Vie des campus

Les actualités de l’ESR qu’il ne fallait pas rater en ce début d’année 2022 

Par Enora Abry | Le | Stratégies

L’actualité de l’enseignement supérieur et de la recherche est dense… En ce mois de janvier, le président Macron s’exprime concernant l’avenir des universités, la CPU a changé de nom et un rapport sur la gestion de la crise du Covid par les établissements a été publié. Pour vous y retrouver, Campus Matin vous propose une mise à jour.

Nouveautés, chiffres à retenir, nous vous résumons tout !  - © Conférence des président d’université - Université Bretagne Sud
Nouveautés, chiffres à retenir, nous vous résumons tout ! - © Conférence des président d’université - Université Bretagne Sud

Emmanuel Macron esquisse son programme pour l’ESR

La campagne présidentielle est lancée sur les sujets de l’enseignement supérieur ! Le 13 janvier, le président de la République, Emmanuel Macron a prononcé un discours face aux présidents d’université lors du congrès organisé pour les 50 ans de France Universités - le nouveau nom de la Conférence des présidents d’université (CPU). Il y a dressé le bilan de son quinquennat et esquissé son programme pour 2022-2027, bien qu’il ne se soit pas encore déclaré candidat à la présidentielle. Parmi ses objectifs phares :

  • la refonte du système d’orientation et la création de places supplémentaires dans les filières courtes ;
  • une nouvelle politique d’investissement dans l’enseignement supérieur ;
  • l'évolution de la gouvernance des universités ;
  • la révision les dispositifs de soutien aux étudiants et l’organisation de la vie étudiante.

Le Président de la République a exposé ses ambitions concernant les universités  - © D.R.
Le Président de la République a exposé ses ambitions concernant les universités - © D.R.

Toutefois, sur la scène politique, c’est une phrase glissée en clôture qui a ouvert le débat : « Au-delà de la question des moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants (…). »

Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir les candidats à la présidentielle, les syndicats étudiants et enseignants-chercheurs. Le député Les Républicains, Patrick Hetzel, président du groupe de travail sur l’enseignement supérieur auprès de Valérie Pécresse, s’est exprimé en pointant les incohérences de la démarche du président Macron au long de son mandat : 

« Emmanuel Macron, c’est le Président qui aura contribué à faire baisser significativement la part de financement public par étudiant (…). Et maintenant il appelle à une hausse des frais d’inscription pour les familles à un moment où le désengagement de l’État n’a jamais été aussi important. »

Depuis, la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, a réaffirmé à l’Assemblée nationale qu’il n’était pas question d’une hausse des frais d’inscription pour les étudiants.

Le 24 janvier, lors d’un déplacement dans la Creuse où il a rencontré quelques étudiants, le président Macron a précisé ses précédents propos : « Ce que j’ai évoqué, c'était plutôt des formations, en particulier la formation professionnelle tout au long de la vie que les universités vont devoir mettre en place et qui, elles, ont vocation à être payantes et vont permettre aux universités d’avoir ainsi des revenus et de fonctionner en se donnant plus de moyens. »

Deux changements de nom remarqués 

La CPU devient France Universités  

Le nouveau logo de la CPU. - © France Universités
Le nouveau logo de la CPU. - © France Universités

Lors du congrès qui venait célébrer ses 50 ans d’existence, la Conférence des présidents d’université a décidé de faire peau neuve en changeant de nom et de logo. Elle est à présent nommée France Universités

Cette décision est justifiée par sa vice-présidente, Virginie Dupont  : « Passer de la Conférence des présidents d’université à France Universités, c’est choisir de mettre la lumière sur les établissements plutôt que sur les individus, les présidentes et les présidents. » Le nouvel emblème, à l’image de cette déclaration, abandonne les initiales CPU et se pare d’un amphithéâtre.  

Une nouvelle identité qui marque l’envie de France Universités d’occuper une place importante dans les débats qui vont précéder les élections, présidentielle et législatives, cette année. D’ailleurs, à cette même occasion, elle a exposé ses propositions

L’« Université de Paris », c’est fini 

En mars 2019, c’est par décret que le rassemblement des Universités Paris-Descartes, Paris-Diderot, et l’Institut de physique du globe adoptait officiellement le nom d’Université de Paris. Cependant, suite à un recours de l’Université Paris- Panthéon Assas, le Conseil d’État annule cette décision.  

Stéphane Braconnier préside l’Université Paris 2 - Panthéon Assas. - © D.R.
Stéphane Braconnier préside l’Université Paris 2 - Panthéon Assas. - © D.R.

Stéphane Braconnier, président de l’Université Paris 2 - Panthéon Assas justifie ce recours par le manque de discussions préalables entre les universités au sujet de cette dénomination qui, pour lui, constitue un usage abusif de la marque. En effet, le terme « Université de Paris » peut induire en erreur, en laissant entendre que l'établissement est l’unique successeur de l’ancienne université de Paris, démantelée après mai 68. Stéphane Braconnier fait valoir, au contraire, que « le nom “Université de Paris” appartient aux 13 universités parisiennes. »

Cette annulation a été mal accueillie par les membres de l’association réunissant les universités labellisées Idex (Udice). La décision porterait atteinte à leur visibilité sur le marché international, une visibilité qui serait bénéfique à l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur parisiens. 

Le casse-tête du maintien des examens en présentiel 

Le 2 janvier dernier, veille de la rentrée universitaire, le gouvernement a confirmé le maintien des examens en présentiel, une «  demande majoritaire des étudiants  » selon Frédérique Vidal. Ainsi, tout étudiant vacciné, même cas contact, a pu se rendre aux examens. Pour les cas positifs, une cession de rattrapage est obligatoirement prévue par les établissements. Cette décision répond aux revendications de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) et de l’Union nationale des étudiants en France (Unef). 

Les examens ont tout de même été maintenus en présentiel malgré les réticences - © Pixabay/Fruber
Les examens ont tout de même été maintenus en présentiel malgré les réticences - © Pixabay/Fruber

Cependant, celle-ci n’a pas fait l’unanimité auprès des associations et syndicats étudiants. La fédération de syndicats étudiants Solidaires a requis des examens en distanciel ou, à défaut, un décalage de la rentrée au 17 janvier afin d'éviter les contaminations dues à la période des fêtes.

D’autres associations comme Alternative ou l'Unef ont aussi appelé à un meilleur respect des règles sanitaires en présentiel, avec distribution gratuite de masques FFP2, et à l’application d’une jauge pour les examens en amphithéâtre. 

Certaines de ces demandes ont été prises en compte, par l’Université Lyon 1 par exemple qui a remis des masques aux étudiants. Toutefois, les tensions ne sont pas apaisées, du côté du corps enseignant notamment qui décrie la surcharge de travail imposée par les deuxièmes sessions d’examens, organisées courant février.  

Le rachat d’EU Business School par Omnes  

Le groupe privé Omnes Education (anciennement Inseec U) a annoncé début janvier l’achat de l’école de commerce et de management, EU Business School. Le montant de l’opération et la part du capital détenu par le groupe français restent néanmoins inconnus. 

Cet investissement permettra à Omnes Education de continuer son extension à l’international. Il prévoit en effet de se déployer en Allemagne, en Suisse et en Espagne. Un développement dans la lignée du projet 2021-2025 qui vise à la modernisation et à l’acquisition de campus en Europe et en Afrique, pour lequel le groupe prévoit un investissement sur fonds propres de 100 millions d’euros. 

Le rapport qui dissèque la gestion de crise dans le sup’  

Ce rapport est le premier à avoir été établi sur la gestion de crise par les établissements de l’ESR - © Vectors Point
Ce rapport est le premier à avoir été établi sur la gestion de crise par les établissements de l’ESR - © Vectors Point

Le 11 janvier a été publié le rapport «  Face au Covid-19  : les établissements d’enseignements supérieurs et de recherche face à la crise sanitaire  »

Pour établir cette étude, les chercheuses Stéphanie Mignot-Gérard de l'Université Paris-Créteil, Christine Musselin et Aline Waltzing du Centre de sociologie des organisations (Sciences Po/CNRS) ont disséqué le fonctionnement de cinq établissements (quatre universités et une école de commerce). De mai 2020 à septembre 2021, elles ont  suivi la réponse des établissements à la crise, mais également assisté aux réunions d’instances nationales et gouvernementales.

Cette riche analyse révèle que l’autonomie dont disposent les composantes dans les établissements permet des décisions rapides et parfois efficaces. Néanmoins, c’est également cette autonomie qui rend difficile l’application des décisions prises au niveau central. 

L'étude s’interroge par ailleurs sur ce qui perdurera des pratiques nées pendant la pandémie. La digitalisation des activités ne se généralisera pas, estiment les auteurs, à la différence de la gestion des équipes appelée à changer en profondeur avec la généralisation du télétravail. Surtout, elles pensent que la différenciation des profils d'établissements va s’accentuer. 

Un chiffre à retenir  : 68,3 %  

Les diplômés d’un bac+5 restent ceux qui accèdent le plus à l’emploi. - © AomAm
Les diplômés d’un bac+5 restent ceux qui accèdent le plus à l’emploi. - © AomAm

68,3 % : c’est la moyenne sur l’année 2020 des jeunes demeurant sans emploi, un à quatre ans après l’obtention de leur diplôme selon une étude de l’Insee, publiée le 6 janvier 2022. Ce chiffre a connu une hausse en raison de la crise de la Covid-19 qui a notamment impacté les secteurs du commerce et de l’hôtellerie.

Les diplômés de formation de santé, quant à eux, connaissent un taux d’emploi en hausse.