Vie des campus

Le carnet de Campus Matin : les cinq prises de poste à retenir en février 2024

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

Un administrateur provisoire à la rescousse de l’Université Paris-Saclay, une conservatrice du patrimoine scientifique pour diriger l’association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, un spécialiste du secteur du gaming à la tête de la edtech Wooclap… Autant de prises de fonctions annoncées en février 2024 et décryptées dans votre rendez-vous mensuel.

Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions en février. - © Pxhere
Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions en février. - © Pxhere

Camille Galap, Laure Danilo, Baudouin Corman, Françoise Grolleau et Étienne Peyrat : ces personnalités ont été nommées à de nouvelles fonctions dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche en février 2024. Découvrez leur parcours et leurs nouvelles missions !

1. Camille Galap, administrateur provisoire de l’Université Paris-Saclay

Camille Galap est nommé administrateur provisoire de l’Université Paris-Saclay, apprend News Tank le 1er mars, en raison de la fin du mandat de la présidente sortante, Estelle Iacona.

À l’issue des élections pour les conseils centraux qui se sont déroulées du 29 janvier au 2 février, Estelle Iacona a obtenu quatre sièges au conseil d’administration de l’Université Paris-Saclay. Son adversaire, Yves Bernard, ancien directeur de l’école d’ingénieurs Polytech Saclay a obtenu six sièges grâce au soutien de la CGT et la FSU ; les autres sièges allant à des syndicats.

Par deux fois, les élus au conseil d’administration se sont réunis pour élire les 18 personnalités qualifiées extérieures qui allaient les rejoindre dans la gouvernance de l’établissement. Mais la liste proposée par le comité de direction élargi de l’établissement dont fait partie Estelle Iacona, a finalement été rejetée par le conseil d’administration, bloquant de fait le vote pour désigner la présidence.

Derrière cette impasse se cachent des tensions sur la transformation institutionnelle de l’université, avec une sortie de l’expérimentation prévue au 1er janvier 2025. L’intégration sans fusion des universités d’Évry et de Versailles dans le futur grand établissement à la même date doit entraîner des modifications statutaires. Une évolution que plusieurs composantes et organisations syndicales jugent précipitée. 

Initialement prévue les 5 et 6 mars, la visite du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur à l’Université Paris-Saclay, préalable à la sortie de l’expérimentation a été reportée, à la demande de l’établissement.

Outre la gestion des affaires courantes, Camille Galap aura la mission périlleuse d’apaiser la situation, trouver un compromis entre toutes les parties prenantes, voire organiser de nouvelles élections si besoin.

Un ancien président d’université rodé aux administrations provisoires

Camille Galap est conseiller site et établissements auprès du ministère de l’ESR depuis novembre 2019. - © D.R.
Camille Galap est conseiller site et établissements auprès du ministère de l’ESR depuis novembre 2019. - © D.R.

Spécialiste en biologie des organismes, Camille Galap est professeur à l’Université du Havre Normandie depuis 1997. Il s’implique dans la gouvernance de l’établissement et occupe successivement le poste de vice-président du conseil des études et de la vie universitaire, puis président de 2005 à 2012. À l’échelle nationale, il est aussi vice-président en charge de la vie étudiante et des questions sociales de la Conférence des présidents d’université (désormais France Universités).

En décembre 2014, Camille Galap est nommé recteur de l’Académie de Guadeloupe, avant de rejoindre le ministère de l’enseignement supérieur en novembre 2019 comme conseiller site et établissements auprès du ministère de l’ESR.

Il a déjà été administrateur provisoire. D’abord à l’Université Jean-Monnet-Saint-Etienne de février à mai 2021, puis à l’ENS Paris-Saclay de juin 2021 à novembre 2022. Il a par ailleurs été candidat à la présidence de l’ENS de Lyon en 2023.

2. Laure Danilo, présidente de l’Amcsti

La conservatrice responsable du Muséum d’Orléans pour la biodiversité et l’environnement, Laure Danilo est élue présidente du conseil d’administration de l’Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle (Amcsti), annonce l’association le 21 février. Elle succède à Sabine Ischia, directrice du centre de culture scientifique, technique et industrielle, Le Vaisseau, à Strasbourg.

Son parcours

Laure Danilo est docteure en paléontologie. - © Amcsti
Laure Danilo est docteure en paléontologie. - © Amcsti

Laure Danilo obtient un doctorat en paléontologie de l’Université de Montpellier en 2012. Elle travaille dans plusieurs musées avant de suivre une formation pour devenir conservatrice du patrimoine scientifique, technique et naturel, et d’intégrer le Muséum d’Orléans en 2017.

Elle est aussi formatrice à l’Institut national du patrimoine depuis 2017. Elle a également été responsable scientifique de formation à l’Office de coopération intermuséal (2018-2021), et formatrice à l’Institut national des études territoriales (2018-2022).

Sa feuille de route présentée le 21 mars

Quatre autres vice-présidents ont été élus aux côtés de Laure Danilo : 

  • Bertrand Thibault, directeur de la Maison des sciences de Bastia ;
  • Nicolas Beck, directeur de la vie universitaire et de la culture et chargé de mission sciences avec et pour la société à l’Université de Lorraine ;
  • Laurent Chicoineau, directeur du Quai des Savoirs de Toulouse ;
  • et Bruno Dosseur, directeur du Dôme à Caen. 

Laure Danilo présentera sa feuille de route en conseil d’administration le 21 mars. « Parmi les sujets en réflexion, nous travaillons tout autant autour de questions essentielles de gouvernance, de service aux membres du réseau qu’autour d’enjeux stratégiques liés aux territoires, aux dynamiques locales qui nourrissent la force du réseau national ou encore au dialogue indispensable entre différentes formes de partage des savoirs », indique-t-elle dans un message adressé aux membres de l’Amcsti.

3. Baudouin Corman, CEO de Wooclap

Baudouin Corman est nommé CEO de Wooclap, annonce la société edtech belge spécialisée dans la pédagogie interactive le 26 février. Il succède à Sébastien Lebbe, cofondateur et président exécutif de l’entreprise qui souhaite se concentrer sur le développement de la stratégie IA de Wooclap.

Baudouin Corman rejoint Wooclap en tant que CEO. - © D.R.
Baudouin Corman rejoint Wooclap en tant que CEO. - © D.R.

Un fin connaisseur du secteur du gaming

Diplômé de l’Essec en 1998, Baudouin Corman a principalement travaillé pour Gameloft, une entreprise internationale spécialisée dans le développement de jeux vidéos. Il intègre cette société en février 2005, comme responsable du développement commercial en Amérique latine.

Il y occupe ensuite plusieurs fonctions, notamment directeur général du marché américain, puis directeur des opérations de mars 2018 à mai 2023. 

« L’arrivée de Baudouin chez Wooclap est une étape clé pour le développement de notre start-up. Son expérience internationale dans le secteur du gaming, où l’engagement et l’innovation sont cruciaux, va nous permettre de repousser encore les limites de l’engagement des étudiants dans leur apprentissage », réagit le fondateur de Wooclap, Sébastien Lebbe.

Les fondateurs de Wooclap, Sébastien Lebbe (à gauche) et JonathanˑAlzetta (à droite) passent la main à  Baudouin Corman (au centre). - © D.R.
Les fondateurs de Wooclap, Sébastien Lebbe (à gauche) et JonathanˑAlzetta (à droite) passent la main à Baudouin Corman (au centre). - © D.R.

Développer l’intelligence artificielle

Créé en 2015 par Jonathan Alzetta et Sébastien Lebbe, deux ingénieurs de l’École polytechnique de Bruxelles, Wooclap conçoit pour le secondaire et l’enseignement supérieur une plateforme favorisant l’interactivité des cours (Wooclap) et une plateforme de microlearning en asynchrone (Wooflash).

Elle a lancé en mars 2023 Quiz Wizard, un outil basé sur l’intelligence artificielle permettant de créer automatiquement des QCM ou des fiches de révision. L’entreprise a franchi le cap des 50 millions d’utilisateurs en septembre dernier.

Sébastien Lebbe travaillera toujours pour la edtech belge. « Son attention sera concentrée sur deux axes d’innovation clés pour l’enseignement : l’intelligence artificielle et l’application de principes de neurosciences dans les technologies d’apprentissage », précise Wooclap.

4. Françoise Grolleau, présidente de l’Université d’Angers

Le conseil d’administration de l’Université d’Angers a élu Françoise Grolleau à la présidence de l’établissement le 22 février. Celle qui était jusqu’alors première vice-présidente de l’université succède à Christian Roblédo qui avait fait deux mandats successifs.

La candidature de Françoise Grolleau comptabilise 21 voix contre 11 pour son adversaire Christophe Daniel, doyen de la faculté de droit, d’économie et de gestion. Trois votes blancs ont aussi été décomptés.   

Une professeure en neurosciences spécialiste de l’international

Françoise Grolleau est élue présidente de l’Université d’Angers le 22 février. - © Université d’Angers
Françoise Grolleau est élue présidente de l’Université d’Angers le 22 février. - © Université d’Angers

Professeure en neurosciences, Françoise Grolleau est titulaire d’un doctorat. Elle est recrutée à l’Université d’Angers en 1997, après un postdoctorat à Cambridge. Elle occupe différentes fonctions de gouvernance dans l’établissement : membre du Conseil d’administration de 2016 à 2020, vice-présidente en charge de l’international de 2016 à 2022 puis première VP.

Françoise Grolleau s’est particulièrement impliquée dans les sujets internationaux. En 2006, elle crée la première Cellule Europe des Pays de la Loire, puis fonde en 2011 le service Europe et recherche du pôle de recherche et d’enseignement supérieur Nantes Angers Le Mans.

Ses défis : recherche, formation, vie étudiante…

Après la dissolution de la Comue Université Bretagne Loire, l’Université d’Angers est membre de la Comue expérimentale Angers Le Mans depuis janvier 2022. La nouvelle présidente de l’établissement devra donc consolider les liens avec les autres établissements du site, et faire aboutir un modèle pérenne. Candidate à l’appel à projets Excellences, la Comue n’avait pas réussi à figurer parmi les lauréats.

D’autres défis l’attendent. Dans son rapport d’évaluation publié en février 2022, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur pointait notamment « une charge de travail des personnels qui atteint ses limites » et « une définition insuffisante des objectifs stratégiques de développement, qui empêche la hiérarchisation des projets et risque d’être à l’origine d’une dispersion des énergies ». Il recommandait entre autres de : 

  • Affirmer, formaliser et mettre en œuvre une stratégie qui inverse l’évolution de la situation financière.
  • Développer des actions de soutien à la recherche, notamment en coordination avec les EPST.
  • Renforcer l’accompagnement au montage de projets et améliorer leur mode de gestion.
  • Coordonner les nombreuses initiatives en matière de vie étudiante à l’échelle de l’établissement pour améliorer leur dissémination au bénéfice de l’ensemble de la communauté.

5. Étienne Peyrat, directeur de Sciences Po Lille

Étienne Peyrat est, depuis le 1er mars, le nouveau directeur de Sciences Po Lille. Une nomination entérinée par arrêté de la ministre de l’enseignement supérieur publié au Journal officiel le 23 février. Il était le seul candidat en lice pour succéder à Pierre Mathiot qui n’a pas souhaité se représenter.

Un historien à la tête de l’IEP

Le nouveau directeur de Sciences Po Lille, Étienne Peyrat est maître de conférences en histoire. - © D.R.
Le nouveau directeur de Sciences Po Lille, Étienne Peyrat est maître de conférences en histoire. - © D.R.

Diplômé en histoire de l’Université Paris 1 — Panthéon Sorbonne, de l’ENS — PSL et titulaire d’un doctorat de Sciences Po Paris, Étienne Peyrat intègre l’université turque Galatasaray Üniversitesi en 2009 comme chargé de cours, puis Sciences Po Paris, cette fois en tant que chercheur postdoctoral.

En 2016, il est attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Polytechnique des Hauts-de-France. Il rejoint Sciences Po Pille en 2017 en tant que maître de conférences. En parallèle, il est chercheur associé au Centre d’histoire de Sciences Po Paris et chercheur à l’Institut de recherches historiques du Septentrion de l’Université de Lille.

En 2019, il devient directeur de la stratégie et des relations institutionnelles de l’IEP lillois, avant d’être nommé en janvier 2022 VP en charge de la gouvernance et du pilotage de l’établissement public expérimental Université de Lille, dont Sciences Po Lille est établissement composante. 

Ses projets pour l’institut d’études politiques

Le nouveau directeur de Sciences Po Lille veut consolider le modèle de l’institut politique. « Je souhaite réfléchir à donner à l’établissement des axes spécifiques. Un des champs à explorer concerne la santé  : l’Université de Lille est l’établissement avec la plus grande faculté de santé et du sport en France, avec des expertises très reconnues dans le domaine clinique, la recherche et les initiatives de santé publique, avec une forte attention au territoire », expliquait-il avant sa nomination à News Tank (abonnés)

« Sciences Po Lille a un positionnement généraliste assumé. Le défi pour nous est d’identifier les points forts et axes stratégiques que nous souhaitons mettre en avant, pour valoriser plus fortement encore notre offre et notre image de marque. » 

L’ouverture d’un bâtiment supplémentaire à la fin de l’année 2024 est également programmée pour « densifier notre présence au sein de la Métropole européenne de Lille ». Enfin, celui qui succède à l’emblématique Pierre Mathiot, l’artisan de la réforme du bac devra aussi s’imposer et incarner l’IEP !