Une plateforme pour mutualiser les usages de l’IA dans les universités

IA4sup n’est pas un réseau comme les autres. Plateforme de veille collaborative, elle favorise les réflexions entre différents acteurs des universités - enseignants, juristes, DSI, ingénieurs pédagogiques - intéressés par les évolutions liées à l’essor de l’intelligence artificielle.

Partager des connaissances autour de l’IA

L’idée de ce regroupement est née en 2022 à l’initiative de Christophe Batier, ingénieur technologie à l’Université Lyon 1. « Au début, je voulais comprendre ce que nous pouvions faire avec l’IA au sein de l’université, quels étaient les problèmes que ces technologies soulevaient d’un point de vue juridique, informatique et pédagogique. Même si j’ai une culture informatique et pédagogique, je me retrouvais un peu limité. Rapidement, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul à avoir cette réflexion », indique-t-il.

En quelques mois, Christophe Batier réunit une cinquantaine d’acteurs pour échanger sur les enjeux et les initiatives en matière d’intelligence artificielle. Face à cet engouement, il décide de “concrétiser cette matière avec un site sur Notion qui permet de créer des bases de données évolutives sur les outils IA et une autre sur les usages.”

C’est ainsi qu’est créé IA4Sup, une plateforme collaborative sur l’intelligence artificielle.

« Cet espace réunit différents acteurs des universités intéressés par l’IA pour mutualiser nos pratiques autour d’une communauté d’intérêt et de partage », précise le fondateur.

Depuis sa création, IA4sup met à la disposition de la communauté des outils et des usages de l’IA, une base de contributeurs autour des acteurs de l’IA, une base de données dédiée les événements avec des conférences et des webinaires autour de l’IA.

Outil de veille et d’échanges de bonnes pratiques

Olivier Wong-Hee-Kam, VP numérique à l’Université de Rennes et président du réseau VP-NUM, fait partie des premiers membres d’IA4Sup, qu’il considère comme « le premier espace horizontal et ouvert dédié à l’IA ». « Sur la plateforme, chaque membre peut suivre les évolutions en matière d’IA dans différents domaines, ce qui est essentiel dans un contexte d’avancée technologique permanente. Aujourd’hui, IA4Sup est mon canal d’information et de veille privilégié », estime-t-il.

Une vision que partage Christèle Gouy, ingénieur pour l’enseignement numérique à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne, qui a intégré le réseau IA4sup au démarrage du projet.

« En plus de la veille, le grand intérêt de cette plateforme, ce sont les échanges de pratiques et les réflexions que nous pouvons avoir sur les évolutions en cours ».

Concrètement, l’association organise chaque mois des webinaires sur différentes thématiques. Ces temps d’échanges permettent de faire un point d’actualité sur les évolutions en matière d’intelligence artificielle, mais aussi de présenter des tendances ou des cas pratiques.

Dans ce cadre, Christèle Gouy a ainsi présenté à la communauté « À la recherche de l’intelligence artificielle », un Mooc généraliste sur la sensibilisation à l’IA qu’elle a réalisé au sein de l’UJM. «  C’était intéressant de présenter mon travail à la communauté IA4Sup et partager avec eux cette ressource accessible librement pour tous avec la possibilité de s’en emparer au sein de leur établissement », précise l’ingénieure pour l’enseignement numérique.

Olivier Wong-Hee-Kam, lui, contribue à la communauté d’IA4sup en tant qu’enseignant et VP en charge du numérique. Il participe aux webinaires quand il a des informations à apporter. « J’y apporte des éléments stratégiques, sur les grandes orientations au sein des universités ».

Récemment, il a présenté le projet RAGaRenn qu’il a développé au sein de son université. « J’ai beaucoup échangé avec Christophe Batier sur l’intérêt de faire connaître cette expérimentation d’IA générative que nous avons lancée en 2024 pour co-construire un cadre d’usage de cette technologie avec l’ensemble de nos personnels. En faisant cette présentation, nous voulions ouvrir l’accès pour que d’autres établissements puissent l’expérimenter en sécurité et de manière efficace », présente-t-il.

Favoriser des rencontres avec des entreprises et des start-up

Au-delà de la veille et de l’échange de bonnes pratiques entre acteurs du sup, IA4sup propose également des rencontres avec des entreprises et des start-up, comme Challenge me qui propose un outil dédié à l’évaluation par l’IA.

« Les universités veulent pouvoir appréhender l’IA et trouver des solutions innovantes. Notre objectif est de connecter l’offre et la demande. Les universités qui ont mis en place des choses partagent avec les autres leurs actions pour discuter des solutions », indique Christophe Batier.

Des événements en présentiel pour approfondir la réflexion

Depuis 2025, l’association va plus loin et propose des rencontres en présentiel dans des universités. En juin dernier, l’Université de Montpellier a ainsi organisé une journée de rencontre pour les membres d’IA4Sup autour de l’évaluation à l’ère de l’IA.

« Aujourd’hui, des étudiants trichent sans se faire repérer, à travers des lunettes connectées ou des oreillettes. Il faut savoir que cela existe pour changer nos méthodes d’évaluation et faire en sorte que tous les étudiants soient à égalité », estime Christophe Batier.

L’université s’est aussi appuyée sur la communauté pour faire venir des intervenants renommés, comme Jacques Tardif, professeur émérite à l’université de Sherbrooke (Canada) et expert de l’approche par compétences.

Un deuxième événement en présentiel est prévu le 04/11/2025 à l’Université de Rennes pour évoquer les usages avancés de l’IA, à l’initiative d’Olivier Wong-Hee-Kam.

« Ces moments d’échange sont essentiels pour approfondir certains sujets. C’est aussi l’occasion d’avoir des intervenants extérieurs de qualité lors de conférences et d’avoir des ateliers sur des questions pratiques et récurrentes », dit-il.

Pour l’heure, IA4sup reste sur un modèle collaboratif et volontaire. « Nous n’avons pas besoin de structurer davantage notre organisation et d’avoir des salariés. Mais si un jour, cela devient trop compliqué à gérer, on réfléchira à se réorganiser », indique Christophe Batier.