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À quoi ressemblera la formation à la transition écologique des étudiants de premier cycle ?

Par Isabelle Cormaty | Le | Rse - développement durable

Contenus, référentiel d'évaluation, type de certification, durée des enseignements… Campus Matin vous détaille les éléments de la note de cadrage du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche sur le socle de connaissances et de compétences qui doit être mis en œuvre d’ici 2025 pour tous les étudiants de premier cycle.

La formation à la transition écologique sera obligatoire en premier cycle d’ici 2025. - © Freepik
La formation à la transition écologique sera obligatoire en premier cycle d’ici 2025. - © Freepik

Former aux enjeux de transition écologique 100 % des étudiants de niveau bac+2, quel que soit leur cursus, d’ici 2027. Telle était la principale recommandation du rapport Jouzel remis en février 2022 à la ministre de l’enseignement supérieur d’alors, Frédérique Vidal

Sylvie Retailleau, qui lui a succédé rue Descartes, entend mettre en œuvre ce rapport. Elle a annoncé, en octobre 2022 à Bordeaux, que la formation à la transition écologique ferait partie des conditions pour obtenir un diplôme de premier cycle d’ici 2025. Comme pour l’évaluation du niveau en langue, cette formation donnera lieu à une certification.

Quels seront les contenus de cette formation ? Combien d’heures seront consacrées à cet enseignement ? Quelle forme prendra la certification ? Quelle place pour l’engagement étudiant sur ce sujet ?

Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a envoyé aux établissements début juillet une note de cadrage qui précise les éléments du socle de connaissances et de compétences qui doit être mis en œuvre au plus tard en 2025. Voici ce qu’il faut en retenir.

1. Comment a été construit ce socle ?

Ce socle a été construit par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) avec les différentes associations représentant les étudiants et les conférences d’établissements déjà impliquées dans l’élaboration du rapport Jouzel. Quatre ateliers ont été organisés au début de l’année 2023 :

  • un premier sur l’élaboration d’un cahier des charges définissant un socle de connaissances et de compétences ;
  • un deuxième pour mettre à disposition des enseignants des ressources pédagogiques permettant de nourrir ce socle de connaissances et de compétences ;
  • un troisième sur la reconnaissance et la valorisation de l’engagement des étudiants ;
  • et un quatrième afin de faire la synthèse des travaux.

2. Que contient le socle de connaissances proposé par le ministère ?

Le socle de connaissances proposé par le ministère de l’enseignement supérieur comprend des savoirs sur cinq grands domaines :

  • le changement climatique ;
  • la biodiversité et sa préservation ;
    • les ressources et leur disponibilité ;
    • la transition juste et équitable ;
    • et le récit des limites planétaires.

    « La présentation des causes anthropiques des enjeux globaux et systémiques permettra d’introduire les enjeux abordés (climat, biodiversité et ressources) ainsi que les changements transformateurs (économiques, sociologiques et politiques) et leurs actions individuelle et collective associées. Les neuf limites planétaires et les liens entre elles pourront être décrits dans cette partie ainsi qu’une perspective historique de l’émergence des objectifs du développement durable », détaille le ministère.

    3. Quels sont les référentiels recommandés pour l’évaluation des compétences ?

    Le GreenComp est un référentiel de l’Union européenne. - © EU Science Hub - European Union
    Le GreenComp est un référentiel de l’Union européenne. - © EU Science Hub - European Union

    Si plusieurs référentiels de compétences existent comme celui du rapport Jouzel ou du Shift Project , le MESR préconise de privilégier le GreenComp, le cadre européen de compétences en matière de durabilité, « en raison de sa capacité à offrir de façon explicite quatre grandes catégories de compétences qui peuvent être affinées et développées à souhait par les établissements, en fonction des spécificités de leurs formations ».

    Qu’est-ce que le GreenComp ?

    Adopté en 2022, le GreenComp se donne pour objectif de promouvoir l’apprentissage de la durabilité environnementale dans l’Union européenne. Il s’agit d’une des déclinaisons politiques du Green Deal européen dans le domaine de l’éducation. 

    Le GreenComp propose quatre catégories de compétences :

    • incarner les valeurs de la durabilité, en accordant, par exemple, de la valeur à la durabilité, en encourageant l’équité ou en promouvant la nature ;
    • s’ouvrir à la complexité dans la durabilité en développant une pensée systémique et une pensée critique ;
    • envisager des avenirs durables en imaginant et élaborant des futurs et en gérant les transitions ;
    • agir individuellement ou collectivement pour la durabilité.

    D’autres ministères comme l’éducation nationale utilisent ce référentiel. « L’utilisation de ce référentiel pourrait donc faciliter la progressivité et la continuité des apprentissages entre scolaire et supérieur, afin de répondre à la préconisation faite lors des ateliers », avance le MESR.

    4. Quelles seront les modalités d’enseignement ? 

    « Le format hybride est le plus adapté », d’après le ministère. - © Alexandra Koch / Pixabay
    « Le format hybride est le plus adapté », d’après le ministère. - © Alexandra Koch / Pixabay

    Présentiel ou en ligne pour les cours sur la transition écologique ? Certains établissements ont opté pour des modules en ligne comme l’Université de Rennes qui propose à ses étudiants le Mooc « Objectifs de développement durable » de la Fondation Université virtuelle environnement et développement durable (Uved). Pour le ministère,  « le format hybride est le plus adapté, tout en essayant d’avantager le présentiel lorsque cela est possible. »

    Il recommande par ailleurs de former par l’action, dans la mesure du possible, « afin de donner du sens aux compétences, avec par exemple des études de cas, et la réalisation de projets collaboratifs. En effet, l’approche par projet peut rendre plus concrète l’acquisition de connaissances et de compétences tout en créant un lien entre pairs et avec les territoires ».

    Au moins 30 heures de cours

    Le ministère recommande donc un enseignement « d’au moins 30 heures de cours, n’incluant pas les heures travaillées (travail personnel des étudiants), qui seront définies par les établissements (selon notamment l’intégration d’approche par projet et de stages dans la formation) ».

    5. Quelle forme prendra la certification ?

    Concernant la reconnaissance de cette formation, les établissements seront libres d’en choisir les modalités : ECTS, validation des acquis de l’expérience (VAE), open badges, portfolio…

    « Toutefois, le ministère préconise qu’elle prenne la forme d’ECTS, comme souhaité par la consultation élargie. Dans ce cas, la reconnaissance sera au minimum de trois ECTS », indique la note de cadrage.

    Le ministère encourage aussi les établissements à partager leurs expériences sur les modalités de certification choisies : « Une certification nationale, voire européenne, pourrait être envisagée, si besoin, dans un second temps, et pourrait s’appuyer sur ces retours d’expérience. »

    6. Quelles sont les autres préconisations du ministère ?

    Enfin, le ministère invite les établissements à favoriser l’engagement des étudiants dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale et environnementale. 

    Les étudiants « souhaitent de plus en plus s’impliquer dans une vie extrascolaire, au sein d’association, dans leur campus ou à l’extérieur. L’enjeu majeur est d’accélérer le développement de la reconnaissance et de la valorisation de l’engagement étudiant au sein des établissements et de reconnaître les compétences acquises lors de celui-ci », souligne la note de cadrage.

    Pour cela, le MESR formule plusieurs pistes, notamment de : 

    • mettre en œuvre des processus de reconnaissance et de valorisation différents selon le degré d’engagement;
    • renforcer et simplifier le statut d’étudiant engagé ;
    • accompagner et soutenir les étudiants notamment par la mise en place d’un référent engagement au sein de l’établissement et l’attribution de temps aux étudiants pour pouvoir s’engager.