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Sophie Béjean : « Un engagement pour l’égalité dans l’ESR… mais encore une marge de progression »

Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la présidente de Afdesri, Sophie Béjean pose un regard sur l’avancement de l’égalité femmes-hommes dans l’ESR. Elle évoque également les liens à venir avec le nouveau réseau Femmes de l’éducation nationale et annonce la date de son prochain grand rendez-vous.

L’Afdesri organise des cycles de formation sur le leadership et le fonctionnement de l’ESR. - © Afdesri
L’Afdesri organise des cycles de formation sur le leadership et le fonctionnement de l’ESR. - © Afdesri

Présidente de l’Association pour les femmes dirigeantes de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation (Afdesri) et rectrice de l’académie de Montpellier ainsi que de la région académique Occitanie, Sophie Béjean revient pour Campus Matin sur les actualités du réseau.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’égalité femmes-hommes dans l’ESR ? 

Sophie Béjean : Je pense qu’on peut se satisfaire de l’engagement majeur de nos ministres. Le MESR a récemment obtenu le label diversité de l’Association française de normalisation qui est le reflet d’un processus d’engagement pour l’égalité professionnelle depuis plusieurs années. Cela se traduit également dans les établissements qui ont l’obligation de mener un plan d’action égalité femmes-hommes, mais aussi contre les violences sexuelles et sexistes (VSS) ou encore pour favoriser l’accès aux responsabilités des femmes.  

De manière générale, on observe une vraie évolution avec des référents égalité professionnelle qui sont parfois des vice-présidents. Cela montre un engagement fort des universités. Or, pour que cette cause avance, c’est bien le portage politique qui est clé. Je suis optimiste, car les choses bougent. 

Il y a encore une marge de progression

Mais il y a encore une marge de progression : sur l’accès aux promotions et l’articulation entre vies professionnelle et privée notamment. Dans des métiers où on ne compte pas les heures, il faut que cet équilibre soit possible, ce qui sera également accompli au bénéfice des hommes ! Il existe déjà des dispositifs très positifs comme les congés dédiés aux femmes en retour de congé maternité dans l’optique notamment de passer une habilitation à diriger des recherches. 

Quels sont les chantiers actuels pour l’Afdesri ? 

Nous poursuivons et avons enrichi notre programme d’activités destinées aux femmes. Le cycle de séminaires sur le fonctionnement de l’enseignement supérieur et la recherche se déroule depuis février jusqu’en juin et accueille une vingtaine de participantes. A été relancé également le cycle sur le leadership, les 2 et 3 mars, qui accompagne les souhaits d’évolution professionnelle vers des fonctions dirigeantes. Il se pare d’une deuxième session, sollicitée par les participantes des années précédentes, afin d’approfondir les thématiques de la prise de parole et de la communication avec la presse.  

Sophie Béjean est présidente de l’Afdesri. - © Jean-François Badias
Sophie Béjean est présidente de l’Afdesri. - © Jean-François Badias

Ces deux formations complémentaires sont déployées grâce à des intervenantes toutes bénévoles, dans le cadre d’un partenariat avec France Universités et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs. Elles sont mises en place avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.  

Nous avons également renouvelé l’expérience du mentorat : une dizaine de binômes a été créée entre une femme senior dans sa carrière et une deuxième souhaitant être accompagnée. Que ce soit parce qu’elle souhaite candidater à la présidence d’une université, qu’elle envisage une nouvelle prise de fonction ou un changement professionnel. Parfois, ce sont simplement des femmes qui souhaitent faire le point sur leur carrière. Dans tous les cas, les binômes se retrouvent pour plusieurs rendez-vous tout au long d’une année, en total anonymat et dans le respect d’une charte.  

Quels projets à venir ? 

Depuis l’an dernier, nous avons un projet d’observatoire européen femmes-hommes avec France Universités. Il doit nous amener à mieux faire connaitre les statistiques de l’égalité professionnelle, mais aussi mieux les enrichir par un regard plus qualitatif. Des témoignages viendront donner à voir des parcours, obstacles et accélérateurs de carrière. Il s’agit également d’avoir des comparaisons européennes pour faire connaître les bonnes pratiques des pays… 

Autre objectif à long terme : organiser des rencontres du réseau avec des associations européennes et internationales. 

Quels liens entretenez-vous avec le ministère et les autres associations ? 

Nous avons renouvelé notre convention avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2022. Nous entretenons une relation assez proche et sommes consultés sur plusieurs sujets, entre autres les VSS. D’ailleurs, la ministre, Sylvie Retailleau, a participé à notre séminaire annuel sur le thème du développement durable et est une ancienne fidèle de l’Afdesri.  

L’association fonctionne par ailleurs beaucoup en réseau avec d’autres : celui des Femmes de l’intérieur, Femmes et justice, 2GAP, etc. Partout, l’idée est la même, être plus fortes ensemble ! 

Le réseau Femmes de l’éducation nationale est lancé ce 8 mars, quel rapprochement avec l’Afdesri ? 

En être la marraine

Nous sommes sollicitées depuis plusieurs années par les femmes de l’éducation nationale à étendre notre champ au primaire et secondaire. Afin de garder les spécificités de chacune à part, nous avons préféré accompagner la création d’un autre réseau — en être la marraine en quelque sorte — tout en créant beaucoup de connexions avec ce dernier. En imaginant, pourquoi pas à l’avenir, être réunies sous une association ombrelle.  

De fait, les liens avec le réseau Femmes de l’éducation nationale seront resserrés, notamment parce que les rectrices et inspectrices générales d’académies pourront être adhérentes aux deux réseaux.  

Nous avons travaillé avec une trentaine de femmes à la création de ce réseau : des rectrices, secrétaires générales, directrices académiques des services de l’éducation nationale, directrices de cabinet, le réseau Canopé… Sont concernées par cette nouvelle association, les femmes dans des prises de responsabilités avec des niveaux d’encadrements assez variables. 

Le prochain événement à ne pas rater ? 

La deuxième édition des rencontres de l’Afdesri qui se déroulera le 30 juin à Paris ! La thématique n’est pas encore annoncée, mais nous pouvons d’ores et déjà dire qu’elle nous amènera à rencontrer le réseau des Femmes de l’éducation nationale.