Les universités I-site, poids lourds de l’économie française selon une étude inédite
Une étude inédite menée auprès des six universités membres de l’Initiative révèle leur poids économique à l’échelle nationale. En 2024, leurs activités ont généré 3,96 milliards d’euros et soutenu plus de 83 000 emplois, notamment grâce aux dépenses étudiantes.
C’est une première en France : les six universités labellisées I-site (France 2030) membres du réseau l’Initiative ont mesuré leur impact économique pour l’année 2024. Résultat : 3,96 milliards d’euros d’activité, soit 0,13 % du PIB national.
Cette étude, pilotée dans le cadre du programme In Situ (Université Gustave Eiffel et CNRS), repose sur une méthodologie « transparente et reproductible », selon Yannick L’Horty, professeur d’économie et coauteur de l’étude avec Laetitia Challe. Les résultats ont été rendus publics le 12 novembre.
L’université, moteur économique local
Les six établissements concernés (Lille, Nantes, Clermont Auvergne, CY Cergy Paris, Gustave Eiffel et Pau) soutiennent ensemble 83 500 emplois. Un niveau comparable à celui de grands groupes industriels français comme Thales ou Sanofi, d’après Yannick L’Horty.
« Cela montre que nos universités sont un investissement à court terme, rentable, qui injecte une vraie activité économique dans les territoires », déclare Gilles Roussel, président de l’Université Gustave Eiffel, lors de la présentation de l’étude.
L’effet amplificateur des étudiants et de l’alternance
L’étude met en évidence un autre chiffre fort : les étudiants génèrent 72 % de l’impact économique total. Chaque tranche de 100 étudiants soutient en moyenne 15 emplois directs ou indirects.
Plus marquant encore : l’effet multiplicateur des étudiants alternants. « Leur impact économique est 4,4 fois supérieur à celui des étudiants classiques », souligne Yannick L’Horty. Grâce à leur salaire et à leurs dépenses, ils irriguent davantage les territoires.
Des chiffres parlants pour dialoguer avec les partenaires
Pour Mathias Bernard, président de l’Université Clermont Auvergne, cette étude « objective le fait que les universités sont des moteurs économiques du territoire ». Elle permet aussi d’élargir la discussion avec les collectivités territoriales, souvent peu impliquées dans le financement de l’enseignement supérieur.
« Réduire les moyens des universités, c’est affaiblir les territoires », alerte-t-il, en rappelant l’importance de ces établissements pour la cohésion sociale et économique, notamment en zones rurales ou dans les villes moyennes.
Une méthodologie prête à être partagée
L’ambition du groupement est désormais de diffuser cette méthode d’évaluation, pour créer une cartographie nationale de l’impact des universités. « Nous souhaitons rendre cette étude plus accessible et communicable auprès des réseaux d’influence », affirme Serge Defois, délégué général de l’Initiative. Une journée d’études est prévue début 2026 pour partager la démarche avec d’autres établissements intéressés.
L’idée d’un observatoire national de l’impact des universités est également sur la table. Il pourrait structurer et valoriser cette approche à l’échelle du pays.
Les points clés de la méthode
• Analyse des données internes de gestion pour 2024 provenant des six universités membres de l’Initiative ;
• Trois canaux principaux étudiés : les dépenses des étudiants (alternants ou non), les dépenses des personnels, les achats des établissements auprès de fournisseurs ;
• Mesure des effets directs, indirects et induits à partir d’une modélisation d’inspiration keynésienne ;
• Six études spécifiques et une synthèse nationale pour apprécier l’impact à l’échelle locale, départementale et nationale.