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La crise sanitaire impacte faiblement l’insertion des docteurs

Par Marine Dessaux | Le | Doctorat

En décembre 2021, trois ans après la validation de leur thèse, 92 % des docteurs occupent un emploi, soit un taux d’insertion en légère baisse seulement par rapport à celui des diplômés de 2016 (93 %) au même moment de leur parcours professionnel. Une donnée relevée par le service des études statistiques du ministère de l’enseignement supérieur. Analyse.

Les hommes demeurent plus insérés professionnellement que les femmes. - © Rawpixel Ltd.
Les hommes demeurent plus insérés professionnellement que les femmes. - © Rawpixel Ltd.

Le chiffre : 92 % des docteurs ont un emploi, trois ans après leur thèse

Dans un contexte de crise sanitaire, l’insertion en décembre 2021 des docteurs diplômés en 2018 est plus difficile, mais reste comparable à celle des docteurs diplômés en 2016 au même moment de leur parcours professionnel. En effet, ils sont 92 % contre 93 % à occuper un emploi, trois ans après l’obtention de leur doctorat.

Dans le détail, on observe que :

  • 67 % des répondants ont un emploi stable ;
  • 96 % ont un emploi en tant que cadre ;
  • et 95 % travaillent à temps plein.

La source : qui a produit ces statistiques ?

Ces données proviennent du service des études statistiques du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le Sies. Publiée le 25 octobre, la note flash analyse le « Faible impact de la crise sanitaire sur l’insertion professionnelle à trois ans des docteurs ».

Des conclusions qui sont le fruit d’une enquête biennale mise en place en 2015 sur l’insertion professionnelle des docteurs : IPDoc.

La méthode

Pour sa quatrième édition, IPDoc 2021, étudie l’insertion à trois ans des docteurs par discipline, par sexe et par nationalité répartis dans une soixantaine d’établissements délivrant des doctorats.

13 162 docteurs diplômés en France, toutes nationalités et tous âges confondus, sont entrés dans le champ de cette enquête, sur 14 065 diplômés en 2018. Le taux de réponse net à l’enquête, parmi ces profils sollicités, est de 59 %. « Ces réponses ont été redressées de manière à ce qu’elles soient représentatives de l’ensemble des docteurs diplômés en 2018 », précise le Sies.

De 2018 à 2021, un contexte de crise sanitaire puis de reprise

De 2018 à 2021, les docteurs ont subi la crise sanitaire avant que reprenne l’activité salariale. Durant l’année suivant la soutenance, en 2018, le contexte est favorable : l'emploi salarié progresse de 1,1 %. 2019 est également une bonne année pour l’insertion des docteurs : 484 000 emplois ont été créés soit davantage qu’en 2018 (+ 212 000), notamment dans le secteur privé. L’année suivante, 2020, est cependant marquée par l'épidémie de Covid-19, au cours de laquelle l'emploi a fortement baissé (-217 000 recrutements).

En 2021, près de 855 000 emplois ont été créés, « principalement dans le secteur privé, dépassant le niveau d’avant-crise et créant ainsi des conditions d’insertion qui redeviennent plus favorables trois ans après l’obtention d’un doctorat en 2018 », indique la note Sies. S’ajoutent également les mesures prévues par la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, notamment en faveur du recrutement et du financement de la recherche en France.

Emploi des docteurs : le secteur académique diminue, la recherche privée moins impactée

Bien qu’il reste le premier employeur des docteurs, la place du secteur académique diminue : 44 % y exercent contre 47 % des docteurs de la promotion 2016.

Cette baisse s’observe pour l’ensemble des disciplines. Elle est très prononcée parmi les docteurs en sciences du vivant (-9 points). En sciences exactes et applications, la part de docteurs en emploi dans le secteur académique baisse plus légèrement (40 % des diplômés 2018 contre 41 % des diplômés 2016).

La recherche privée, de son côté, est moins affectée par cette baisse (-1 point pour toutes les disciplines confondues, -3 points en sciences exactes et applications ainsi qu’en sciences du vivant).

Des docteurs qui travaillent de plus en plus en dehors de la recherche

La part des docteurs qui travaillent dans la recherche, publique comme privée, diminue : 62 % contre 66 % pour la promotion 2016. Cette désaffection s’effectue « au profit du secteur public hors secteur académique et du secteur privé hors R&D », rapporte le Sies.

Conditions d’emploi : le fossé se creuse selon les disciplines

C’est en sciences humaines et humanités (21 %) et sciences de la société (19 %) que les docteurs de la promotion 2018 sont le moins satisfaits de leur situation professionnelle.

La stabilité dans l’emploi diffère plus encore selon la discipline : en sciences du vivant, seuls 53 % des docteurs occupent un emploi stable. À l’opposé, 71 % des docteurs en sciences exactes et applications et 73 % des docteurs en sciences de la société bénéficient d’un emploi stable.

Des inégalités persistantes entre hommes et femmes

« Les hommes demeurent plus insérés que les femmes et bénéficient de meilleures conditions d’emploi, bien que les inégalités se réduisent légèrement entre les deux cohortes », observe le Sies.

En effet, les hommes sont non seulement plus nombreux à obtenir un doctorat (56 %), ils ont également plus souvent accès aux emplois stables (68 %) que les femmes (65 %).

L'écart se réduit un peu au niveau de l’insertion : celle des hommes diminuant à 93 % tandis que celle des femmes reste stable (91 %). Une amélioration qui s’observe aussi sur le niveau de poste et la temps de travail : 96 % des hommes sont cadre à temps plein pour 94 % des femmes.