Numérique

Digital learning : premier bilan à PSB, avec Héger Gabteni, directrice académique

Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie

Le séquençage des cours est un point crucial pour une scénarisation pédagogique réussie.
Héger Gabteni, directrice académique de PSB (Paris School of Business) revient pour Campus Matin sur ces dernières semaines de digital learning.

Rendez-vous demain mercredi 20 mai à 11 h pour un webinaire Campus Matin sur ce premier bilan du digital learning !

Héger Gabteni, directrice académique de PSB - © PSB
Héger Gabteni, directrice académique de PSB - © PSB

Quel retour avez-vous de vos étudiants ?

Nos étudiants sont dans leur grande majorité satisfaits des cours en distance learning qui ont permis à Paris School of Business d’assurer la continuité pédagogique dès le lundi 16 mars 2020. A ce jour 97 % des cours sont assurés en distance learning avec des taux d’assiduité relativement importants, à 89 %.

le campus, lieu des cours mais aussi lieu de vie

L’ensemble des activités initialement prévues en présentiel a été réorganisé afin de passer en mode distanciel. Ont ainsi eu lieu des cours de management, des master classes, des business games, des hackatons ou encore le forum entreprises.

Ce qui manque le plus aux étudiants, d’après le retour que nous en avons, c’est de se trouver sur le campus qui n’est pas seulement le lieu des cours mais aussi un lieu de vie. Ils recherchent avant tout de l’interaction, ce qui a été confirmé par leur implication dans les activités online qui nécessitent de travailler en équipe, de communiquer avec les camarades.

Quel est le retour des enseignants ? Leur perception du distance learning a-t-elle changé ?

Nous avions déjà en quelque sorte passé notre galop d’essai lors des grèves de décembre 2019 pendant lesquelles nos enseignements avaient basculé en distanciel. De plus, nous avons développé des cours en blended learning, ainsi nos enseignants ont développé une agilité vis-à-vis de ces outils.

Afin de permettre la continuité pédagogique, deux conditions impératives doivent être respectées : l’accompagnement fort à la fois des étudiants mais également des enseignants, à fortiori dans une période où les émotions sont à raison exacerbées.

Accompagnement humain, technologique et pédagogique

Cet accompagnement s’entend comme un accompagnement humain, technologique et pédagogique. Passer un cours conçu pour le présentiel en distanciel nécessite en quelque sorte de « réécrire l’histoire », de repenser sa scénarisation pédagogique et ce, dans l’intérêt de nos étudiants.

Donner un cours en visioconférence est un exercice demandant et particulier : il faut savoir occuper l’espace, adapter la séance pour retenir l’attention des élèves et avancer sans perdre l’attention du groupe. Pour accompagner les étudiants et les enseignants qui rencontreraient des difficultés, une cellule technique et un numéro dédié ont été mis en place.

Aujourd’hui, nos professeurs se sont adaptés à cette nouvelle modalité pédagogique mais ont néanmoins hâte de retrouver leurs étudiants sur le campus !

Le niveau de connaissance obtenu par les étudiants pendant cette période de distance learning est-il satisfaisant ?

En termes de transmission de connaissance, le distance learning a des points positifs

Pour répondre au mieux à cette question, il faudrait réaliser une étude et pouvoir comparer les résultats de nos étudiants en digital learning à ceux des étudiants en présentiel. Ce qui est certain, c’est qu’en termes de transmission de connaissance, le distance learning a des points positifs. En termes de flexibilité par exemple, nous disons souvent à nos étudiants de master qui sont en alternance que les entreprises ont besoin d’agilité, en la matière, la situation actuelle est formatrice.

Le distance learning incite également les étudiants à travailler un certain nombre de compétences qu’ils auront à déployer en entreprise et notamment le travail en équipe, l’organisation, la communication…autant de soft skills qui leur seront indispensables dans leur quotidien de managers.

Le distance learning comme toute modalité pédagogique nouvelle peut être adopté plus facilement par certains étudiants que par d’autres. Une partie de nos étudiants disent apprécier le fait de pouvoir se rencontrer virtuellement au sein de groupes de travail, d’autres goûtent la possibilité de se retrouver dans une salle de classe numérique totalement silencieuse…

Globalement, d’après notre expérience, le distance learning permet d’accomplir le même niveau de transmission qu’en présentiel. Cela dit, on ne peut pas dire que ça apporte autant : dans une salle de classe, il se passe plein de choses qui ne sont pas de l’ordre de la transmission.

Qu’a-t-il fallu ajuster en cours de route ?

Les premiers jours de télétravail ont été éreintants. Parfois, on oublie de respirer. Petit à petit, chacun a trouvé son rythme de croisière.

En visioconférence, le monologue n’est pas envisageable

Pour retenir l’attention des élèves, les enseignants ont appris à séquencer davantage leurs cours. La scénarisation pédagogique est indispensable car, en visioconférence, le monologue n’est pas envisageable. Nous avons organisé des formations pour expliquer, notamment, comment faire un brainstorming, un quizz en ligne pour savoir si une notion a été comprise, etc.

La durée d’une classe est restée la même, une heure trente, et c’est pourquoi il est d’autant plus important de faire travailler les étudiants en groupe, de recréer une dynamique de classe.

Quel(s) dispositif(s) avez-vous mis en place/ créé(s) dans l’urgence pour répondre aux problématiques ?

Plus d’une centaine de formations ont été organisées afin de permettre à nos enseignants de développer une agilité vis-à-vis de l’outil de distance learning. Une cellule technique a également été créée afin de solutionner leurs problématiques techniques immédiates en cas de besoin.

Il a également été important de très vite instaurer des moments de communication avec les étudiants, les enseignants, les collaborateurs afin de les informer au plus près de l’évolution de la situation et des ajustements à mettre en place conformément aux directives du MESRI.

S’il n’y a pas de retour à la case départ, quelles sont les évolutions prévisibles et/ou souhaitables ?

Approfondir encore les notions de séquençage de cours

La période de confinement que nous vivons actuellement nous amène à repenser certes nos pratiques pédagogiques mais également l’ensemble des événements que nous avions l’habitude de mettre en œuvre sur le campus. Certains d’entre eux ont de fait basculé en ligne et ont accueilli un franc succès car les personnes pouvaient plus aisément s’y connecter qu’elles n’auraient pu se déplacer. Ceci est notamment le cas du cycle de conférences autour de la crise sanitaire et de ses implications que nous avons lancé dans les premières semaines du confinement. Ont ainsi été traitées les implications du Covid-19 sur la société, l’économie, la communication, la santé, le tourisme entre autres…

Si le distance learning devait se généraliser et devenir la norme, il faudrait approfondir encore les notions de séquençage de cours déjà acquises et, pour cela, développer des outils qui se prêtent à l’interaction pédagogique.

Il faudra trouver d’autres activités pour relancer les cours ainsi que trouver le moyen de renforcer l’interactivité entre les étudiants.

Si vous deviez résumer ce bilan du distance learning en une phrase

Communication, collaboration, confiance.