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Et sinon, dans la vie… Erwan Paitel court vers l’équilibre avec l’hyrox


Cet été, Campus Matin vous propose de découvrir des personnalités de l’ESR sous une nouvelle facette : celle de leur hobby ou activité secondaire. Pour ce premier épisode, Erwan Paitel, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, qui a notamment été conseiller au cabinet de l’ancienne ministre de l’Esri, Frédérique Vidal, raconte à Campus Matin sa passion pour la course et l’hyrox, qui combine running et exercices de fitness intenses.

L’hyrox est une compétition de fitness en intérieur. - © D.R.
L’hyrox est une compétition de fitness en intérieur. - © D.R.

Parlez-nous de vos passions ! Comment ont-elles commencé ?

Erwan Paitel : J’ai deux hobbies, tous les deux liés au sport : je cours beaucoup et, plus récemment, je me suis mis à l’hyrox.

Ma passion pour la course a commencé en lien direct avec mon activité professionnelle. En 2022, j’étais conseiller en charge de la formation et des politiques de site de la ministre de l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation d’alors, Frédérique Vidal. C’était encore la période Covid et j’ai été infecté. J’ai développé une complication cardiaque : de la bradycardie, mon cœur se mettait à battre trop lentement à l’effort, ce qui me faisait me sentir particulièrement mal.

Au début, je pensais que c’était directement lié au Covid et que ça passerait. Et puis, nous avons commencé à en parler au sein du cabinet, qui est comme une petite famille. D’abord avec Yann Jacob, le chef de cabinet adjoint avec qui j’ai notamment travaillé sur les campus connectés, devenu un ami. Puis avec Christine Amirati, la conseillère en charge de la santé et de la formation, en qui j’ai découvert une personne qui allait aussi devenir une amie. En tant qu’urgentiste, elle a changé ma perception de cette maladie quand j’ai commencé à lui parler de mes symptômes. Elle m’a dit : « Il faut absolument que tu fasses des examens. »

Elle m’a envoyé à la Pitié Salpêtrière. J’ai passé des examens, il y avait quelques anomalies, mais rien de très clair. Finalement on m’a dit d’attendre, de voir.

Erwan Paitel a fait deux marathons, le Nice-Cannes et celui de Saint-Tropez. - © D.R.
Erwan Paitel a fait deux marathons, le Nice-Cannes et celui de Saint-Tropez. - © D.R.

En avril 2022, quand j’ai quitté le cabinet, j’ai adopté un autre rythme de vie. Mais je suis resté très à l’écoute de mon cœur, pas très à l’aise. Et quelques mois plus tard, je suis allé au CHU de Nice, là où j’habite, pour refaire des examens. Le professeur m’a dit que je devais me secouer, d’arrêter de penser que j’étais malade. Il a ajouté : « Si vous avez des activités sportives que vous aimez, faites-les à fond. »

Ça a été un gros déclic pour moi. À ce moment-là, je courais de temps en temps, moins d’une fois par semaine. Je connaissais très mal le monde sportif. J’avais été violoniste avant. On m’a donc plutôt rangé dans la classe « intello » que sportif, puisqu’en France, on aime bien cette dichotomie.

Ma femme m’a beaucoup soutenu, elle m’a présenté un coach qui a été très bienveillant. Il a su capter ce que j’aimais — la course — et m’a amené progressivement vers le renforcement musculaire. Il m’a fait faire assez rapidement une première course, de 5 kilomètres.

Pourquoi est-ce que la course à pied vous parle autant ? Quel équilibre avec votre vie professionnelle ?

J’ai découvert une vraie émulation. Pas forcément l’esprit de compétition, car je n’ai pas envie de « gagner » — il y a des gens excellents, de toutes générations —, mais cette envie de me dépasser moi-même.

Erwan Paitel, Igésr, mise sur la course et l’hyrox pour préserver son équilibre psychologique. - © D.R.
Erwan Paitel, Igésr, mise sur la course et l’hyrox pour préserver son équilibre psychologique. - © D.R.

Petit à petit, cela a structuré une partie de ma vie, indépendante de ma vie professionnelle, mais aussi complémentaire : quand je suis en mission, je vais courir, le matin très tôt ou le soir. Les courses se sont enchaînées : 5 km, 10 km, semi-marathon. L’an dernier, je me suis lancé dans mon premier marathon. Depuis, j’en ai fait deux, le Nice-Cannes début novembre, puis le marathon du golfe de Saint-Tropez, le 30 mars. J’en prépare un troisième.

Cette activité structure une bonne partie de ma vie. C’est un équilibre fort, psychologique et intellectuel. J’aime ces moments où je cours longtemps — 10, 20 kilomètres, soit une à deux heures de course — parce que ça me permet de réfléchir, y compris à des sujets professionnels. Ce sont des moments à moi, dans une vie bien remplie de père d’une famille de trois enfants.

Et l’hyrox, quelle place dédiez-vous à ce sport ?

C’est beaucoup plus récent. L’hyrox est un sport apparu il y a quelques années, assez à la mode, et très exigeant. Il s’agit d’une succession de séquences de course d’un kilomètre entrecoupées d’ateliers cardio très intenses : du rameur, du port de poids, ce qu’on appelle des farmer carry, sur des distances importantes et dans un temps imparti.

Cela fait énormément de bien, surtout dans une vie professionnelle assez chargée.

Ce sport rencontre un énorme succès international. Je m’y suis mis et je participe à des compétitions — humblement — en duo avec mon épouse. C’est devenu un moment privilégié de couple. Cela fait énormément de bien, surtout dans une vie professionnelle assez chargée. Cela nous permet de partager un moment fort ensemble.

J’ai participé à des épreuves en octobre 2024. Je prévois d’en refaire un en 2026, mais je ne sais pas encore où.

Vous évoquiez aussi votre parcours de violoniste…

J’ai fait quinze ans de conservatoire. J’étais dans un orchestre symphonique, c’était l’extase. Mais la prépa m’a « tué ». Ce sont les limites d’un système éducatif qui a du mal à intégrer équilibre personnel et scolaire qui a eu raison de ma pratique.

J’ai voulu reprendre il y a quelques années, mais le violon, c’est très dur. Le son qui sortait, la technique… plus rien n’allait. Je me suis découragé.

Comment faire durer ces passions ?

C’est important pour mon équilibre personnel, mais aussi professionnel et familial

Ces sports sont devenus un vrai hobby. Ils structurent une grosse partie de ma vie. C’est important pour mon équilibre personnel, mais aussi professionnel et familial. C’est un vrai plaisir, un apport d’endorphine dont on a tous besoin.

Ça a aussi permis de sceller deux amitiés profondes, jamais dégradées depuis. On parle souvent des amitiés personnelles, mais il existe aussi des amitiés professionnelles, et celles-ci peuvent naître dans un cabinet ministériel. Ce genre de petits événements dans la vie d’un cabinet devient un ciment inaltérable.

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Retrouvez un nouvel épisode de cette série d’été chaque jeudi dans la newsletter de Campus Matin pendant la pause estivale. À paraître notamment la passion de Yann Basire, directeur général du Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle, pour la pop culture.

Vous pouvez également parcourir les séries des années précédentes : les cartes postales de 2024 et les interviews décalées de 2021 à 2023. Bonne lecture !