Numérique

A-DSI : « L’avenir de l’ESR numérique se fera par la mutualisation »

Par Isabelle Cormaty | Le | Équipements et systèmes d'informations

Travailler avec les DRH sur l’attractivité des métiers du numérique, outiller les DSI sur l’analyse des coûts et être « un facilitateur » pour prendre le virage du cloud. Tels sont les principaux chantiers de l’Assemblée des directeurs des systèmes d’information (A-DSI). Explications du bureau de l’association.

L’Assemblée des directeurs des systèmes d’information compte entre 85 et 90 adhérents. - © Gerd Altmann (Pixabay)
L’Assemblée des directeurs des systèmes d’information compte entre 85 et 90 adhérents. - © Gerd Altmann (Pixabay)

Elle réunit tous les directeurs des systèmes d’information et du numérique de l’ESR. Créée en 2012, l’Assemblée des directeurs des systèmes d’information (A-DSI) compte quelque 90 adhérents et dispose depuis mars 2018 d’un référentiel métier construit avec le ministère et les conférences d'établissements (France Universités et Cdefi). 

Centrée historiquement sur les DSI des établissements du supérieur, l’association s’est ouverte récemment aux organismes de recherche. Elle compte d’ailleurs depuis mai 2023 un représentant de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) dans son conseil d’administration, Michel Labadie.

Emmanuelle Hautin est directrice du numérique à l’Université de Strasbourg. - © D.R.
Emmanuelle Hautin est directrice du numérique à l’Université de Strasbourg. - © D.R.

« Même si leurs champs fonctionnels divergent, les DSI des universités ont des problématiques communes avec ceux des organismes de recherche, d’autant que les établissements de recherche se tournent davantage vers les outils mutualisés proposés par l’Agence de mutualisation des universités (Amue) aux universités  », pointe le DSI de l’IRD.

Emmanuelle Hautin, directrice du numérique à l’Université de Strasbourg et vice-présidente de l’A-DSI précise : «  Notre association a vocation à partager l’information, les problématiques, les expériences, les initiatives entre personnes faisant le même métier. Du fait du soutien croissant aux unités mixtes de recherche, nous sommes de plus en plus amenés à travailler sur le champ de la recherche. Nous avons beaucoup de sujets à partager avec les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) sur les infrastructures notamment.  »

Un chantier RH qui ne se limite pas aux salaires

Olivier Pagé est DSI de Centrale Méditerranée.  - © D.R.
Olivier Pagé est DSI de Centrale Méditerranée. - © D.R.

Les difficultés de recrutement figurent parmi les préoccupations premières des DSI. Un phénomène récurrent depuis plusieurs années et qui s’amplifie. 

«  Jusqu’à présent, nous avions des problèmes pour recruter. Mais aujourd’hui, nous avons aussi du mal à garder nos personnels. Ce mouvement de fuite ne se résume pas à une question financière, il y a aussi un sujet sur les promotions  », analyse Olivier Pagé, DSI de Centrale Méditerranée.

Une tension dans les services qui intervient alors que les DSI sont très sollicités pour moderniser les infrastructures numériques des établissements, comme l’explique Frédéric Pomies, président de l’association. «  Les gouvernances ont de fortes attentes sur la transformation digitale des établissements, mais pour la mettre en œuvre, il nous faut des personnes qualifiées, qui s’investissent dans la durée. Cela implique de savoir les faire venir et les retenir. Les politiques RH des établissements ne vont pas toujours dans ce sens…  », regrette celui qui est aussi DSI de l'Université de Bordeaux.

Un vadémécum avec l’association Sup’DRH

Frédéric Pomies est président de l’A-DSI. - © Université de Bordeaux
Frédéric Pomies est président de l’A-DSI. - © Université de Bordeaux

L’A-DSI a donc noué un partenariat avec l’association qui regroupe les DRH de l’ESR. «  Nous travaillons avec Sup’DRH à l’élaboration d’un vadémécum commun sur le périmètre de nos deux associations. L’idée est de recenser toutes les pistes qui nous permettraient d’améliorer l’attractivité des métiers du numérique, sans se centrer exclusivement sur la question de la rémunération, mais en abordant aussi le marketing des offres par exemple  », détaille Frédéric Pomies.

«  L’objectif de ce vadémécum est d’installer une relation partenariale entre les DSIN et les DRH pour que nos actions aillent dans le même sens  », ajoute le président de l’A-DSI.

Une crise des vocations pour le poste de DSI ?

« Les DSI n’ont pas le temps de se reposer mais cela reste un métier qui attire », assure Romuald Arnold, DSI de l'Université de Reims Champagne-Ardenne et vice-président de l’A-DSI.

Comme d’autres associations métiers du supérieur, l’A-DSI organise en partenariat avec l’Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (IH2EF) une formation pour les nouveaux DSI de l'écosystème. « Nous l’avons fait évoluer pour l’ouvrir aux DSI adjoints et chefs de service qui souhaitaient voir à quoi ressemble le métier de DSI et pourquoi pas postuler un jour à ce poste », poursuit-il.

Être un «  facilitateur  » auprès des institutions et des DSI

Romuald Arnold est DSI de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. - © D.R.
Romuald Arnold est DSI de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. - © D.R.

Assemblée reconnue à l'échelle nationale, l’A-DSI participe à de nombreux groupes de travail du ministère ou d’autres associations métiers de l’ESR. «  Nous sommes force de proposition auprès de la tutelle ou pour faire avancer les chantiers de l’Agence de mutualisation des universités et établissements ou de Renater  », présente Romuald Arnold.

Le DSI de Centrale Méditerranée, Olivier Pagé, complète : «  Beaucoup d’acteurs portent des initiatives sur le numérique, mais nous sommes aussi guidés par l’actualité du ministère et notre souhait d’articulation avec les thématiques travaillées au sein de France Universités.  »

Prendre le virage du cloud dans l’ESR

Une véritable transformation de nos métiers

L’association se positionne «  comme un facilitateur pour prendre le virage du cloud dans l’ESR  » selon les mots de son président, Frédéric Pomies. «  C’est une véritable transformation de nos métiers qui pose beaucoup de questions sur les modèles économiques associés, les RH, les compétences de nos établissements et l’évolution de nos infrastructures.  »

«  Plusieurs applications de gestion diffusées par l’Amue ou Cocktail sont déjà proposées dans ce mode. La mutualisation est dans l’ADN des DSI du supérieur. Nous avons beaucoup travaillé sur ce sujet dans le cadre du nouveau logiciel de scolarité Pégase et nous sommes tous convaincus que l’avenir de l’ESR numérique se fera par la mutualisation  », assure-t-il.

Outiller les DSI sur l’analyse des coûts

Espace de dialogue pour l’ensemble des DSI, l’association aide également ses membres dans leurs discussions avec leurs gouvernances sur l’analyse des coûts. «  Il est naturel de penser que le SI coûte trop cher. Nous avons construit une grille qui permet aux DSI de cataloguer et ventiler les principales dépenses afin d’estimer ce que représente par exemple le SI à l’échelle du budget de la direction. Cela permet aux collègues d’être outillés pour défendre leur budget et leurs besoins en postes  », détaille le président de l’A-DSI et DSI de l’Université de Bordeaux.

On nous demande de faire plus, avec moins de moyens

Comme tous les autres services des établissements, les DSI subissent des restrictions budgétaires en lien avec l’inflation. «  On nous demande de faire plus avec moins de moyens, résume Olivier Pagé. Nous sommes pris entre des injonctions contradictoires : tout en prônant la transformation numérique des établissements, les gouvernances appliquent aussi la règle de diminution des budgets de fonctionnement aux DSI.  »

Un séminaire sur la cybersécurité en novembre 2023

Temps fort de l’association, le prochain séminaire annuel de l’A-DSI se déroulera les 19 et 20 octobre à Lille. Il portera sur la cybersécurité sous le prisme de la gestion de crise. «  Nos organisations, sauf exception, sont peu structurées pour répondre à de telle situation  », constate Olivier Pagé.

La DSI de l’Université de Bordeaux ajoute : «  Pendant des années, l’enseignement supérieur était persuadé d’avoir de très bons ingénieurs réseaux et qu’il ne serait pas attaqué. Mais la situation a changé, et demain, cela sera peut-être notre tour… La vitesse de réaction est un paramètre important en cas d’attaques informatiques. La question des cyberattaques renvoie à la notion de résilience : comment sommes-nous équipés pour répondre à ces attaques  ? comment s’en relever  ? quelle structure pour gérer la crise  ?  »

Autre thème abordé lors du séminaire, celui de la sobriété numérique «  afin de voir où en sont concrètement les établissements sur ce sujet  », précise Olivier Pagé, le DSI de Centrale Méditerranée.

Le bureau de l’association  

Créée en 2008 sous un autre nom (l’ADRISI), l’A-DSI existe sous sa forme actuelle depuis 2012. Le bureau de l’association se compose de :

• président :  Frédéric Pomies, Université de Bordeaux ;
• vice-présidente :  Emmanuelle Hautin, Université de Strasbourg ;
• vice-président et vice-secrétaire : Romuald Arnold, Université de Reims Champagne-Ardenne ;
• trésorière : Marie-Laure Miniussi, Bordeaux INP ;
• vice-trésorier : Stuart McLellan, La Rochelle Université ;
• secrétaire : Olivier Pagé, Centrale Méditerranée.