Vie des campus

Au service de santé universitaire de l’Upec, « nous sommes prêts à vacciner les enseignants »

Par Marine Dessaux | Le | Stratégies

À l’Université Paris-Est Créteil (Upec), le service de santé universitaire est l’un des rares en France à avoir ouvert un centre de vaccination Covid-19 à destination des personnels remplissant les critères. Depuis le 5 mars, la maison de santé a effectué plus de 300 injections. Et elle se tient prête à vacciner les enseignants. Reportage.

Le SSU de l’Upec aura bientôt fini la vaccination des personnels de plus de 55 ans - © PxHere Ali Raza
Le SSU de l’Upec aura bientôt fini la vaccination des personnels de plus de 55 ans - © PxHere Ali Raza

Des rendez-vous en continu depuis début mars

Pas de foule masquée ni de salle d’attente remplie : le centre de vaccination du service de santé de l’Université Paris-Est Créteil (Upec) est loin de fournir des images spectaculaires à l’instar des vaccinodromes !

Pourtant, le fonctionnement est bien huilé : la vaccination se fait en continu cinq jours sur sept de 9h à 17h depuis l’ouverture des réservations en ligne, le 5 mars dernier. Plus de 300 personnels ont été vaccinés.

« Les convocations sont fixées tous les quarts d’heure, indique le Dr Hervé Jami, directeur du service de santé universitaire de l’Upec. Il n’y a donc jamais plus deux ou trois personnes dans la salle d’attente : celle qui s’apprête à recevoir une injection et celle qui reste quelques minutes en observation, au cas où elle ferait une réaction. »

Une alternative alors que les créneaux Doctolib sont pris d’assaut

Et c’est en effet ce que l’on observe sur place. Olivier Courbier, enseignant en expression-communication, vient de recevoir une injection. Il exprime son soulagement d’être immunisé pour son retour face aux étudiants :

« En tant qu’enseignant, on est en première ligne. J’attendais de pouvoir me faire vacciner avec impatience, et, sans comorbidités, impossible de trouver un créneau sur Doctolib ! Sans cette alternative, je n’aurais pas pu me faire vacciner. »

Guillaume Bourlet, vice-président chargé du numérique, et Anne Bourlet, vacataire, s’apprêtent à être vaccinés. « Nous avons pris rendez-vous il y a un mois, suite au mailing du service de santé universitaire », raconte Anne Bourlet. « Nous nous sommes tout de suite inscrits ici, acquiesce Guillaume Bourlet. C’était ce qu’il y avait de plus facile. »

Un centre ouvert à toute personne en lien avec l’université

Alors que depuis le 25 février, le gouvernement a ouvert aux médecins du travail la possibilité de vacciner les salariés de 55 à 64 ans volontaires et atteints de comorbidités, le service de santé universitaire (SSU) et la présidence de l’Upec s’accordent sur l’ouverture d’un centre de vaccination Covid-19.

Ce dernier s’adresse à « toutes les personnes en lien avec l’université et remplissant les critères requis, que ce soit enseignants, personnels ou étudiants », indique le Dr Hervé Jami.

« Nous sommes prêts à vacciner les enseignants »

Déjà équipé pour vacciner, notamment avec des frigos à alarme qui se déclenchent en cas d’augmentation de la température, le centre de santé s’est rapidement adapté au point que dans quelques semaines les personnels de l’Upec volontaires et concernés par la vaccination aujourd’hui - les plus de 55 ans - seront tous vaccinés.

« Nous avons réorienté nos activités de prévention sur du dépistage antigénique et la vaccination à la Covid-19. Nos autres activités ont certes baissé, mais n’étant pas un centre curatif, notre priorité est de répondre à l’urgence », explique le Dr Hervé Jami.

Ainsi, l’équipe médicale a la capacité humaine et structurelle de passer à la prochaine étape : « Nous sommes prêts à vacciner les enseignants, dit Hervé Jami. Il ne me manque plus que des doses de vaccins Pfizer ou Moderna (qui peuvent être injectés aux moins de 55 ans, contrairement à l’AstraZeneca, NDLR) et un protocole de vaccination du gouvernement. Nous pouvons vacciner jusqu’à 200 personnes par semaine. »

Il prévient néanmoins : « Pour que la vaccination des enseignants soit faite avant la rentrée prochaine, il ne faut pas trop tarder à la débuter, car fin juin l’université ferme ses portes et les enseignants partent en vacances ».

Une vaccination à l’AstraZeneca

Comme pour beaucoup de médecins traitants et de centres de vaccination, l’accès aux vaccins est un point complexe. Le Dr Hervé Jami a cependant réussi à obtenir des doses de l’Agence régionale de santé (ARS) ainsi que des dotations complémentaires auprès d’hôpitaux de proximité. Des quantités suffisantes pour vacciner toutes les personnes remplissant les critères et volontaires.

Car le service de santé universitaire de l’Upec n’a pour l’instant accès qu’à des doses d’AstraZeneca - récemment rebaptisé VaxZevria - visé par les polémiques. Depuis, le directeur de santé observe des réticences.

« Certaines personnes refusent de se faire vacciner à l’AstraZeneca, témoigne-t-il. Ce qui est regrettable, car le risque de décès lié au virus est bien plus important que celui de thrombose causée par le vaccin. »

Autre problématique, n’ayant pas de doses de Pfizer ni de Moderna qui peuvent être injectées aux jeunes, le service de santé universitaire ne peut, pour l’heure, s’adresser aux étudiants en santé, éligibles à la vaccination. Ces derniers se tournent donc vers les centres de vaccination qui en possèdent.

337 000 injections par la médecine du travail au 14 avril 2021

En France, la médecine du travail a administré, depuis le début de la campagne de vaccination, près de 337 000 injections dont 248 500 premières doses et 88 500 deuxièmes doses, selon le ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion.

« Plus de 19,7 millions de nos concitoyens sont salariés du secteur privé et 5,8 millions travaillent dans le secteur public. Les services de santé au travail constituent pour eux un accès de proximité à la vaccination, notamment pour les salariés des petites et moyennes entreprises éloignées des centres urbains. Leur mobilisation depuis le début de la campagne nationale est importante. Aux côtés des autres médecins de ville, leur rôle va continuer de s’accroître au fur et à mesure de l’élargissement de la stratégie nationale de vaccination », a déclaré Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat chargé des retraites et de la santé au travail.