Vie des campus

Julia Cagé, Laurent Fabius… Les VIP s’invitent dans les rentrées solennelles du supérieur

Par Marine Dessaux | Le | Relations extérieures

Julia Cagé à l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine, Pierre Moscovici à l'école de droit de l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, Laurent Fabius à l’Université de Nîmes, mais aussi Esther Duflo à l'École de la recherche de Sciences Po, le mathématicien Cédric Villani à l’Université Paris Dauphine-PSL… Les leçons inaugurales sont l’occasion d’inviter des personnalités médiatiques ou politiques et d’inspirer étudiants comme enseignants !

Julia Cagé, Laurent Fabius… Les VIP s’invitent dans les rentrées solennelles du supérieur
Julia Cagé, Laurent Fabius… Les VIP s’invitent dans les rentrées solennelles du supérieur

Julia Cagé à l’Ijba : « Un moment privilégié »

L’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (Ijba) a reçu Julia Cagé, professeure à Sciences Po Paris et lauréate du prix du meilleur jeune économiste 2023, le 26 septembre. Intitulée « Élections et inégalités sociales : dépasser les idées reçues », la leçon inaugurale faisait écho à son ouvrage, coécrit avec Thomas Piketty, professeur à l'École des hautes études en sciences sociales, paru en cette rentrée : « Une histoire du conflit politique » (septembre 2023, aux éditions du Seuil).

« Julia Cagé est très engagée dans la question de l’indépendance et du financement des médias, indique Arnaud Schwartz, directeur de l’Ijba. C’est aussi une enseignante-chercheuse. Il est donc vraiment intéressant qu’elle puisse parler aux futurs journalistes : c’est un moment privilégié pour aborder la question des élections et des inégalités sociales, qui irrigue le fonctionnement de la société. »

Arnaud Schwartz, directeur de l’Ijba, a sollicité Julia Cagé pour la leçon inaugurale de l'école de journalisme. - © Mayalen Labéguerie/IJBA
Arnaud Schwartz, directeur de l’Ijba, a sollicité Julia Cagé pour la leçon inaugurale de l'école de journalisme. - © Mayalen Labéguerie/IJBA

Le site internet unehistoireduconflitpolitique.fr, adossé au livre, est un outil utile pour les étudiants. « C’est une ressource open science formidable, il permet de voir comment on peut s’emparer des données pour actualiser sa vision d’un certain nombre de problématiques démocratiques et politiques », poursuit Arnaud Schwartz.

L'événement se déroule avec de nouvelles personnalités à chaque rentrée : en 2022, Éric Fottorino, ancien directeur du Monde et aujourd’hui à la tête du 1 et des trimestriels America, Zadig et Légende ; en 2021, Catherine Monnet, rédactrice en chef de Reporters sans frontières.

Un moment « enthousiasmant qui donne envie aux étudiants de déployer plus d’énergie dans leur métier », ouvert à l’intégralité de l’Ijba et au grand public. Au total, 200 personnes étaient présentes.

Pierre Moscovici à l’École de droit de la Sorbonne : « Un coup de projecteur »

Pierre Moscovici est revenu sur les enjeux des finances publiques face aux défis de demain. - © Panthéon-Sorbonne/Pascal Levy
Pierre Moscovici est revenu sur les enjeux des finances publiques face aux défis de demain. - © Panthéon-Sorbonne/Pascal Levy

À l’École de droit de l’Université Paris 1— Panthéon Sorbonne, « l’une des seules universités à avoir une formation droit des finances publiques », souligne Pierre Molard, responsable administratif général, c’est le Premier président de la Cour des comptes qui a ouvert l’année.

Ancien ministre de l’économie et des finances, de 2012 à 2014, sous la présidence de François Hollande, Pierre Moscovici est revenu, le 2 octobre, sur les enjeux des finances publiques face aux défis de demain.

Pourquoi inviter cette figure de la politique française ? « Mettre un coup de projecteur sur l’École de droit de la Sorbonne et être associé, dans l’esprit de la communauté universitaire, à cet événement prestigieux, explique Pierre Molard. Nous nous efforçons de communiquer plus depuis quelques années, mais il nous reste encore des efforts à produire pour être plus visibles. »

Pierre Moscovici est le Premier président de la Cour des comptes. - © David Lorente/Panthéon-Sorbonne
Pierre Moscovici est le Premier président de la Cour des comptes. - © David Lorente/Panthéon-Sorbonne

En outre, « il n’y a pas beaucoup d’autres occasions de rassembler toute la communauté. » La leçon inaugurale s’adresse aux étudiants, enseignants, personnels administratifs et partenaires extérieurs.

Cependant, avec 20 000 étudiants inscrits et un maximum de 235 places dans la salle, tout le monde ne pas être de la partie. « Chaque année, une promotion est mise en avant et prépare des questions pour l’invité. En 2023, c’est au tour des master 2 droit des finances publiques, droit fiscal et gestion des collectivités territoriales », explique Pierre Molard.

Côté budget, seuls les frais de traiteur, pour l’organisation d’un buffet post-conférence et la location de la salle, sont à prendre en compte. En termes d’organisation, fixer une date est le plus complexe : entre emploi du temps contraint de l’invité et disponibilité du lieu, le grand salon de la Sorbonne.

Une thématique d’actualité pour l’établissement

La conférence inaugurale répondait à la question « Comment concilier mur de dette et montagne d’investissements ? ».  Une thématique qui fait écho à l’actualité de l'établissement dont le conseil d’administration a voté une motion pour demander une compensation budgétaire de l’État après l’augmentation du point d’indice, le 28 septembre.

L’université estime faire partie « des plus mal dotées de France : par rapport à d’autres établissements, le ratio entre le nombre d’étudiants et le nombre d’enseignants-chercheurs et enseignants titulaires est particulièrement dégradé, et ses surfaces d’enseignement et de recherche restent notoirement insuffisantes ».

Laurent Fabius à l’Université de Nîmes : « Un élément de motivation »

Pour la rentrée solennelle des étudiants de droit et d’administration économique et sociale, le 11 septembre, l’Université de Nîmes a accueilli le président du Conseil constitutionnel et ancien ministre (notamment des affaires étrangères lors de la présidence de François Hollande), Laurent Fabius.

Devant 400 étudiants, universitaires et partenaires présents (sur un total de 1000 étudiants), il a raconté son travail au sein du Conseil constitutionnel : son rôle institutionnel, les défis, les affaires qu’il a eu à traiter, mais aussi les questions d’indépendance. Une thématique qui entre en résonance avec la journée sur le thème de la citoyenneté organisée pendant la pré-rentrée d’Unîmes.

Laurent Fabius a abordé son rôle au sein du Conseil constitutionnel et répondu aux questions des étudiants. - © David Andrieu - Université de Nîmes
Laurent Fabius a abordé son rôle au sein du Conseil constitutionnel et répondu aux questions des étudiants. - © David Andrieu - Université de Nîmes

La leçon inaugurale permet de « rendre ces personnalités accessibles aux étudiants » et s’avère également être « un élément de motivation pour l’équipe pédagogique », apprécie Vanessa Monteillet, directrice du département droit économie d’Unîmes.

Vanessa Monteillet est directrice du département droit économie d’Unîmes. - © David Andrieu - Université de Nîmes
Vanessa Monteillet est directrice du département droit économie d’Unîmes. - © David Andrieu - Université de Nîmes

Un événement organisé pour la troisième année consécutive. « L’un des enjeux du lancement de ces rentrées solennelles était de proposer un élément fédérateur et d’accroître la visibilité sur notre territoire », explique Vanessa Monteillet. L’occasion de rappeler que la cité nîmoise compte un tribunal judiciaire, une cour d’appel et un tribunal administratif.

Cette leçon inaugurale est la seconde de notre sélection à se dérouler chez les juristes. Et pour cause : l’invitation d’invités prestigieux est une spécialité des rentrées solennelles de droit.

« Il y a une tradition de marquer certains codes vis-à-vis des étudiants qui correspond au cérémonial que l’on retrouve en droit. Il paraissait nécessaire qu’à l’université, ces codes soient également présents », remarque Vanessa Monteillet

Des interventions bénévoles

Dans les trois établissements, les invités sont intervenus bénévolement. C’est une expérience « nourrissante pour eux aussi de pouvoir se confronter à des publics d’étudiants différents que ceux qui sont les leurs habituellement quand ils enseignent déjà », rapporte Arnaud Schwartz. Les seuls coûts à prendre en compte sont les trajets et éventuels repas, « qu’ils prennent en général en charge eux-même », note Vanessa Monteillet.

Comment convaincre ces personnalités publiques ? « Il suffit de demander en expliquant l’intérêt de la venue », poursuit la directrice du département droit économie d’Unîmes. En passant par le directeur de cabinet, l’adresse mail, les réseaux sociaux… La prise de contact ne s’avère pas la partie la plus compliquée !