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Et sinon, dans la vie… Nelly Fesseau, l’ostréiculture pour « vivre un héritage familial et le transmettre »


Cet été, Campus Matin vous propose de découvrir des personnalités de l’ESR sous une nouvelle facette : celle de leur hobby ou activité secondaire. Pour ce quatrième épisode, Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus + France, parle de sa deuxième vie d’ostréicultrice, une passion transmise de génération en génération.

Nelly Fesseau partage avec ses enfants l’activité d’ostréicultrice, héritage de ses grands-parents. - © D.R.
Nelly Fesseau partage avec ses enfants l’activité d’ostréicultrice, héritage de ses grands-parents. - © D.R.

Parlez-nous de votre passion pour l’ostréiculture !

Nelly Fesseau : J’aide mes parents à cultiver des huîtres depuis que je suis très jeune. Ma maman avait une exploitation ostréicole. Je les assistais quand je le pouvais : les mercredis, le week-end et pendant les vacances. En 2020, ma maman a eu des problèmes de santé, j’ai souhaité reprendre son exploitation.

J’ai suivi une formation au lycée de la mer et du littoral à Bourcefranc-le-Chapus : non pas pour vivre de l’ostréiculture, mais pour maintenir l’exploitation et le marais. J’ai suivi cette formation de janvier à mars 2022. J’ai été désignée pour reprendre les concessions du domaine maritime me donnant la permission de reprendre cette exploitation.

J’y consacre assez peu de jours par an : une quinzaine maximum, pendant les week-ends et les vacances. Cela permet d’entretenir le marais, d’acheter et revendre des huîtres et de faire de l’affinage.

C’est une manière de faire vivre cet héritage familial et peut-être, un jour, de le transmettre à mes enfants. Eux aussi m’aident quand ils le peuvent.

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans cette activité ?

J’aime ressentir les mêmes sensations que mes parents et grands-parents, et moi-même enfant : ce contact brut dans la nature, les bottes dans la vase en étant entourée d’herbes hautes et d’oiseaux.

Nelly Fesseau a repris la suite de sa mère en exploitant le marais ayant appartenu à ses grand-parents. - © D.R.
Nelly Fesseau a repris la suite de sa mère en exploitant le marais ayant appartenu à ses grand-parents. - © D.R.

Cela permet aussi de prendre conscience de ce qu’est un métier exigeant. Du lundi au jeudi, les ostréiculteurs travaillent sur le parc à huîtres et à la cabane, puis du vendredi au dimanche ils vont sur les marchés. Souvent, ce sont des familles entières qui travaillent ensemble, de génération en génération.

J’ai eu la chance d’être bien formée et accompagnée, notamment par Cyril Pain (marché de Clermont-Ferrand), très impliqué sur le chenal d’Ors. Je travaille aussi avec Hervé Nevaux (Cabane de l’ÎO à retrouver au marché des Lilas à côté de Paris).

Quel équilibre avec votre vie professionnelle ?

J’essaie de m’en occuper le week-end. L’agence Erasmus + est à Bordeaux, l’exploitation est à Oléron : c’est assez simple d’accès.

Cette activité est très saisonnière. Au début de l’été, nous allons mettre le marais, qui est assez grand, à grâler, c’est-à-dire l’assécher. Cela permet d’avoir un sol parfait dans le marais. Il faut avoir sorti toutes les huîtres restantes et les transporter à la cabane.

Pendant quinze jours, je mets le marais à varanguer : l’eau entre et sort ce qui permet de nettoyer toutes les algues. Au bout de ces quinze jours, je le ferme totalement.

À la fin de l’été, il faut le remettre à varanguer quinze jours, puis le remettre en eau, à un niveau qui restera désormais fixe. Fin août/début septembre, j’achète des petites huîtres. Je les mets en casier pour les affiner. La navicule bleue, une microalgue, donne à l’huître sa couleur verte.

Avant la saison de Noël et du jour de l’an, je les revends à des ostréiculteurs. Avec la pousse en claire, elles continuent à grandir dans le marais. C’est une activité pleine de surprises : les huîtres vont-elles beaucoup verdir, beaucoup pousser ? Les vendeurs au détail disent ce dont ils ont besoin (des huîtres plus charnues ou plus vertes), selon la demande.

Y a-t-il des opportunités de lier cette activité avec votre vie professionnelle ?

Je n’ai pas amené mes huîtres dans l’enseignement supérieur, en revanche j’ai repris une formation d’ostréicultrice. C’était assez étonnant pour moi de revenir au lycée (professionnel, cette fois) !

Les femmes, dont la charge mentale est généralement plus importante, peuvent avoir du mal à associer une activité « plaisir » et une carrière. Est-ce un sentiment que vous partagez ?

J’ai repris le marais d’ostréiculture à 50 ans, je ne l’ai pas fait en début de carrière, ce qui a aidé. Avec trois enfants, cela aurait été très compliqué lorsqu’ils étaient en bas âge.