Vie des campus

JOP Paris 2024 : quand les établissements du supérieur veulent prendre part aux jeux

Par Isabelle Cormaty | Le | Relations extérieures

Aide aux étudiants sportifs de haut niveau, prêt d’infrastructures sportives, recherches sur l’olympisme, promotion du sport auprès des étudiants… À chaque établissement du supérieur sa façon de s’impliquer dans les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Comme pour les athlètes, cet événement vient couronner pour les universités un travail de plusieurs années sur l’olympisme.

Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024. - © France Universités - Université de Franche-Comté
Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024. - © France Universités - Université de Franche-Comté

Dernière ligne droite pour les (para)athlètes qui participeront aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris (JOP) à partir du 26 juillet 2024 ! Cet événement mondial marque aussi pour certains établissements du supérieur une étape symbolique dans leur course de fond entamée depuis l’attribution en 2017 des JOP à Paris.

L’objectif de l’Université de Lille : faciliter l’accueil des JOP

Arnaud Waquet est chargé de missions olympique et paralympique de l’Université de Lille et référent Génération 2024. - © D.R.
Arnaud Waquet est chargé de missions olympique et paralympique de l’Université de Lille et référent Génération 2024. - © D.R.

Candidate malheureuse à l’organisation des Jeux de 2004, la Métropole européenne de Lille (MEL) recevra cet été des épreuves de handball et de basket.

« Lille a été capitale européenne de la culture en 2004, a accueilli l’Euro de handball, la Coupe Davis ou encore des matchs de la Coupe du monde de rugby en 2023. Les acteurs du territoire ont l’habitude d’organiser de grands événements », explique Arnaud Waquet, chargé de mission olympique et paralympique de l’Université de Lille.

En 2017, « je prends conscience qu’il va y avoir une montée en puissance des JOP avec l’organisation d’épreuves très médiatisées à Lille. Je demande au président de l’université de lancer la labellisation Génération 2024 », retrace celui qui est aussi membre du Centre d’études olympiques français.

Renforcer les partenariats avec les acteurs locaux

Si l’Université de Lille a pu prêter ses infrastructures sportives par le passé, comme une salle de musculation durant la Coupe du monde de rugby en septembre, elle mettra cette fois pour les JOP à disposition certains de ses espaces extérieurs. Des spectateurs y patienteront avant de rentrer dans le stade Pierre Mauroy, situé juste en face de la Cité scientifique de l’Université de Lille.

Les bonnes relations avec la MEL et Décathlon (dont le siège et un laboratoire du sport sont installés à Lille) sont synonymes pour les étudiants de l’Université de Lille d’opportunités de stages, d’alternance ou d’apprentissage dans ces structures. « Le dynamisme permet d’avoir plus d’interventions de professionnels à la fac. Cela permet aussi de montrer aux étudiants que les métiers du sport ne se limitent pas à l’entraînement », souligne Arnaud Waquet.

Une résidence étudiante comme héritage des JOP

Pour recevoir les athlètes dans la métropole lilloise, une résidence de 495 logements a été construite. « L’héritage des Jeux est concret, le bâtiment géré par un bailleur privé sera ensuite destiné aux étudiants. Le village olympique se situe entre deux campus, ce qui est pratique pour nos étudiants et étudiants sportifs de haut niveau », indique Arnaud Waquet.

L’Université de Lille va par ailleurs candidater à la billetterie populaire pour offrir des places à ses étudiants, principalement aux internationaux qui restent sur le campus durant les grandes vacances. 

L’olympisme comme objet de recherche

En Franche-Comté, aucune épreuve olympique ou paralympique ne sera organisée cet été. Mais la collectivité du Grand Besançon a obtenu le label centre de préparation des jeux, qui lui permet de servir de base arrière aux fédérations internationales. Parmi les infrastructures qu’elle met à disposition des athlètes, figure le stade de la Bouloie de l’Université de Franche-Comté

« Aucune fédération n’a pour l’instant demandé à s’entraîner chez nous, mais nous ferons le nécessaire si besoin », assure Éric Monnin, vice-président olympisme de l’établissement labellisé Génération 2024 depuis 2019.

Éric Monnin est vice-président olympisme de l’Université de Franche-Comté. - © D.R.
Éric Monnin est vice-président olympisme de l’Université de Franche-Comté. - © D.R.

Le maître de conférences a intégré la gouvernance de son établissement en 2018, un an donc après l’attribution des JOP de 2024 à Paris. « J’ai proposé à la présidence de créer le premier centre français d’études et de recherches olympiques universitaires (Cerou). Ce dernier a été validé fin 2019 et placé sous le haut patronage du ministère des sports. C’est maintenant la pierre angulaire de notre politique olympique », poursuit-il.

En octobre 2023, un second centre d’études et de recherche sur l’olympisme a été inauguré en France, à l’Université de Rouen Normandie. Les 72 Cerou du monde entier se réuniront une semaine avant le début des JOP de Paris lors d’un colloque à l’Université de Franche-Comté les 22 et 23 juillet.

Fédérer les laboratoires autour du Cerou

« Tous les laboratoires sont représentés au conseil scientifique du Cerou. L’olympisme réunit des acteurs très différents les uns des autres. Toutes les disciplines peuvent être abordées par le prisme de l’olympisme. Les collègues de droit travaillent par exemple sur la loi olympique », illustre le directeur du Cerou.

Le centre de l’Université de Franche-Comté organise régulièrement des conférences ou colloques sur le sujet. « En 2022, nous avons monté un colloque international sur l’e-sport. Nous sommes la première université à avoir une équipe universitaire d’e-sport », se félicite Éric Monnin.

Au-delà de son activité d’enseignement et de recherche, le Cerou conseille également les organisations sportives internationales qui le sollicitent. « L’organisation de Paris 2024 a demandé notre expertise sur les lieux de passage de la flamme olympique en Grèce », précise-t-il.

L’occasion de promouvoir la pratique du sport

Les JOP de Paris servent par ailleurs de prétexte aux établissements pour encourager leurs étudiants à faire du sport, quel que soit leur niveau ! À l’Université de Franche-Comté, « nous avons des UE libres qui viennent créditer de 0,5 ou 0,7 point la moyenne annuelle des étudiants. Le sport n’est pas obligatoire, mais fortement encouragé », détaille Éric Monnin.

L’Université de Franche Comté propose une quarantaine d’activités sportives de loisir gratuitement pour ses étudiants. - © Ludovic Godard
L’Université de Franche Comté propose une quarantaine d’activités sportives de loisir gratuitement pour ses étudiants. - © Ludovic Godard

L’établissement a aussi conçu un dispositif intitulé « Campus sports », qui permet aux étudiants de s’inscrire à des cours à la carte, sans s’engager sur toute l’année.

Yoga, badminton, salsa, escalade, musculation… une quarantaine d’activités sont proposées sur le temps du midi ou en soirée gratuitement. Les personnels peuvent aussi en bénéficier, moyennant une cotisation annuelle de 30 euros.

Le sport obligatoire pour les premières années à Lille

De son côté, l’Université de Lille veut rendre obligatoire la pratique du sport pour tous les élèves de première année à la rentrée 2024. « Dans les transitions de vie, le passage du lycée à l’université entraîne un désengagement de l’activité physique donc une diminution de la santé physique et mentale, d’où notre souhait d’inscrire le sport dans les maquettes de formation », retrace Arnaud Waquet.

À l’occasion de la semaine olympique et paralympique du 2 au 6 avril, l’établissement organisera un challenge « tous en forme » pour ses 3500 apprentis en lien avec la ligue de sport universitaire, le SUAPS et les associations étudiantes.

« La pratique du sport diminue aussi chez les jeunes lors de l’entrée dans le monde professionnel. Les apprentis ont un emploi du temps chargé entre leurs études et leur travail. Leur CFA, Formasup, nous a accordé une dotation pour monter cet événement », ajoute-t-il.

Outre ces publics spécifiques, l’Université de Lille paie des dossards pour des courses locales afin d’encourager la pratique du sport pour toute sa communauté universitaire. Elle a ainsi proposé 1000 dossards pour l’Urban trail de Lille le 18 novembre dernier, dont environ 300 pour les étudiants et 700 pour les personnels. 

Une dynamique à poursuivre après les JOP de Paris

La Decathlon Arena - Stade Pierre-Mauroy se situe à Villeneuve d’Ascq, en face de la Cité scientifique de l’Université de Lille. - © Stade Pierre-Mauroy
La Decathlon Arena - Stade Pierre-Mauroy se situe à Villeneuve d’Ascq, en face de la Cité scientifique de l’Université de Lille. - © Stade Pierre-Mauroy

Si les JOP de Paris 2024 permettent à l’Université de Lille de rendre visibles ces actions pour la promotion du sport et la réception de compétitions sportives, la dynamique se poursuivra dans les années à venir, espère Arnaud Waquet.

« Les JOP de Paris permettent d’accélérer la structuration des acteurs locaux. Le territoire lillois accueillera encore de grands événements après 2024 et Décathlon sera toujours présent aussi », analyse-t-il.

« Nous visons plutôt 2030 voire 2040, car nous pensons que le sport peut participer au développement économique du territoire », poursuit le chargé de mission olympique et paralympique de l’Université de Lille. 

L’établissement, qui dispose d’un pôle d’excellence des pratiques sportives, compte environ 200 sportifs de haut et de bon niveau. « Ils sont suivis avec attention par des personnes dédiées. Nos étudiants sportifs ciblent davantage les JOP de 2028 que ceux de 2024 », constate Arnaud Waquet. 

Les JOP d’hiver en ligne de mire pour l’Université de Franche-Comté

De par son positionnement géographique, l’Université de Franche-Comté voit elle plus loin que 2024. Les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2030 devraient être officiellement attribués cet été aux Alpes françaises.

Le Comité international olympique n’a en effet retenu que la candidature portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur pour l’organisation de cette compétition.

« Le Cerou est identifié et reconnu à l’international comme un centre de recherche de référence sur l’olympisme. La création du centre a lancé une dynamique qui va se poursuivre après les JOP de 2024. Nous sommes déjà sollicités pour notre expertise dans la perspective des JOP de 2030. Des chercheurs colombiens et italiens sont aussi venus travailler durant un an à l’Université de Franche-Comté », témoigne le directeur de Cerou et vice-président à l’olympisme de l’établissement.