Numérique

Pléiades : la transformation numérique en passant par la Lorraine

Par Isabelle Cormaty | Le | Pédagogie

Virtualisation des TP, e-portolio pour les étudiants ou encore échanges linguistiques à distance… Dans le cadre de son démonstrateur numérique intitulé Pléiades, l’Université de Lorraine s’attache depuis deux ans à transformer ses espaces d’apprentissage en incluant les étudiants. Un projet d’ampleur qui doit permettre à l’établissement de réaliser sa transformation numérique.

L’Université de Lorraine a organisé le 22 mars à Nancy un événement sur son projet Demoes. - © D.R.
L’Université de Lorraine a organisé le 22 mars à Nancy un événement sur son projet Demoes. - © D.R.

Tester, expérimenter, évaluer et essaimer le meilleur du numérique. Voilà le leitmotiv du Projet lorrain d’environnement numérique pour des apprentissages durables, dit Pléiades, lauréat en octobre 2021 de l’appel à manifestation d’intérêt Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur (Demoes).

D’une durée de quatre ans, le projet a été financé à hauteur de 5,25 millions d’euros par l’État. Deux ans après son lancement, l’Université de Lorraine a réuni près de 300 personnes le 22 mars à Nancy pour montrer ses premières réalisations et échanger sur ses perspectives. 

Accomplir sa transformation numérique avec Pléiades

« Ce projet a pour objectif de développer une approche globale de la transformation numérique pédagogique de l’université afin de rompre les distances sociales, disciplinaires et géographiques. Il doit accompagner la transformation numérique de l’Université de Lorraine. Une transformation qui doit passer par le tissage de liens en amont de l’université, mais aussi pendant tout le cursus des étudiants », présente Thierry Cachot, le responsable scientifique du projet Pléiades.

Thierry Cachot est responsable scientifique du projet Pléiades. - © Université de Lorraine
Thierry Cachot est responsable scientifique du projet Pléiades. - © Université de Lorraine

Il se décline en six programmes qui aboutiront tous à des livrables ou des ressources. Le premier sur les territoires a été construit en lien avec le Territoire numérique éducatif (TNE) des Vosges. Il a pour objectif de faciliter l’orientation vers le supérieur et renforcer la poursuite d’études grâce aux technologies immersives. 

« Dans les salons d’orientation et les lycées, nous allons déployer un jeu sérieux en 3D avec des parcours de découverte de la vie étudiante », indique-t-il.

Voici les autres thématiques des programmes de Pléiades :

  • Le programme trajectoires assure le suivi, la progression et l’évaluation des compétences des étudiants par l’usage d’un e-portfolio. 
  • Celui sur les environnements enrichit les modalités d’apprentissage par l’usage des environnements immersifs grâce à des technologies comme la réalité virtuelle ou augmentée. Il réalise aussi des visites de campus ou de plateforme de recherche difficiles d’accès pour des étudiants.
  • Les relations, qui dynamise l’apprentissage des langues par la mise en relation d’étudiants étrangers avec des étudiants de l’Université de Lorraine grâce au service e-tandem
  • Les espaces et virtualisations sur l’aménagement de salles flexibles mutualisées et travaille sur l’accessibilité des logiciels spécialisés grâce à la virtualisation des postes de travail.  
  • Et le programme services et simplification, auquel participe Esup Portail, propose aux personnels et étudiants de simplifier les services avec par exemple un espace collaboratif de stockage, un logiciel de captation et de diffusion des cours.

Les étudiants au cœur du projet

Jules Ferber est vice-président étudiant de l’Université de Lorraine. - © Université de Lorraine
Jules Ferber est vice-président étudiant de l’Université de Lorraine. - © Université de Lorraine

Une dizaine d’étudiants de l’université ont participé à Pléiades pour renseigner les porteurs de projet sur les usages et difficultés par les jeunes dans leur utilisation du numérique.

« Vouloir transformer la pédagogie par le numérique, c’est une bonne idée. Mettre les étudiants au centre de l’équation, c’est une idée encore meilleure idée », salue Jules Ferber, vice-président étudiant de l’Université de Lorraine. 

« C’était l’occasion de casser quelques préjugés sur le numérique : même si les étudiants sont nés avec des ordinateurs dans les mains, ils ont aussi des difficultés avec un logiciel non ergonomique », poursuit-il. Ce groupe de travail a identifié les services les plus utilisés et appréciés des étudiants : les cours en ligne, le dossier étudiant, l’emploi du temps, la messagerie, l’application mobile et l’annuaire. 

« L’idée est d’accentuer les efforts sur ce bouquet de services et de communiquer pour que tous les étudiants sachent que ces outils existent », insiste le vice-président étudiant.

Fournir des services aux étudiants

Elodie Thiebaut enseigne notamment la communication et la publication assistée par ordinateur à l’Université de Lorraine. - © D.R.
Elodie Thiebaut enseigne notamment la communication et la publication assistée par ordinateur à l’Université de Lorraine. - © D.R.

Parmi les autres services mis à disposition des étudiants, figure l’e-portfolio qui permet de stocker leurs différents projets. Pour Élodie Thibault, qui enseigne notamment la communication et la publication assistée par ordinateur à l’Université de Lorraine, « il est indispensable que les enseignants et intervenants extérieurs maîtrisent l’utilisation de ces outils pour accompagner les étudiants ».

« Les étudiants sont libres de concevoir leur e-portfolio comme ils le souhaitent. Cet e-portfolio est pérenne et les suit d’année en année. Certains étudiants l’utilisent pour postuler en master ou en stage », constate-t-elle.

La création de ressources par les étudiants

Il arrive aussi que les étudiants prennent directement part à la création de ressources, comme pour la virtualisation des travaux pratiques pour l’UFR de mathématiques informatique et mécanique. « En 2015, est née la volonté de créer des jumeaux numériques pour les TP sur la résistance des matériaux », se souvient le professeur des universités Sébastien Mercier qui a contribué au projet Pléiades.

Avec Demoes, l’objectif est de mobiliser une promotion de l’UFR par an pour créer une salle de TP virtuelle. « Les étudiants y passent énormément d’heures, nous bénéficions de leurs capacités à gérer l’univers de la 3D. Nous allons mettre les ressources créées à dispositions des étudiants en formations initiale et continue et des apprentis », détaille-t-il.

Un démonstrateur qui crée du lien en interne et en externe

Sébastien Mercier est professeur des universités à l’UFR de mathématiques informatique et mécanique. - © D.R.
Sébastien Mercier est professeur des universités à l’UFR de mathématiques informatique et mécanique. - © D.R.

Outre le fort investissement des étudiants, Sébastien Mercier met en lumière l’intérêt du projet pour tisser des liens en interne. « Cela fait travailler plusieurs filières sur plusieurs années, ce qui nous a permis de développer des contacts avec d’autres composantes et services de l’université », explique le professeur des universités en mécanique.

Le projet Demoes ne se limite pas au champ de l’enseignement. « La plupart des programmes font l’objet d’analyse et de mesures d’impact. Des laboratoires de l’Université de Lorraine s’intéressent aux usages et comportements réels, aux besoins et attentes des usagers et à l’acceptabilité des dispositifs », précise Thierry Cachot.

Des partenariats avec des entreprises edtechs et des établissements

« À l’extérieur de l’Université de Lorraine, nous faisons appel à des entreprises du numérique et à l’association EdTech France. Des établissements compagnons non lauréats de Demoes participent aussi à certaines actions », complète le responsable scientifique du projet Pléiades.

Un groupe de travail entre les établissements lauréats Demoes travaille d’ailleurs à des propositions pour faciliter la collaboration avec l’écosystème edtech. Pour aller plus loin dans l’essaimage, le Secrétariat général pour l’investissement a par ailleurs introduit en 2023 la notion de compagnonnage. Les 17 lauréats se sont donc associés à d’autres établissements non lauréats, du même site universitaire ou plus éloignés géographiquement. 

Concernant le service d’échanges linguistiques virtuels e-tandem par exemple, « une première version sera mise en service en septembre 2024. Cette application intéresse de nombreux établissements et l’Université de Lille nous suit de façon assidue sur ce programme », illustre Thierry Cachot.

Une vigilance particulière sur le numérique responsable

En février 2024, l’Université de Lorraine a adhéré à la charte du numérique responsable de l’Institut du numérique responsable. Ce principe ne figurait pas dans le cahier des charges du projet Pléiades, mais a été ajouté en cours de route. 

« L’empreinte numérique de l’Université de Lorraine représente près de 4 000 tonnes eq CO2 par an, soit 9 % des émissions globales liées aux achats de l’établissement, ce qui n’est pas à négliger », souligne Jean-Michel Vahl, directeur du numérique de l’université.

Cette dernière compte donc :  mettre en place une politique d’achat plus rigoureuse et tendre vers un PC par personnel de l’établissement maximum ; mesurer le taux d’utilisation des 9000 PC mis à disposition des étudiants ; augmenter la durée de vie des équipements et leur donner une seconde vie.