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Le Mooc « Je suis tuteur » repensé pour une version plus pratique et immersive


Après sa création en 2021, le Mooc « Je suis tuteur de l’enseignement supérieur » a évolué pour mieux répondre aux tuteurs et futurs tuteurs. Plus pratique et interactif, la nouvelle version a été construite sous l’impulsion de l’Université Grenoble Alpes avec plusieurs universités partenaires. Un travail de longue haleine qui a duré un an et demi.

Le Mooc « Je suis tuteur de l’enseignement supérieur » a été créé en 2021. - © Canva
Le Mooc « Je suis tuteur de l’enseignement supérieur » a été créé en 2021. - © Canva

Créé en 2021, le Mooc « Je suis tuteur de l’enseignement supérieur » vise à soutenir la formation et la professionnalisation des tuteurs de l’enseignement supérieur.

« Ce projet est né à la suite de la loi LRU qui prévoyait le renforcement du tutorat. Il s’est aussi imposé naturellement après une période de confinement lié au Covid pendant laquelle le rôle des tuteurs s’est considérablement développé et en lien avec le développement des campus connectés », indique Patricia Gounon, cheffe de projet innovation pédagogique et campus connectés au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’espace.

Patricia Gounon est cheffe de projet innovation et campus connectés au ministère de l’Esre - © D.R.
Patricia Gounon est cheffe de projet innovation et campus connectés au ministère de l’Esre - © D.R.

Initialement administré par les universités de Paris-Est Créteil et de Strasbourg, le Mooc a été modifié en 2025 par l’équipe de l’Université Grenoble Alpes (UGA) qui en a repris le pilotage. Pour cette refonte, l’établissement a pris en compte les questionnaires de satisfaction des apprenants.

« Au début, nous pensions simplement procéder à un léger ajustement du contenu mais finalement nous avons fait évoluer la philosophie », estime Élodie Gully, ingénieure pédagogique, pilote du projet.

Un Mooc pratique et interactif

Aujourd’hui, le Mooc se veut plus pratique, opérationnel et interactif avec des jeux de cartes, des témoignages vidéos et un journal de bord qui permet de recenser ce que les apprenants retiennent de la formation. La formation en ligne laisse aussi davantage de place à des témoignages de tuteurs et de partage d’expériences. Scénarisée en cinq séquences, chacune propose un webinaire en lien avec la thématique abordée.

« Pour chaque webinaire, nous avons des intervenants experts de la formation au tutorat pour apporter des solutions concrètes. Des collègues de l’Institut français de l’éducation sont ainsi intervenus à deux reprises pour présenter la plateforme Neopassup qui accompagne la pédagogie dans le supérieur », précise Élodie Gully.

Pour mieux répondre aux besoins de formation, le Mooc propose dorénavant deux sessions par an : la première qui a commencé en septembre s’est terminée fin octobre. La deuxième session se tiendra en janvier 2026. Un calendrier qui permet de mieux coller à la période de recrutement des tuteurs au sein des universités.

Un Mooc en croissance

Pour cette nouvelle session, le Mooc a recensé 2600 inscrits et a délivré 306 badges, ce qui atteste que les apprenants sont allés au bout de la formation. Un chiffre en hausse considérable par rapport à la précédente session où seulement 60 badges avaient été demandés.

Comme le Mooc est présent sur la plateforme FUN, il est accessible à tous, sans contrainte. Aussi, le profil des apprenants est très divers. « Si ce sont en majorité des étudiants et des enseignants, il y a aussi des mentors associatifs, des professionnels d’entreprises qui sont tuteurs de stage ou d’apprentissage et des tuteurs de campus connectés. Il y a aussi une variété de nationalités dans les apprenants avec 80 à 90 pays différents. Le Mooc peut être suivi dans le monde entier », précise Patricia Gounon.

De nouveaux partenaires académiques

Pour cette refonte, l’Université Grenoble Alpes s’est lancée dans la recherche de nouveaux partenaires. « Nous avons construit le scénario global à l’UGA avant même d’identifier les partenaires de cette nouvelle version. Grâce à notre réseau, nous nous sommes ensuite rapprochés de plusieurs organismes pour travailler ensemble  », détaille Élodie Gully.

C’est ainsi que RITM BFC - un projet lauréat des Nouveaux cursus à l’université regroupant sept établissements d’ESR en Bourgogne-Franche-Comté - a été sollicité pour intégrer la conception du nouveau scénario du Mooc.

« L’objectif de RITM BFC est de favoriser et d’améliorer la réussite des étudiants. Le projet s’intéresse notamment à l’arrivée dans l’enseignement supérieur et le maintien de la motivation pendant les études. On travaille ainsi sur les différentes formes de tutorat (accueil des étudiants, pédagogie, accompagnement…). Le Mooc est une opportunité pour que notre expérimentation infuse au-delà de notre université », développe Jonathan Tessé, ingénieur pédagogique pour le projet RITM BFC.

Jonathan Tessé, ingénieur pédagogique du projet RITM BFC a participé à la scénarisation du Mooc. - © D.R.
Jonathan Tessé, ingénieur pédagogique du projet RITM BFC a participé à la scénarisation du Mooc. - © D.R.

Concrètement, avec son équipe, l’ingénieur pédagogique a créé de nouveaux contenus à partir de témoignages d’étudiants déjà engagés dans le tutorat, d’outils opérationnels issus du parcours « être étudiant ça s’apprend » du projet NCU pour les implémenter dans le Mooc.

« Nous avons construit un scénario de jeu immersif pour réinvestir des contenus déjà créés dans une petite scénette dans laquelle un joueur se met dans la peau du tuteur », indique-t-il.

Son équipe a également repéré des tuteurs et tutrices pour réaliser des vidéos bonnes pratiques.

« Pour cette partie, nous avons travaillé avec d’autres services des universités Bourgogne Europe et Marie et Louis Pasteur, notamment l’équipe audiovisuelle pour proposer dans le Mooc des contenus très visuels et graphiques », précise Jonathan Tessé.

D’autres universités ont aussi rejoint le projet pour animer des séquences de formation à l’image de Normandie Université. « Pour cette première édition, Normandie Université s’est saisie de la séquence sans la modifier pour découvrir la dynamique et rencontrer l’équipe. Pour les prochaines sessions, Normandie Université pourra apporter des modifications, si elle le souhaite. En revanche, il est nécessaire de respecter le scénario global et s’assurer qu’il n’y a pas de redondances avec les autres séquences du Mooc », indique Avril Treille, ingénieure pédagogique de l’Université Grenoble Alpes.

Un travail d’équipe à distance

Avril Treille, ingénieure pédagogique à l’UGA, en charge de l’animation du MOOC  - © D.R.
Avril Treille, ingénieure pédagogique à l’UGA, en charge de l’animation du MOOC - © D.R.

La refonte du Mooc a duré un an et demi. Pendant cette période, l’UGA a dû redéfinir les objectifs, rédiger le cahier des charges et le faire valider par la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip) du ministère, avant de constituer l’équipe et de lancer la production.

Un travail de longue haleine qui a un coût. La Dgesip verse la subvention de ce Mooc à l’UGA qui reverse les frais aux différents partenaires. Le travail de production a été réalisé avec les différentes équipes à distance.

« Nous avons présenté les grandes lignes du scénario à chaque partenaire qui a pu vérifier si le périmètre était le correct, pour éviter les doublons d’une séquence à l’autre. Nous nous sommes accordés en amont sur les types d’activité, le ton qu’on voulait avoir, etc. Ensuite chaque établissement est autonome sur sa partie, nous sommes tous des établissements d’enseignement supérieur avec nos compétences, donc on travaille en confiance  », estime Élodie Gully.

Elodie Gully, ingénieure pédagogique à la DAPI, UGA, pilote du projet MOOC - © D.R.
Elodie Gully, ingénieure pédagogique à la DAPI, UGA, pilote du projet MOOC - © D.R.

Il existe deux niveaux d’animation, chaque partenaire est responsable de la séquence qu’il anime. En parallèle, Avril Treille prend le rôle de community manager pour discuter sur les forums, répondre aux questions et alerter les animateurs de la séquence pour y répondre.

« Les apprenants sont très accompagnés. On leur envoie une newsletter chaque début de semaine pour leur annoncer ce qui les attend, et le vendredi, on envoie un récap de ce qui s’est passé pendant la semaine (webinaire, forums…) etc. », ajoute Avril Treille.

Si cette refonte fonctionne, l’équipe regrette de ne pas avoir pu travailler en direct avec des tuteurs étudiants. « Nous avons réalisé les tournages en juillet, à une période où les tuteurs ne sont plus sur les campus. Pour une future version, nous prendrons en compte la disponibilité des tuteurs pour les intégrer à la structuration des scénarios », prévoit Élodie Gully.