Quand la pédagogie fait sa pré-rentrée : des outils pour mieux accueillir la diversité des profils
Comme pour chaque pré-rentrée depuis 2017, l’école de management Igensia propose à ses formateurs des semaines dédiées à la pédagogie sur ses campus de Toulouse et Paris. Les enseignants peuvent ainsi acquérir des outils concrets pour construire leur cours, prendre en compte les enjeux climatiques et appréhender le fonctionnement du cerveau lors de l’apprentissage… Campus Matin a assisté à une séance sur la conception universelle de l’apprentissage, une approche qui permet d’inclure un maximum d’étudiants. Récit.

Lundi 1er septembre, alors que les écoliers font leur rentrée et que les étudiants se préparent pour leur pré-rentrée, les enseignants d’Igensia volontaires se forment en pédagogie. Ils apprennent à notamment élaborer leur syllabus, scénariser leurs cours, adapter les apprentissages de Maria Montessori aux 18-24 ans… Mais aussi à penser leurs cours pour qu’ils s’adaptent à tous.
Cynthia Eid, directrice de la pédagogie et de l’innovation du Groupe Igensia Education et responsable de Pédagogia, l’école interne de formation des formateurs, anime ce programme étalé sur une semaine au campus parisien d’Igensia.
« Les formateurs qui viennent ici le font dans un esprit de progression : nous ne sommes pas nés dans une marmite pédagogique, c’est pourquoi nous fournissons des outils », souligne-t-elle.
Un programme défini selon les attentes des enseignants
« À la fin de chaque formation, il y a une évaluation à chaud. Les sessions suivantes évoluent en fonction des retours et des besoins exprimés, expose Cynthia Eid qui est aussi enseignante. Depuis la loi pour l’égalité des droits et des chances de 2005, le sujet de la conception universelle de l’apprentissage (CUA) revient régulièrement. Nous avons tous, dans nos salles de classe, des publics hétérogènes. »
Après avoir demandé à la dizaine de formateurs présents ce que leur évoquait la CUA (inclusivité, ouverture…), Cynthia Eid explique l’origine de cette approche pédagogique, née dans les années 1990 aux États-Unis. « Elle a beaucoup été déployée au Canada, de la maternelle à la formation continue », indique Cynthia Eid qui a pu l’observer par elle-même, en tant que Canadienne.
C’est d’ailleurs outre-Atlantique, dans le Massachusetts, que se trouve l’organisme à but non lucratif dédié à la recherche et au développement dans le domaine de l’éducation dont elle tire ses outils : le Center for applied special technology (Cast).
Pedagogia, une école des métiers de la pédagogie
Fondée en 2017, l’école de formation bilingue Pédagogia est dédiée aux formateurs du Groupe Igensia Education. En plus de formations à la carte, elle propose deux certifications France compétences : expert en ingénierie pédagogique multimodale et consultant formateur. Pédagogia compte plus de 150 formations et a dépassé les 10 000 inscriptions à ses ateliers. En plus des sessions à Paris, une semaine de formation est proposée sur le campus toulousain d’Igensia, à la fin du mois d’août.
Anticiper la diversité
« Comment identifier les besoins spécifiques avant même de connaître les étudiants, quand on intervient en remplacement par exemple ? demande l’un des enseignants présents. Cela demande de passer du temps avec eux. »
C’est justement l’écueil que veut éviter la CUA, en mettant en place une didactique diversifiée accessible à tous les étudiants. « Il s’agit d’endosser une posture qui élimine ou réduit les obstacles en offrant des choix », explique la directrice de la pédagogie d’Igensia.
Les trois grandes lignes directrices consistent à offrir plusieurs moyens : d’engagement ; de représentation ; d’action et d’expression. Cela passe notamment par la façon de partager des documents (en privilégiant le numérique, en sous-titrant les vidéos, etc.) et par l’élargissement des modes de rendus des évaluations (écrit, vidéo, podcast, etc.).
Mettre les conseils en pratique dès la formation
La formation met en application la méthodologie de la CUA : après la théorie, c’est aux enseignants d’exposer ce qu’ils ont retenu d’une vidéo.
« Une première mise en situation ou en contexte permet de mettre les étudiants dans le bain et de les inciter à adhérer au projet », explique une participante. Une autre ajoute : « Le plan du cours doit être affiché tout au long de la séance pour aider les étudiants à attention basse à se repérer à tout moment, mais aussi pour sécuriser l’étudiant séquentiel, qui a besoin de structure. »

Place, ensuite, à une phase de pédagogie active, via une expérimentation collective guidée par l’éducateur. Le tout en tranches de 20 minutes. « Lorsqu’on utilise des démarches expérientielles et sensorielles, il faut demander aux apprenants comment ils vivent la séquence », rapporte une enseignante.
Enfin, vient le moment de l’intégration, via une restitution personnalisée des notions, mais aussi en faisant faire « des évaluations, vérifiant où il y a des lacunes et en adaptant son cours par la suite ». Partager une aide mémorielle est une bonne pratique, par exemple sous forme de carte mentale ou de liste de courses synthétique.
Après ce temps d’échange, les formateurs se sont penchés sur les mythes derrière la conception universelle de l’apprentissage « Oui, la préparation est plus longue mais on gagne du temps plus tard », cite notamment Cynthia Eid. Et finissent par un point sur les outils.
Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin : la directrice de la pédagogie conseille de compléter cette formation avec une deuxième en neurosciences, afin de mieux comprendre le mécanisme de l’attention et de la mémoire.
L’IA comme assistant de la conception universelle de l’apprentissage
« L’intelligence artificielle peut être utilisée pour intégrer les outils de conception universelle de l’apprentissage », souligne Cynthia Eid. EurekaCUA, par exemple, permet de scénariser des séquences pédagogiques selon les principes partagés lors de la formation.