l’écosystème.

Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle se tiendra à Paris en février 2025. - © Canva
Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle se tiendra à Paris en février 2025. - © Canva

Ce sera le premier grand rendez-vous international accueilli par la France en 2025. Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle réunira à Paris les 10 et 11 février chefs d’État et de gouvernements, organisations internationales, entreprises, chercheurs et universitaires…

Le Gouvernement a sélectionné au niveau international 35 défis « Convergence IA » regroupés en six grandes thématiques : la santé et les sciences du vivant, les compétences et métiers d’avenir, l’adaptation climatique et l’agriculture, la culture, l’information et la démocratie, l’inclusion, et les fondamentaux de l’IA.

L’association EdTech France et les projets lauréats des Démonstrateurs numériques de l’enseignement supérieur (Demoes) ont été choisis pour porter l’un de ces 35 défis consacré à l’IA au service de la réussite éducative.

« Ce défi n’est pas centré sur les technologies de pointe, mais aborde une question fondamentale : la transformation du service public, notamment dans le cadre de l’éducation », présente Lucie Jacquet-Malo, copilote du projet Convergence IA.

« Le Sommet IA est avant tout un prétexte pour engager des discussions et initier des collaborations. Notre approche n’est pas de prescrire des solutions, mais de proposer un point de départ pour initier des actions concrètes », poursuit-elle.

Proposer une charte des usages des IA génératives dans l’ESR

L’Université d’Orléans, lauréate des Demoes, est le premier établissement du supérieur à avoir publié une charte sur l’IA. - © D.R.
L’Université d’Orléans, lauréate des Demoes, est le premier établissement du supérieur à avoir publié une charte sur l’IA. - © D.R.

Les porteurs du défi comptent mettre en place plusieurs initiatives d’ici le sommet IA. À commencer par l’élaboration d’une charte sur les usages de l’IA générative dans l’ESR, inspirée de celle de l’Université d’Orléans publiée fin 2024.

« L’établissement faisant partie des lauréats Demoes, il était naturel pour nous de proposer aux tutelles et à l’État de concevoir une charte applicable à l’ensemble des établissements du supérieur et aux organismes de recherche », poursuit Lucie Jacquet-Malo.

Publiée lors du Sommet IA, cette charte a vocation à être adoptée par tous les établissements qui le souhaitent et « servir de référence pour un usage éthique et responsable de l’IA ». Elle contiendra des recommandations sous forme de « do » et « don’t ».

« Le livrable va s’appuyer sur le règlement européen sur l’IA, qui entrera en vigueur en 2026. Cette charte sera ensuite déclinée en bonnes pratiques, de manière à être applicable et utile au quotidien pour les enseignants-chercheurs », ajoute celle qui est aussi responsable du groupe de travail inter-Demoes sur la collaboration entre l’ESR et l’écosystème edtech.

Pour elle, le sommet IA est l’occasion de mobiliser un éventail d’acteurs et non uniquement les vice-présidents en charge du numérique. Ces derniers « sont déjà bien sensibilisés à ces questions de régulation des usages numériques, il est important de toucher aussi les VP formation et vie universitaire, ou recherche, qui doivent aussi déterminer comment leur établissement utilise de manière éthique l’IA ».

Un référentiel de mesures d’impact

Lucie Jacquet-Malo est copilote du projet Convergence IA au service de la réussite éducative. - © D.R.
Lucie Jacquet-Malo est copilote du projet Convergence IA au service de la réussite éducative. - © D.R.

À cette charte s’ajoutera la construction d’un référentiel de mesure de l’impact des solutions mobilisant les IA pour l’apprentissage, « avec quelques principes fiables et objectifs » permettant aux établissements et aux entreprises edtechs de savoir si un outil ou une solution est efficace.

« Certaines entreprises edtechs mènent des études d’impact objectives scientifiquement, mais toutes n’ont pas les moyens de le faire et n’ont pas la même définition de l’impact », explique Lucie Jacquet-Malo.

« L’idée n’est pas de préempter des solutions, ou d’être transmissif sur la démarche, mais de permettre une réflexion collégiale, qui fasse émerger des solutions, et permette d’entamer un dialogue entre le monde de la edtech et celui de l’ESR et l’éducation nationale. »

Un large appel à la mobilisation lancé

Pour alimenter ces différentes initiatives, les porteurs du défi ont lancé un appel large à la mobilisation « pour toucher un maximum de personnes intéressées par le sujet dans l’écosystème du supérieur et du scolaire. Nous étudierons attentivement leur profil et leur proposons d’enrichir le projet », précise Lucie Jacquet-Malo. Les personnes désireuses de participer peuvent se signaler via ce questionnaire.

En marge du Sommet IA, EdTech France et les Demoes organiseront aussi une table ronde « pour questionner l’écart entre le sentiment d’efficacité, qui vient assez naturellement lorsqu’on utilise une IA et l’efficacité réelle de ce dispositif, clairement moins facile à mettre en exergue ».

Valoriser le RAG de l’Université de Rennes

L’Université de Rennes fait partie des établissements lauréats des Demoes. - © Université de Rennes
L’Université de Rennes fait partie des établissements lauréats des Demoes. - © Université de Rennes

Enfin, EdTech France et les Demoes veulent promouvoir le retrieval augmented generation (RAG) de l’Université de Rennes, surnommé RagARenn. Cet outil s’appuie sur des données contrôlées et sécurisées et sur une IA générative souveraine. Il fonctionne en circuit fermé et contient des documents choisis par l’utilisateur (le règlement de l’université, son plan stratégique, les cadrages ministériels…), comme vous le racontait Campus Matin en juillet dernier.

« L’objectif est d’utiliser des exemples en dehors de l’ESR pour inspirer des pratiques. Par exemple, la RAG pourrait aider un agent d’une collectivité territoriale ou d’un hôpital à gérer un appel ou à trouver des informations fiables », imagine la copilote du projet Convergence IA.

« Les Demoes ont vocation à être des démonstrateurs, pour l’ensemble de l’ESR, mais aussi le service public. C’est une réussite pour les Demoes de participer au sommet IA, qui favorise un rapprochement avec des acteurs qui ne dialoguent pas toujours ensemble », conclut-elle.

Le programme du Sommet pour l’action sur l’IA

Parmi les porteurs des 35 défis sélectionnés par le Gouvernement figurent également côté ESR : HEC Paris, l’Institut du Cerveau avec l’AP-HP, le laboratoire de systèmes d’information répartis de l’École polytechnique fédérale de Lausanne ou encore l’agence allemande d’innovation de rupture, Sprind.

Le Sommet IA se déroulera sur plusieurs jours. En amont les 6 et 7 février se tiendront des journées scientifiques « l’IA pour la science et la science pour l’IA », organisées par l’Institut polytechnique de Paris, l’Inria et la communauté recherche concernée.

Les 8 et 9 février, plusieurs lieux de Paris accueilleront un week-end culturel ouvert au grand public. Point d’orgue du sommet, plus de 1 000 participants (représentants d’entreprises, associations, chercheurs…) se retrouveront le 10 février sous la verrière du Grand Palais autour de tables-rondes, de démonstrations de cas d’usages et de conférences. Enfin, le 11 février, ce sera au tour des chefs d’État et de gouvernements de se réunir pour une séance plénière.