Université de Montpellier : comment le PUI aide étudiants, doctorants et jeunes chercheurs à innover
Piloté par l’Université de Montpellier, le Pôle universitaire d’innovation montpellierain organisait de son « Afterwork 2025 de l’innovation » le 8 juillet. Principal objectif de cette sixième édition : présenter les nombreux outils à disposition des étudiants et doctorants souhaitant se lancer dans un parcours d’innovation. À cette occasion, sept prix ont été décernés et une convention signée entre l’université, la métropole et la Satt AxLR.


« Je veux formuler un vœu simple : que Montpellier, avec l’excellence académique qui fait la force de ce territoire en matière de recherche, soit le territoire avec le plus de créateurs et créatrices d’emplois, d’entreprises, d’innovations et de brevets », a déclaré Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, lors de l’Afterwork 2025 de l’innovation, animé par News Tank Éducation et Recherche qui édite Campus Matin.
Un objectif auquel tente de contribuer le Pôle universitaire d’innovation (PUI) de Montpellier. En effet, « depuis 2023, nous avons mis en œuvre une vigie de l’innovation au cœur du PUI : le comité d’innovation et d’investissement, pour qu’aucun projet d’innovation de notre territoire n’échappe à son œil bienveillant », indique Philippe Combette, vice-président chargé des partenariats et de l’innovation à l’Université de Montpellier et coordinateur du PUI.
Il précise que cet organe de gouvernance s’est déjà réuni 17 fois « et nous a permis d’accompagner une centaine de projets, sur plus de 200 analysés, avec des financements qui dépassent aujourd’hui les 5 millions d’euros ».
Sur 2024, quelques chiffres concrets :
- 20 laboratoires communs avec des entreprises ;
- 5 lauréats I-Lab ;
- près de 300 contrats signés ;
- 182 thèses Cifre.
L’Université de Montpellier, à travers son PUI, se transforme en cœur de réseau
« En s’engageant dans l’innovation sous toutes ses formes, l’Université de Montpellier, à travers son Pole universitaire d’innovation, se transforme en cœur de réseau, à l’interface entre acteurs qui organisent la mise en synergie des savoirs grâce à une multidisciplinarité assumée », résume Philippe Combette.
Également présent à cet afterwork, Gérard Vilarem, délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la région Occitanie. « Nous arrivons à une étape de maturité du PUI qui permet de la souplesse et de l’agilité dans les décisions, indique-t-il. En matière d’innovation, il faut agir groupés, parfois en mode commando, parfois en mode plus large. »
Une convention « pour qu’ici cela paraisse plus simple qu’ailleurs »

« Nous signons une convention tripartite entre l’université, la métropole et la société d’accélération du transfert de technologies (Satt) en vue d’être encore plus lisibles, clairs et alignés […], pour que tous les dispositifs possibles puissent être activés, de l’État et de la région : pour qu’ici cela paraisse plus simple qu’ailleurs, déclare encore Michaël Delafosse. En travaillant ensemble, nous abaissons les conditions d’accès au seuil de l’innovation et de la création. »
Pour Philippe Nérin, président de la Satt AxLR, cette convention « va donner une force supplémentaire à notre écosystème qui est aujourd’hui extrêmement développé, avec une montée en puissance extrêmement forte ces dix dernières années ».
Il précise que depuis sa création il y a 12 ans, la Satt AxLR « a investi près de 85 millions d’euros dans 200 projets et a accompagné 150 start-up sur le territoire […] avec plusieurs milliers d’emplois créés et plus de 200 millions d’euros de masse salariale versés ».

Par ailleurs Philippe Nérin voit aussi dans cette convention tripartite, un levier pour :
- « donner plus de visibilité, permettre de travailler plus en groupe en vue de l’élaboration d’un mature builder porté par l’ensemble des partenaires pour accélérer l’investissement au-delà des actions de recherche et d’innovation menées dans le PUI » ;
- « nous donner une taille critique pour convaincre des investisseurs au niveau national et européen de venir investir ici sur nos start-up ».
Kate Rivière, responsable de l’incubateur Initium évoque aussi un projet de mutualisation des programmes de formation proposés par les différents incubateurs présents sur le territoire montpellierain « car il peut y avoir une certaine redondance entre les différents acteurs ».
Les thèses Cifre défendues
Le dispositif de conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) a aussi fait l’objet d’un focus particulier par la présence de Pascal Giat, chef du service Cifre à l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT).

Parmi les employeurs impliqués dans le dispositif Cifre, « on trouve 40 % de grands groupes, 31 % de petites et moyennes entreprises, 13 % d’entreprises de taille intermédiaire, le reste étant composé d’associations, de collectivités territoriales, des parcs régionaux, etc. » Depuis sa création en 1981, près de 36 000 docteurs ont été formés via le dispositif Cifre.
Pascal Giat indique aussi qu’après leur thèse, « un tiers des doctorants Cifre reste dans l’entreprise, un tiers migre dans une autre entreprise et un tiers se tourne vers des concours de la fonction publique. Et cinq ans après, près de trois quarts sont dans le secteur privé et un quart dans le secteur public ». Enfin, parmi les doctorants Cifre, « entre 5 et 11 % créent leur entreprise ».
Une thèse Cifre avec Saint-Gobain sur le recyclage de résines
Logan Chevret mène une thèse Cifre impliquant Saint-Gobain Recherche Paris et l’Institut Charles Gerhardt Montpellier. Son sujet de thèse vise à développer une voie de recyclage de résines utilisées dans la laine de verre, les plaquettes de freins, des matériaux abrasifs, etc. Ces résines phénoliques constituent l’un des déchets les plus solides de l’industrie chimique voués à l’incinération ou à l’enfouissement.
Saint-Gobain Recherche Paris a mobilisé des fonds pour embaucher des stagiaires et poursuivre les recherches. Le projet a aussi bénéficié de fonds du dispositif « Companies & campus » d’accompagnement à la recherche innovante « qui nous a octroyé 50 000 euros pour poursuivre mes recherches, ce qui nous a permis d’embaucher un ingénieur d’études pour m’accompagner au quotidien pendant un an ».
Logan Chevret a également participé à la PhD innovation week « durant laquelle l’exercice consistait à essayer de créer une start-up fictive à partir d’un brevet, en étant aidés par tous les acteurs de l’innovation présents : des incubateurs, Pepite, Bpifrance, etc. ». Deux brevets ont déjà été déposés, et d’autres demandes d’invention sont en cours d’étude. Le doctorant a pour projet de créer une entreprise dans l’avenir.
Initium, un incubateur pour les jeunes chercheurs comme les étudiants
Autre structure au service de l’innovation : l’incubateur Initium de l’Université de Montpellier. « Initium accompagne les étudiants, doctorants, jeunes chercheurs et personnels de l’université dans leurs projets de valorisation de recherches, à travers la création d’entreprises », indique sa responsable Kate Rivière.

« Nous faisons aussi beaucoup d’opérations de sensibilisation, car plus l’acculturation est précoce, plus la structuration du projet sera rapide, plus le projet sera efficace, plus l’équipe se constituera, plus la création sera facile, plus le développement économique sera efficient sur le territoire », ajoute-t-elle.
Initium fait aussi de l’accompagnement, à travers des formations de prestataires, « pour faire progresser les projets :
- tant sur un point de vue BRL (de l’anglais business readiness level) sur les parties économiques, juridiques et réglementaires ;
- que d’un point de vue TRL (technology readiness level) sur l’accompagnement technologique ».
L’accompagnement d’Initium : un étudiant témoigne
Yannig Lepecq, étudiant en master 2 sciences du bois à l’Université de Montpellier, développe un projet innovant pré-incubé par Initium : « Il s’agit de créer des matériaux composites biosourcés pour la course au large dans le secteur du nautisme. En remplacement du stage de M2, j’ai été pré-incubé par Initium pour développer ce projet. »
« Initium m’apporte un soutien assez intensif, notamment via une tutrice attribuée avec qui j’ai un rendez-vous toutes les deux semaines pour l’aide à la création d’une start-up sur les volets juridique et entrepreneurial, domaines dans lesquels je n’y connais rien… cela me sauve la vie ! ». Il est accompagné dans son projet par le Laboratoire de mécanique et génie civil de Montpellier.
PhD innovation week, statut d’étudiant entrepreneur innovateur… : les autres outils du PUI pour les étudiants

« Les étudiants constituent une priorité dans le cadre du PUI et quasiment toutes les composantes de l’université sont impliquées », déclare Agnès Fichard-Caroll, vice-présidente chargée de la formation et de la vie universitaire de l’Université de Montpellier.
Et la VP de lister d’autres outils déployés par l’université et le PUI pour accompagner les étudiants souhaitant se lancer dans un parcours d’innovation :
- Actions d’information et de sensibilisation en lien avec la direction de l’innovation et des partenariats de l’université, le business innovation center de Montpellier et l’incubateur Initium « sous forme de webinaires et d’ateliers ».
- Le diplôme consultant junior délivré après un programme de quatre mois dispensé à des étudiants de master 2 « qui leur fait prendre connaissance de la posture de consultant pour aider des projets à aboutir » ; tous les étudiants incubés par Initium peuvent avoir un soutien par ces étudiants consultants juniors de M2.
- Le statut étudiant entrepreneur innovateur « développé en lien avec la signature de notre I-site : nourrir, soigner, protéger », offrant des aménagements dans les études pour développer des projets de recherche, de propriété intellectuelle, de management et d’organisation, etc., « avec un accompagnement via du mentorat, des formations, l’accès à des ressources ».
Ce nouveau statut est « une initiative de l’Université de Montpellier consistant à amener tous les outils à des étudiants qui ont envie de se lancer dans l’entrepreneuriat via des emplois du temps libérés, des formations, du mécénat, des accès aux structures de l’université », précise Kate Rivière d’Initium. Cela peut concerner des projets scientifiques ou technologiques, mais aussi en sciences sociales, des profils business qui n’ont pas encore d’idée de start-up, etc.
Un semaine dédiée à l’innovation doctorale
Autre dispositif mis en avant lors de cet Afterwork 2025 de l’innovation : la « PhD innovation week » organisée par le collège doctoral de l’Université de Montpellier et à laquelle a aussi participé Logan Chevret. Il témoigne : « durant cette semaine, l’exercice consistait à créer une start-up fictive à partir d’un brevet, en étant aidés par des acteurs de l’innovation : des incubateurs, Pépite, Bpifrance, etc. ».

Philippe Combette salue au passage « les initiatives portées par le collège doctoral de l’Université de Montpellier, et notamment la formation ‘Répondre à un appel à projet pour financer sa recherche’, avec un volet ‘projets à fort potentiel de valorisation’ qui servira de tremplin pour la PhD innovation week en 2026 ».
Selon lui, à travers ce programme très spécifique, le collège doctoral accompagné par l’incubateur Initium, « veut réellement transformer une idée préconçue consistant à assurer qu’on ne peut innover qu’à partir de 45 ans au sommet de sa carrière académique. Or nous ne sommes pas si différents de certains pays de l’OCDE :
- où l’âge moyen des innovateurs est de moins de 40 ans,
- et où lors d’un entretien d’embauche pour un doctorat, le superviseur pose la question du modèle économique de la future start-up à créer ».
Au final, « le PUI s’est branché sur la fréquence jeunes, c’est important pour qu’ils puissent voir à quoi ils ont accès », résume Gérard Vilarem.
Les sept prix décernés

- Prix de l’innovation - pôle « chimie » de l’UM : Gilles Subra pour la chaire industrielle ANR Sicle. e, qui développe une méthode de tannage du cuir à l’acide silicique en remplacement du chrome, permettant une valorisation innovante des déchets du cuir au bénéfice notamment du secteur agricole. Un projet porté par l’Institut des biomolécules Max Mousseron, l’Institut Charles Gerhardt Montpellier et l’unité BioWooEB. Deux brevets ont déjà été déposés.
- Prix de l’innovation - pôle « biologie santé » de l’UM : Eric Kremer pour le projet CAVisca, une approche génique innovante contre le syndrome de Dravet, une forme sévère d’épilepsie infantile qui peut provoquer jusqu’à une vingtaine de crises d’épilepsies par semaine. Une start-up est en cours de développement.
- Prix de l’innovation - pôle « sciences sociales » de l’UM : Sandrine Grenier pour la chaîne YouTube Droit dans l’objectif, qui propose une lecture ludique et scénarisée du droit à travers des courts et moyens métrages, offrant une nouvelle approche pédagogique de la justice.
- Prix de l’innovation - pôle « agriculture, environnement, biodiversité » de l’UM : William Arditi pour Scanorhize, un capteur souterrain utilisant l’IA et permettant de visualiser la dynamique des racines dans le sol, sans excavation, pour une agriculture durable. La start-up Humeos commercialisera le produit.
- Prix de l’innovation - pôle « mathématiques, informatique, physique, systèmes » de l’UM : Kévin Yauy pour DocSimulator, une plateforme exploitant l’IA générative pour former les étudiants en santé via des patients virtuels simulés, favorisant l’apprentissage des compétences médicales et relationnelles.
- Prix coup de cœur : Magali Taulan-Cadars pour un traitement de la mucoviscidose via une bithérapie innovante par inhalation combinant ADN et peptides, en voie de valorisation par la future start-up Aceso Therapeutics, issue du laboratoire PhyMedExp.
- Nouveau Prix coup de cœur Montpellier Méditerranée Métropole : Aurélie Perrin pour une solution permettant d’encapsuler des actifs biologiques dans des polymères naturels, destinés à remplacer les pesticides en agriculture, via une stratégie biologique de vers prédateurs ciblés. Une start-up devrait voir le jour d’ici fin 2025.