Vie des campus

Sur le campus de l’Université Grenoble Alpes, la mobilité douce à pleins gaz

Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable

A l’Université Grenoble Alpes, la politique de déplacement sur le campus est un véritable enjeu : si l'établissement a réussi son pari de baisser drastiquement l’usage de la voiture, les transports en commun souffrent d’une trop grande saturation et les vélos, présents en nombre sur le site, peinent à s’imposer. Pour autant, l’université continue à miser sur des alternatives « vertes » et élargit son offre avec des véhicules électriques.

Campus Matin s’est rendu sur place pour mieux comprendre l’approche de l’UGA.

Augmenter l’usage du vélo est la priorité de l’UGA - © Marine Dessaux
Augmenter l’usage du vélo est la priorité de l’UGA - © Marine Dessaux

Une fois sur le campus à l’américaine de l’Université Grenoble Alpes (UGA), tout est à proximité : les différents établissements et facultés, les bibliothèques universitaires, les points de restaurations et même les lieux de détente (bar étudiant, locaux d’associations, etc.). Mais encore faut-il s’y rendre !

Pour bénéficier des transports en commun, l’UGA a dû se battre. Aujourd’hui encore, elle s’efforce de trouver des alternatives à la voiture pour les déplacements de ses étudiants et personnels.

Dans cette optique, développer l’usage du vélo est l’enjeu principal - quoique parfois délicat - auquel se livre l'établissement qui, en outre, étoffe  son offre en passant à l'électrique.

Des transports en commun plébiscités … mais saturés

Jean-François Vaillant, comme 23 % du personnel de l’UGA, se rend au travail à vélo - © D.R.
Jean-François Vaillant, comme 23 % du personnel de l’UGA, se rend au travail à vélo - © D.R.

« Obtenir une ligne de tram nécessite une négociation très politique. L’université n’étant pas considérée comme une collectivité à part entière, pour disposer de deux nouvelles lignes de tram en 2006, il a fallu qu’elle s’engage fortement avec des pratiques exemplaires », retrace Jean-François Vaillant, directeur de l’aménagement à l’Université Grenoble-Alpes (UGA).

Et c’est ce qu’elle a fait, en s’engageant à réduire la circulation automobile de 40 %. Aujourd’hui, la part de la voiture parmi les usagers est à 12 % et la capacité de stationnement a été réduite de 40 %. 65 000 m2 d’espaces nouveaux ont ainsi été libérés et, malgré cela, le taux moyen d’occupation des parkings n’a pas changé : ce sont les utilisateurs qui ont adapté leurs modes de déplacement. Ils ont privilégié les transports en commun d’abord, puis le vélo et la marche à pied.

Avec trois lignes de tram et six de bus, le campus verdoyant de l’UGA est bien plutôt bien desservi. Il souffre néanmoins de la saturation des transports aux heures de pointe. Un phénomène « moins visible cette année en raison du contexte sanitaire et de l’hybridation des enseignements », précise Jean-François Vaillant.

« Il faudrait pouvoir organiser les enseignements pour éviter les flux d’étudiants aux mêmes horaires mais cela impliquerait une gestion des salles compliquée, des déplacements d’enseignements complexes », regrette-t-il.

Remettre les étudiants en selle

Une petite évolution

Développer l’usage du vélo est néanmoins la priorité de l’université et ce, depuis le plan de mobilité 2018. La ville de Grenoble, très plate, se prête bien à son utilisation. Cependant, en raison du climat montagnard et des températures qui chutent en hiver, difficile de convaincre les cyclistes de ne pas préférer le confort des transports en commun.

« Jusqu’à maintenant le vélo progressait lentement, il correspond à 15 % des usages. Les comptages, effectués deux fois par an, montrent une petite évolution », dit Jean-François Vaillant.  

Ce mode de déplacement est privilégié par les personnels (23 % contre 12 % chez les étudiants), sûrement en raison de la « facilité à garer un vélo dans une maison ou un appartement contrairement à une résidence universitaire ou un studio » et parce que « les zones où habitent les étudiants sont plus desservies par les transports en commun ».

Une infrastructure cyclable importante

La capacité de stationnement est d’un peu plus de 4 000 places pour le vélo sur le campus. Malgré un chiffre d’occupation des arceaux pour les attacher en progression constante, la priorité n’est plus à la création d’infrastructures. Il s’agit désormais de procurer un certain confort aux usagers, notamment avec une couverture des espaces de stationnement sur le campus et dans les résidences universitaires.

« Les vélos circulent bien à l’université mais nous n’assistons pas à la vague à laquelle on pouvait s’attendre », explique celui qui est lui-même cycliste enthousiaste.

« L’objectif est de faire découvrir les bons côtés du vélo : tous ceux qui s’y sont mis ne font pas marche arrière ».

Privilégier le vélo d’occasion

Le vol peut aussi dissuader certains de sauter le pas.  « Avec un vélo d’occasion qui n’attire pas l’attention, je n’ai jamais eu de problème », tempère Jean-François Vaillant. Cela tombe bien : pour s’en procurer un, les étudiants n’ont pas à chercher bien loin !

Sur le campus, l’association Un p’tit vélo dans la tête offre la possibilité d’en construire un, à partir de pièces d’occasion. Moyennant une cotisation annuelle modique, les étudiants peuvent également faire réparer leur vélo gratuitement.

L’association à gestion collégiale, avec notamment des étudiants dans son conseil d’administration, bénéficie du local jusqu’en 2021. Par la suite, ce dernier devrait devenir une recyclerie de plus large envergure qui permettra de trouver des meubles à bas prix et qui accueillera l’épicerie solidaire de l’UGA.

VAE et trottinettes électriques viennent compléter l’offre

Grenoble et son université se mettent à l’électrique ! En effet, la métropole s’est dotée de 500 trottinettes électriques Tier Mobility et autant de vélos électriques Pony, l'été dernier. A l’UGA, ces nouveautés viennent également trouver leur place sur le campus en cette rentrée 2020.

Même si c’est la grande nouveauté, « Il faut bien comprendre que l’offre de VAE (vélos à assistance électrique) et trottinettes reste marginale dans notre politique de développement des mobilités douces », prévient toutefois Jean-François Vaillant.

Comment ça marche ?

Modes de mobilité douce en ‘free floating’

« Ces modes de mobilité douce sont en ‘free floating’*, c’est-à-dire qu’elles sont sans attache et ne dépendent pas d’arceaux disponibles pour être déposés. En revanche, il faut être à proximité de l’un des trente spots dédiés sur le campus pour verrouiller la location à l’aide d’un smartphone », explique Jean-François Vaillant.

Le casque n’est pas obligatoire mais les trottinettes vont bientôt en être équipées avec « une remise pour ceux qui décideront d’en prendre un ».  

Et le coût ?

Ces nouveaux modes de transports se paient selon deux formules, toujours dépendantes du temps d’utilisation : soit en forfait par minute avec un coût de décrochement (1€ pour décrocher puis 15 centimes la minute pour le VAE et 25 centimes pour le vélo cargo à deux places) ou par abonnement mensuel (moins de dix euros par mois) pour un nombre d’utilisations illimitées et un prix à la minute qui reste fixe.

« Toutes les offres ne sont pas encore développées », précise le directeur de l’aménagement. « Il y aura bientôt des paquets de minutes plus avantageux ainsi qu’une offre sociale et pour les entreprises ».

Un nouveau service qui était attendu

« Les chiffres que nous avons actuellement ne sont pas significatifs car l’offre vient d’être lancée mais je m’attends à des résultats exceptionnels », indique Jean-François Vaillant. « On voit des trottinettes partout ! »

Lors du passage de Campus Matin à Grenoble, nous avons vu quelques trottinettes circuler parmi les piétons et les cyclistes au cœur du campus. Malgré une trentaine de spots dédiés, il semble en manquer quelques-uns que l’université pourrait ajouter. « J’en ai identifiés quatre ou cinq manquants », confirme Jean-François Vaillant.

Attendu, ce mode de déplacement est avant tout « un complément de façon à avoir une offre la plus complète possible ».

Le risque serait-il qu’il prenne une part aux transports en commun et à la marche à pied, plutôt que de remplacer la voiture ?

« Peut-être, dans la mesure où les gens qui viennent à pied sont issus de périphérie non couvertes par les offres actuelles, mais je pense que cela reste marginal », rassure Jean-François Vaillant.

*En libre-service et sans station.