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Accompagnateurs pédagogiques : le Pédagolab veut fédérer les francophones

Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie

Rencontre annuelle des accompagnateurs pédagogiques, le Pédagolab a soufflé ses dix bougies et s’ouvre à l’international. Du 24 au 26 mai, l’Anstia accueillait, à l’Université de Caen Normandie, 100 participants et pour la première fois des représentants de six pays afin de décrypter l’ingénierie pédagogique dans le monde francophone.

Des participants de six pays francophones ont rejoint les accompagnateurs pédagogiques français. - © Anstia
Des participants de six pays francophones ont rejoint les accompagnateurs pédagogiques français. - © Anstia

Les accompagnateurs pédagogiques — qu’ils soient ingénieurs, concepteurs, conseillers et designers pédagogiques — veulent étendre leur horizon ! Ils se tournent vers la francophonie pour observer la diversité de pratiques et imaginer des learning expeditions, lors de la dixième édition du Pédagolab.

Ce rendez-vous, proposé par l’Association nationale des services Tice et audiovisuels de l’enseignement supérieur et de la recherche (Anstia), se déroulait du 24 au 26 mai à l’Université de Caen Normandie.

Ingénierie pédagogique « à la française » : des pratiques diverses

L’Anstia envisage d’intégrer des membres de la francophonie. - © Anstia
L’Anstia envisage d’intégrer des membres de la francophonie. - © Anstia

Québec, Suisse, Belgique, Sénégal, Congo, Côte d’Ivoire… Le Pédagolab accueillait pour la première fois des représentants de plusieurs pays, en présentiel pour les uns et en hybride pour d’autres.

« Nous voulions avoir une vision du métier d’accompagnateur pédagogique dans le monde francophone. Cela a été riche, même si nous faisons le même métier, le positionnement diffère, que ce soit en Afrique ou au Québec », résume Sophie Guichard, vice-présidente communication de l’Anstia et responsable du pôle Tice de l’Université de la Polynésie française.

Une expérience de formation et de réseautage unique pour les participants étrangers qui n’ont pas d’association professionnelle équivalente à l’Anstia dans leurs pays respectifs. Le réseau français réfléchit donc à la possibilité d’intégrer ces nouveaux profils : « Nous avons travaillé sur les échanges que nous pourrons ouvrir et les perspectives d’évolution de l’association. »

Initier des échanges et mobilités entre pays francophones

L’objectif désormais, c’est de « mettre en réseau des collègues qui peuvent avoir envie un jour de faire une bourse d’échange », indique celle qui a été présidente de l’Anstia de 2021 à 2022.

Inciter de courtes mobilités professionnelles donc, mais aussi en organiser. « Nous nous sommes penchés sur la façon dont pouvaient être montées ces learning expeditions entre pays francophones. Cela consisterait à nous rendre dans un autre service, pendant une semaine par exemple, pour apprendre les uns des autres et voir ce que l’on peut ramener dans nos établissements. »

Lors du colloque, la manière de monter une learning expedition a ainsi fait l’objet d’ateliers. À partir des établissements d’origine des participants, une cartographie sera exploitée par l’Anstia qui envisage de porter « une à deux learning expeditions » dès 2024.

Les contours des learning expeditions

Quelles sont les différences entre une learning expedition et une résidence pédagogique ? « Les terminologies changent, mais l’idée est la même : au lieu d’être organisée par un établissement, la learning expedition rassemble un groupe de collègues — réunis par l’Anstia — qui partirait dans un établissement en France ou à l’international », répond Sophie Guichard.

Cela s’apparente aux mobilités pour les personnels organisées par Erasmus +. « Ce programme européen est un modèle pour organiser et financer ce projet. Il faudrait pouvoir faire évoluer le format de façon à intégrer plus de personnes. »

10 ans de Pédagolab : participer à la formation d’un métier en pleine expansion

Sophie Guichard est vice-présidente communication de l’Anstia. - © Anstia
Sophie Guichard est vice-présidente communication de l’Anstia. - © Anstia

« Avec une centaine d’ingénieurs pédagogiques présents chaque année, dix ans de Pédagolab c’est environ 1 000 personnes formées », résume Sophie Guichard. Ces journées se sont en effet construites autour de deux piliers : des temps de partage, mais aussi la formation des nouveaux venus par les plus anciens.

« Plus de 60 % des présents venaient pour la première fois au Pédagolab, les anciens ne s’y rendent plus : soit parce qu’ils sont devenus responsables et laissent leur place — peut-être pour des questions de budget — ou parce qu’ils se concentrent désormais sur le management. »

Preuve de l’ampleur des services d’ingénierie pédagogique : le Pédagolab se déroule pour la première fois au sein de l’un d’eux, le Centre d’enseignement multimédia universitaire caennais piloté par Jeanine Berthier et Elisabeth Schneider. Ce dernier est assez grand et équipé pour accueillir les participants, mais aussi réaliser du contenu vidéo. « Quand nous avons commencé ces rencontres, le métier émergeait, il est aujourd’hui bien connu même s’il n’est pas forcément reconnu », estime Sophie Guichard.

Un recueil de bonnes pratiques à venir

L’Anstia planche sur la construction d’un carnet de conseils pour l’accompagnateur pédagogique, inspiré des bonnes pratiques répertoriées pendant trois jours. Cette synthèse paraîtra avant le mois de juillet et sera diffusée auprès des membres.

À plus long terme, c’est la forme du Pédagolab qui sera repensée : « La limitation à une centaine de personnes était une volonté de notre part, mais aujourd’hui, la communauté s’est élargie. Au sein de l’Anstia qui compte 900 personnes, environ la moitié sont sur des missions d’ingénierie pédagogique. Est-ce le moment de passer à l’échelle ? De repenser les formats et le public cible ? Nous devons encore y réfléchir, mais l’ADN va sûrement évoluer », se projette Sophie Guichard.