Le carnet de Campus Matin : 5 présidents d’université élus en avril 2025
Des reconductions mouvementées à la tête de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et de Paris 1 Panthéon Sorbonne, la présidente de l’Université Toulouse 3-Paul Sabatier poursuit sa mission avec l’établissement public expérimental Université de Toulouse… Campus Matin vous fait vivre les enjeux de l’enseignement supérieur au travers des parcours de présidents d’université qui ont été élus en avril 2025.

Laurent Gatineau, Odile Rauzy, Christine Neau-Leduc, Laurent Bordes, Hugues Daussy… Elles et ils ont été nouvellement élus ou réélus à la tête d’une université. Découvrez leur parcours et leurs nouvelles missions !
1. Laurent Gatineau, président de CY Cergy Université
Laurent Gatineau est élu président de CY Cergy Paris Université par les conseils d’établissement et de site, avec 47 voix, le 11 avril. Il était le seul candidat.
Plus de quinze ans à Cergy Pontoise

Titulaire d’un doctorat en géographie de l’Université Bordeaux 3 (aujourd’hui Université de Bordeaux), Laurent Gatineau intègre l’Université de Cergy Pontoise en 2009 comme maître de conférences. Il est élu directeur de l’UFR lettres et sciences humaines en juillet 2016.
En octobre 2020, il devient vice-président délégué à la politique d’établissement du nouvel établissement public expérimental, en charge notamment de la mise en œuvre de la politique d’établissement, du pilotage budgétaire et du suivi RH, ainsi que du dialogue de gestion avec les composantes.
Le 8 décembre 2022, il est élu à la tête de l’université, alors établissement public expérimental, après le départ de François Germinet pour le Secrétariat général pour l’investissement avant la fin de son mandat.
Dessiner la feuille de route du nouveau grand établissement
Le 17 février 2025, CY Cergy Paris Université est sorti de trois années d’expérimentation pour devenir un grand établissement. Il comprend trois établissements-composantes conservant leur personnalité morale : l’École pratique de service social, l’Institut libre d’éducation physique supérieur et l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation inclusive.
La feuille de route de Laurent Gatineau comprend la poursuite du développement de CY Transfer et des écoles spécialisées (ingénierie, design, gastronomie, sciences forensiques, transport). En outre, une fédération de recherche en santé sera lancée en 2025, avec pour ambition la création d’une faculté de médecine à court terme.
Face à un contexte budgétaire contraint, CY Cergy Paris Université veut aussi renforcer ses financements autonomes. Côté transition écologique, le plan de décarbonation lancé en 2025 se poursuivra avec un objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
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2. Odile Rauzy, présidente d’Université de Toulouse
Après de nombreuses péripéties pour structurer le site toulousain, l’établissement public expérimental (EPE) Université de Toulouse, structuré autour de l’Université Toulouse 3-Paul Sabatier (UT3), de l’École d’ingénieurs de Purpan comme établissement-composante, et associant d’autres établissements du site, a finalement vu le jour au 1er janvier 2025.
Cette création a entraîné l’élection de nouveaux représentants des personnels et des étudiants pour constituer ses conseils centraux. Odile Rauzy, auparavant présidente d’UT3, a ainsi été élue première présidente de l’établissement, le 7 avril, avec 27 voix en sa faveur. Son opposant, François Martin, obtient six voix.
Une professeure des universités et praticienne hospitalière

Odile Rauzy est professeure des universités-praticienne hospitalière en médecine interne. Avant d’être élue présidente d’UT3, elle était cheffe adjointe de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, Oncopole, et vice-doyenne de la faculté de santé de l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier.
Elle a porté le projet de transformation en EPE, qui devrait se voir transférer, à terme, les projets portés par la communauté d’universités et établissements (Comue) expérimentale de Toulouse.
Mener l’EPE vers le statut de grand établissement
L’objectif d’Odile Rauzy est « d’amener l’EPE à devenir, après son évaluation, un grand établissement de recherche et de formation pluridisciplinaire plus visible et plus attractif pour ses personnels, ses étudiantes et ses étudiants », indique l’établissement.
Ses autres priorités ?
- Libérer du temps aux enseignants-chercheurs et équipes pédagogiques en simplifiant les tâches administratives.
- Continuer les actions de prévention pour la santé mais aussi l’accompagnement dans les études et dans les projets professionnels.
- Participer à la réflexion nationale et du site toulousain concernant la menace pesant sur la science dans un contexte géopolitique tendu depuis la réélection de Donald Trump.
- Améliorer le pilotage et la capacité de l’établissement à développer de nouvelles ressources financières dans un contexte budgétaire tendu.
- L’ouverture sur le territoire et l’écosystème des entreprises est une priorité afin d’adapter les formations aux besoins et démontrer une capacité d’innovation et de positionnement à l’international.
- Mais aussi de multiples projets dont la formation aux défis de la transition écologique et à la démarche scientifique pour le grand public.
3. Christine Neau-Leduc, présidente de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Christine Neau-Leduc, présidente sortante de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est réélue au premier tour du conseil d’administration du 24 avril, avec 21 voix. Face à elle, Éric Marquer, professeur d’histoire de la philosophie moderne, obtient 10 voix et Jean-Marie Le Gall, professeur d’histoire, quatre voix.
Une spécialiste du droit privé qui a enseigné à Montpellier, puis Toulouse, avant de rejoindre la capitale

Titulaire d’un doctorat de droit privé de l’Université Paris Panthéon Assas (anciennement Paris 2 Panthéon Assas), Christine Neau-Leduc commence sa carrière en 1999 comme maîtresse de conférences à l’Université de Montpellier (anciennement Université Montpellier 1).
Elle obtient son habilitation à diriger des recherches en 2002 et est agrégée de droit privé en 2003, date à laquelle elle devient professeure des universités, d’abord à Toulouse Capitole en 2003-2005 (alors Toulouse 1), puis à l’Université de Montpellier de 2005 à 2012, et enfin Paris 1.
Entre 2016 et 2019, Christine Neau-Leduc est première VP chargée des affaires institutionnelles au conseil d’administration.
Une première réélection annulée par le tribunal administratif de Paris
L’élection de Christine Neau-Leduc met fin à la période d’administration provisoire assurée par Jean-Christophe Camart depuis le 1er janvier 2025 - le mandat de l’équipe conduite par Christine Neau-Leduc ayant pris fin le 31 décembre 2024. En effet, si le processus électoral a démarré le 19 novembre 2024 avec les élections en conseils centraux, les élections pour le collège étudiant ont été annulées par le tribunal administratif de Paris à la suite d’un recours.
Lors de la campagne, l’opposition et certains syndicats avaient critiqué la gestion budgétaire de la présidente sortante et nouvellement réélue. Les mesures d’économies prises par le rectorat de l’académie, qui a repris la main sur les finances de l’université et acté une coupe de plus de 13 millions d’euros, le 11 mars, ont aussi fait l’objet de tension.
En effet, le déficit de l’université est passé de 500 000 euros en 2022 à 4,2 millions d’euros en 2023, et était de 7,8 millions d’euros en 2024. « Conséquence de l’augmentation des coûts des fluides, des mesures Guerini, très partiellement compensées, et de la compensation du glissement vieillesse technicité », indiquait Christine Neau-Leduc, en octobre dernier lors de la conférence de presse de rentrée de l’université.
Par ailleurs, en enchaînant sur un second mandat, Christine Neau Leduc rompt la tradition de l’établissement dont la présidence tournait tous les quatre ans entre ses trois grandes familles disciplinaires.
4. Laurent Bordes, président de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
Laurent Bordes est réélu pour un second mandat de quatre ans à la présidence de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), par le conseil d’administration, le 17 avril. Il obtient 18 voix, contre 11 voix pour Stéphanie Dechézelles.
Un mathématicien passé par Bordeaux et Compiègne

Titulaire d’un doctorat de mathématiques de l’Université Bordeaux 1 (aujourd’hui Université de Bordeaux) en 1996, Laurent Bordes devient maître de conférences à l’Université technologique de Compiègne l’année suivante.
Il rejoint l’UPPA en 2006 lorsqu’il devient professeur des universités. Au sein de l’université, il est directeur du laboratoire de mathématiques et de leurs applications de Pau (unité mixte de recherche CNRS/UPPA) de 2008 à 2012, puis vice-président recherche en charge du système d’information de 2012 à 2016. Il occupe ensuite les fonctions de vice-président délégué au numérique de l’université entre 2016 et 2017.
À partir de 2018, et la réorganisation de l’université en trois collèges et deux IUT, il prend la direction du collège sciences et technologies pour l’énergie et l’environnement. Il est élu président pour un premier mandat à compter du 1er janvier 2021.
Une élection également retardée par le tribunal administratif
Lors des élections pour les conseils centraux des 25 et 26 novembre 2024, les listes UPPA 2028 soutenant Laurent Bordes avaient obtenu 13 sièges au conseil d’administration. Mais le scrutin au collège B (autres enseignants-chercheurs) avait été annulé par le tribunal administratif à la suite d’un recours. Jean-Michel Verdier avait alors été nommé administrateur provisoire à compter du 6 janvier. Lors l’élection partielle du 27 mars, la liste de Laurent Bordes avait obtenu trois sièges sur huit, soit deux de moins qu’initialement.
Ses chantiers seront, notamment :
- Poursuivre le travail entamé sur la qualité de vie et les conditions de travail, améliorer les dispositifs d’évolution et de suivi de carrière des personnels. « Une vigilance particulière sera accordée aux suites de l’audit réalisé au sein du collège sciences sociales et humanités en 2024. Nous serons ainsi attentifs à l’opérationnalisation des ajustements proposés, de même qu’à une évolution équitable des trois collèges. En interne, à travers un fonds d’amorçage, l’établissement accentuera sa politique d’accompagnement des projets structurants des collèges et de leurs composantes en particulier ceux qui s’inscrivent dans la stratégie de l’université », peut-on lire dans le programme UPPA 2028.
- Faire évoluer l’offre de formation dans le cadre « d’Assises de la formation ».
- Élargir les possibilités de collaboration en recherche.
- Déployer une fondation partenariale.
- Créer les bases d’une université européenne confédérale avec l’alliance Unita et mettre en place un diplôme universitaire international.
5. Hugues Daussy, président de l’Université Marie et Louis Pasteur
Hugues Daussy, vice-président recherche sortant, est élu président de l’Université Marie et Louis Pasteur, avec 24 voix, contre deux pour Laurent Larger, le 17 avril. Il succède à Macha Woronoff qui n’a pas souhaité se présenter après un mandat à la tête de l’Université de Franche-Comté, devenue Université Marie et Louis Pasteur le 1er janvier 2025.
Un ancien professeur agrégé d’histoire

Titulaire d’une agrégation en histoire moderne obtenue en 1996, Hugues Daussy commence sa carrière en tant que professeur agrégé dans un collège de Carpentras. Il rejoint l’Université de Montpellier Paul Valéry en 2000, date de l’obtention de son doctorat. Il est maître de conférences au Mans Université de 2001 à 2013. Il obtient son habilitation à diriger des recherches en 2011 et devient professeur des universités en histoire moderne à l’UFR science du langage, de l’homme et de la société en 2013.
Aboutir à la transformation en grand établissement à l’horizon 2029
« Notre but commun devra être d’aboutir à la validation de notre expérimentation, matérialisée par la transformation de l’Université Marie et Louis Pasteur en grand établissement à l’horizon 2029 », indique Hugues Daussy.
Il a par ailleurs précisé sa volonté de renforcer « la démocratie et la collégialité, en consultant régulièrement la communauté » et insiste sur « la dimension humaine » de son projet qui s’appuiera sur une politique ambitieuse en matière de qualité de vie à l’université.
Au profit des personnels comme des étudiants, « notre action s’inscrira dans le respect des valeurs fondamentales que nous voulons défendre, au premier rang desquelles figurent la liberté académique et la lutte contre toutes les discriminations, en particulier contre le racisme et l’antisémitisme ».
La désignation des vice-présidents aura lieu lors du conseil d’administration du 14 mai.
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Jean-Paul Pastorel, nouveau président de l’Université de Polynésie française
Jean-Paul Pastorel, vice-président du conseil d’administration sortant, est élu président de l’Université de Polynésie française le 14 avril, avec 28 voix sur 29. Seul candidat en lice, il succède à Patrick Capolsini.

Titulaire d’un doctorat en droit de l’Université Panthéon-Assas, Jean-Paul Pastorel débute en tant que chargé de cours à l’Université de Paris 8 (1981-1982) et à l’Université des Antilles (alors Centre universitaire Antilles Guyane, 1983-1984). Il devient ensuite maître de conférences à l’Université de Corse en 1988. Jean-Paul Pastorel devient professeur des universités à l’Université de la Polynésie française en 2007.
Il est élu vice-président du conseil d’administration en 2017 et réélu en 2021. En charge des relations internationales, il participe à la mise en œuvre du projet Excellences Nārua (« naviguer par les étoiles » en tahitien), afin de mettre en avant l’identité unique d’université multilingue au cœur de l’Océanie. Il est membre du laboratoire Gouvernance et développement insulaire.